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Grève du 5 décembre: les réponses aux (nombreuses) questions que vous vous posez peut-être

Pourquoi y a-t-il une grève? Comment se déplacer? À la veille de la journée de mobilisation contre la réforme des retraites, de nombreuses interrogations se bousculent.

La journée du 5 décembre, annoncée depuis de longues semaines, s'annonce fortement perturbée en raison d'un mouvement social. Ce jeudi donc se tient une grève interprofessionnelle, reconductible, afin de protester contre la réforme des retraites.

Ainsi, de nombreux secteurs sont concernés par la grève, entraînant notamment des difficultés se déplacer en transports en commun ou la nécessité de faire garder ses enfants si leur école n'est pas à même de les accueillir.

  • Pourquoi y a-t-il une grève?

Le mouvement social vise la réforme du système des retraites portée par le gouvernement Philippe. Il y a toutefois une particularité de taille: pour l'heure, les modalités précises de la réforme ne sont pas connues, seuls des contours ont été esquissés. Le gouvernement doit préciser sa feuille de route mi-décembre.

Selon les informations connues à ce jour, la réforme vise à remplacer les 42 régimes spéciaux actuels (des employés du secteur public, de la SNCF, la RATP notamment) par un système universel de retraite à points. Cette réforme se base notamment sur un rapport rédigé par le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, rendu à l'été 2019.

Ainsi, le montant des pensions dépendrait directement de la valeur du point, qui fait partie des données inconnues pour l'heure. Cette réforme ne devrait toutefois pas remettre en cause l'âge légal de départ, établi à 62 ans depuis 2010, mais la piste d'un "âge pivot" est explorée, qui pourrait se situer à 64 ans. Partir avant d'atteindre cet âge resterait possible mais la pension ne serait pas à taux plein.

Plusieurs travailleurs grévistes de diverses professions (enseignante, chaudronnier, infirmière, maîtresse de conférence...) se sont confiés à BFMTV.com pour expliquer pourquoi ils avaient décidé de faire grève.

  • Qui appelle à manifester?

Ce sont les syndicats de la RATP et de la SNCF qui ont lancé l'initiative en octobre. D'autres corps intermédiaires leur ont ensuite emboîté le pas avec un appel à la grève contre la réforme des retraites. Un large front syndical puisque presque tous les syndicats se sont prononcés en faveur de la grève. Les secteurs le plus concernés sont les transports, mais aussi l'éducation nationale, les hôpitaux, les policiers, les avocats ou encore EDF.

Au niveau politique, les partis de la gauche de l'échiquier appellent à l'unanimité à la grève. Ainsi, La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie - Les Verts et Génération-s sont sur un positionnement similaire.

À droite, Les Républicains n'appellent pas à faire grève mais s'opposent à la réforme. À l'extrême droite, Marine Le Pen, si elle ne manifestera pas elle-même, a appelé à manifester, rompant avec les habitudes du Rassemblement national.

Du côté des gilets jaunes, de nombreux appels à la grève émanent de pages Facebook. Plusieurs figures du mouvement, comme Éric Drouet, Maxime Nicolle ou Priscillia Ludosky et Jérôme Rodrigues, y sont également favorables et l'ont fait savoir dans une vidéo où ils appellent à se mobiliser.

  • Si je veux manifester, quels sont mes droits?

En France, le droit de grève est juridiquement considéré comme une liberté fondamentale. Ainsi, "aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire mentionnée à l'article L1132-1 en raison de l'exercice normal du droit de grève", dispose l'article L1132-2 du code du travail.

Pour un salarié du secteur privé, il n'y a pas besoin de déposer un préavis de grève, mais il faudra obligatoirement informer son employeur des raisons de son absence.

Pour une salarié du secteur public, un préavis doit en revanche obligatoirement être déposé, par une organisation syndicale, cinq jours avant le début de la grève. D'autres restrictions s'appliquent aux travailleurs exerçant dans un secteur comme l'hôpital, où un service minimum est requis.

Une retenue de salaire sera appliquée, à un salarié du privé comme du public.

  • Dans les transports, quelles sont les perturbations prévues?

Au vu de l'appel de nombreux syndicats, dans de multiples secteurs, la grève s'annonce très suivie ce 5 décembre. Ainsi, de nombreuses perturbations sont à prévoir, notamment dans le secteur des transports, et les déplacements risquent d'être compliqués.

À Paris, la RATP a annoncé que 11 lignes de métro seraient fermées jeudi. En moyenne, seul un bus sur trois circulera. 

En régions également, les transports en commun seront également largement ralentis. 

La SNCF a pour sa part annoncé que 90% du trafic est annulé jeudi sur son réseau. 

  • Comment faire pour me déplacer?

Pour les usagers des transports en commun dans l'impossibilité de prendre le métro ou le bus, plusieurs solutions sont proposées. Île-de-France Mobilités propose ainsi un service de covoiturage gratuit sur les plateformes BlaBlaLines, Covoit'ici, Karos, Klaxit et Ouihop. Il suffit pour les utilisateurs de s'inscrire sur une des plateformes ou sur le site Vianavigo. Toutefois, il faut souligner que les axes routiers risquent d'être fortement engorgés et que le covoiturage n'est pas forcément une bonne idée si l'on espère gagner du temps.

Les taxis et autres VTC pourront toujours vous emmener à bon port, mais les tarifs des VTC vont vraisemblablement flamber en raison de la forte demande, ce qui ne sera pas le cas des taxis, soumis à des tarifs réglementés. À noter: ces modes de transport risquent d'être pris d'assaut.

Les habitants qui tireront certainement le mieux leur épingle du jeu seront les détenteurs de vélos. À défaut de deux-roues, il est toujours possible d'opter pour la solution Vélib' ou autres vélos en free-floating comme ceux proposés par Uber. Encore une fois, ce mode de transport risque d'être victime de son succès, et dans Paris, une soixantaine de stations Velib' étaient fermées dès ce mercredi soir en prévision du lendemain.

Trottinettes, scooters et voitures en libre-service pourront aussi permettre de palier la quasi absence de transports en commun. De nombreuses offres promotionnelles sont proposées pour alléger la facture.

BFMTV et RMC ont également mis en place une plateforme pour proposer des trajets de covoiturage et s'entraider.

  • Est-ce que je peux faire du télétravail?

Si le télétravail est devenu plus simple à mettre en œuvre depuis la loi travail de 2017, il n'est toutefois pas automatiquement mis en place. 

Les salariés peuvent en faire la demande à leur employeur ou ce dernier peut leur proposer de son propre chef. Il ne peut néanmoins pas l'imposer. L'employeur peut également refuser d'accéder à cette demande, sa seule obligation étant de motiver sa décision.

  • Pourquoi est-ce que tout le monde parle de 1995?

L'hiver 1995 a été marqué par un important mouvement social, qui avait commencé, comme en 2019, le 5 décembre. 2 millions de personnes avaient défilé dans les rues, conduisant le gouvernement Juppé à courber l'échine quant à sa réforme des retraites.

Le sujet - les retraites - ainsi que la date et l'ampleur de la mobilisation ont conduit plusieurs commentateurs à établir un parallèle avec la contestation actuelle. Il est toutefois trop tôt pour prédire si, comme en 1995, le gouvernement Philippe reviendra sur sa volonté de réformer le système des retraites.

  • Est-ce que la grève va durer?

Par définition, il n'est pas possible de prévoir la durée d'une grève lorsque l'appel concerne une mobilisation reconductible, comme c'est le cas pour ce mouvement social.

Néanmoins, au vu des indicateurs connus à ce stade et des multiples appels à manifester, il est très probable que la mobilisation se poursuive au moins le vendredi 6 décembre. Au-delà, il n'est pas possible en l'état de s'avancer davantage.

Le mode d'action de la grève reconductible implique la tenue quotidienne d'une assemblée générale au cours de laquelle doit être votée la poursuite - ou non - du mouvement. 

Clarisse Martin