Seulement 2min et 48s: une passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu sous le signe de l'"humilité"

Un air de service minimum. Pour sa toute première prise de parole en tant que Premier ministre, Sébastien Lecornu a préféré ne pas s'éterniser. L'ancien ministre des Armées ne s'est exprimé que deux petites minutes et 48 secondes dans la cour de Matignon lors de la passation de pouvoir avec François Bayrou.
"Je ne vais pas faire de grands discours", a ainsi expliqué en entrée de jeu cet intime d'Emmanuel Macron, jugeant que "l'instabilité commande l'humilité".
"On va y arriver"
"Il va falloir changer, être plus créatifs et sérieux dans la manière de travailler avec les oppositions. Il va aussi falloir des ruptures, et pas que sur la forme, pas que dans la méthode", mais "aussi sur le fond", a ensuite développé l'ancien ministre de la Défense. La petite phrase a des allures de piques après le fiasco du vote de confiance de lundi dernier, décidée sous l'impulsion de François Bayrou.
Le Premier ministre a ensuite conclu d'un simple "on va y arriver" puis a salué les ministres du gouvernement démissionnaire, échangé quelques mots avec les fonctionnaires des services de Matignon et enfin pénétré dans ses bureaux.
Un style tout en sobriété qui tranche par exemple avec celui de Gabriel Attal qui avait, en septembre dernier, parlé près d'une vingtaine de minutes, au point d'agacer son successeur Michel Barnier. Traditionnellement, les discours des nouveaux Premiers ministres sont travaillés, durent au moins une dizaine de minutes et donnent le ton des mois à venir, sauf exception comme lors de la passation de pouvoir glaciale entre François Fillon et Jean-Marc Ayrault qui n'avait parlé qu'une minute et 20 secondes.
En décembre dernier, dans la même cour, François Bayrou, tout fraîchement nommé, avait, lui, longuement évoqué "l'Himalaya" de l'endettement de l'État qui se tenait devant lui. Mais cette fois-ci, le désormais ex-Premier ministre, parfois capable de longues digressions, a lui aussi fait très court.
"Je ferai tout ce que je peux pour vous aider", lui a promis le centriste pour "bâtir un monde nouveau et le faire à partir de la réalité".
Faire simple en pleine mobilisation sociale
Les deux hommes ont-ils convenu d'être très simple en plein "ras-le-bol" de milliers de Français, descendus dans la rue à l'appel du mouvement "Bloquons tout" ce 10 septembre pour éviter de mettre de l'huile de feu? Peut-être bien.
Cet air de non-événement a également le mérite de montrer que Sébastien Lecornu est parfaitement conscient que la situation politique a tout d'un casse-tête et qu'il se sait sur un siège éjectable. La France insoumise a déjà annoncé le dépôt d'une motion de censure en l'absence de vote de confiance avant un automne budgétaire à très haut risque pour le nouveau Premier ministre.
Pour tenter des points d'accord avec les partis politiques, Sébastien Lecornu a indiqué qu'il allait recevoir dans les prochains jours leurs représentants et les partenaires sociaux. Pour l'instant, la gauche comme le Rassemblement national se montrent dubitatifs.
"C'est un Premier ministre qui mesure l'ampleur de la difficulté à rassembler", a jugé de son côté la porte-parole du gouvernement démissionnaire Sophie Primas au micro de BFMTV.