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Gouvernement

Budget, Mercosur, énergie... Les dossiers brûlants qui attendent Sébastien Lecornu à Matignon

Le nouveau Premier ministre Sebastien Lecornu à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, le 4 septembre 2025

Le nouveau Premier ministre Sebastien Lecornu à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, le 4 septembre 2025 - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Entre la trajectoire budgétaire de 2026 à boucler, la colère du monde agricole et la programmation pluriannuelle de l'énergie, le nouveau Premier ministre d'Emmanuel Macron va devoir se retrousser les manches et prendre, très vite, ses marques.

Quelques minutes à peine dans la cour de Matignon pour la passation de pouvoir avec François Bayrou ce mercredi puis direction ses nouveaux bureaux. Au pas de course. Nommé par Emmanuel Macron la veille, Sébastien Lecornu arrive avec de nombreux dossiers brûlants sur la table. Charge à lui de s'y plonger pour éviter une nouvelle crise politique, sociale ou agricole.

•Le budget 2026 à boucler

Tout en haut de la pile: le budget 2026. Le nouveau Premier ministre doit s'atteler à trouver une loi de finances pour l'État et la sécurité sociale dans un contexte de grande dégradation des deniers publics tout en évitant la censure des oppositions.

François Bayrou a certes préparé et transmis au Conseil d' État un texte budgétaire sur la base d'un effort de 44 milliards d'euros. Mais il devrait a priori être remanié en fonction des discussions qui vont s'ouvrir entre Matignon et les groupes à l'Assemblée nationale.

Taxe Zucman sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros pour plaire aux socialistes, maintien du coup de rabot sur l'aide médicale d'État (AME) déjà prévue par le prédécesseur de Sébastien Lecornu pour contenter le RN? Le Premier ministre va devoir trancher, le tout avec un calendrier très contraint.

Le budget doit en effet être déposé au plus tard le 7 octobre à l'Assemblée nationale, après avoir été soumis pour avis au Haut conseil des finances publiques et au Conseil d' État, le tout après avoir été présenté en Conseil des ministres. Le nouveau locataire de Matignon n'a cependant pas encore de gouvernement et il est probable que le ministre de l'Économie démissionnaire Éric Lombard ne soit pas reconduit à son poste.

Comme si cela ne suffisait pas, Sébastien Lecornu va devoir affronter ce vendredi le verdict de l'agence de notation Fitch qui pourrait dégrader la note de la France sur les marchés et ajouter encore un peu plus de pression sur le redressement des finances de l'Etat.

•Entre Mercosur et loi Duplomb, des agriculteurs à rassurer

Second sujet brûlant: l'agriculture. Après le succès de la pétition contre la loi Duplomb qui a récolté plus de 2,1 millions de signatures, l'Assemblée nationale va décider de l'examiner ou de la classer. Si le Palais-Bourbon donne son feu vert, un débat sans vote aura alors lieu, quelques semaines après la promulgation de ce texte très controversé.

En partie censurée par le Conseil constitutionnel, cette loi a suscité l'ire d'une partie des députés mais aussi du monde scientifique qui s'inquiète de ces incidences sur la santé. Déjà fragilisé politiquement dès son entrée en poste, le nouveau Premier ministre se serait probablement bien passé de ce motif de fracture avec la gauche dont il a absolument besoin pour faire passer le budget.

Sébastien Lecornu va également devoir monter au créneau sur la question de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur comme le Brésil, l'Argentine et la Colombie. Si la France n'a eu de cesse de s'y opposer, ce texte qui fait craindre aux agriculteurs une féroce concurrence avec des pays aux critères environnementaux qui n'ont rien à voir avec les standards européens, est entré en processus de ratification.

Le calendrier tombe d'autant plus mal que le monde agricole a été durement frappé cet été par les feux comme dans l'Aude. Et encore faut-il ajouter l'appel à la mobilisation de la FNSEA presque deux ans après de grandes manifestations d'agriculteurs en France et la réforme de la politique agricole commune (PAC) qui arrive bientôt au niveau européen. Le dossier des droits de douane qui ont explosé depuis le retour de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis a encore ajouté un étage à la colère du monde agricole, la filière viticole se trouvant victime de la mesure.

•En finir avec la programmation pluriannuelle de l'énergie

Ce texte aux allures très techniques doit permettre de sortir des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Pour ce faire, il doit entériner une relance massive du nucléaire et un développement très important des énergies renouvelables.

Problème: la programmation pluriannuelle de l'énergie crispe fortement les députés RN qui craignent une envolée des factures d'électricité des Français. Marine Le Pen en a fait à plusieurs reprises un motif de censure du Premier ministre. Le sujet est si sensible que la France a pris presque deux ans de retard sur le calendrier. Sébastien Lecornu mettra-t-il ce dossier parmi ses priorités?

Impossible de répondre pour l'instant. Sébastien Lecornu s'est tout juste contenté de promettre ce mercredi un changement de méthode et "des ruptures de fond" par rapport aux presque 9 mois de François Bayrou à la tête du gouvernement.

Marie-Pierre Bourgeois