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Législatives: les anciens ministres de Hollande en difficulté

Le premier gouvernement de Manuel Valls, nommé en mars 2014

Le premier gouvernement de Manuel Valls, nommé en mars 2014 - ALAIN JOCARD / AFP

Coup dur pour le Parti socialiste. Alors que La République en marche devrait décrocher plus de 400 sièges de députés, de nombreux anciens ministres de François Hollande se sont vus éliminés dès le premier tour des législatives.

Marqué par une abstention record, le premier tour des élections législatives constitue aussi et surtout une claque historique pour le Parti socialiste, après cinq ans au pouvoir. Le parti, mené par Jean-Christophe Cambadélis, pourrait n'obtenir qu'entre 30 et 40 députés dans la nouvelle Assemblée, contre près de 300 lors de la dernière législature.

Une bérézina qui touche directement de nombreux anciens membres des gouvernements successifs sous François Hollande. D'importantes figures de la gauche ont en effet été directement éliminées dès dimanche soir, alors que peu de ministres socialistes retrouveront leur siège de député.

Eliminés dès le premier tour

L'ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, qui se présentait dans la 1ère circonscription de Moselle, n'a obtenu que 11,80% des suffrages, loin derrière le candidat de La République en marche (28%) et la candidate du Front national (18,30%). "C'est évidemment une grande déception mais c'est difficile de résister contre une vague", a-t-elle estimé dimanche soir sur France 2, regrettant que "la gauche n'assume plus ses valeurs de gauche".

Année difficile pour l'ancien ministre de l'Education nationale et candidat PS à l'élection présidentielle Benoît Hamon, qui n'a recueilli que 22,59% des voix dans la 11e circonscription des Yvelines, derrière la candidate La République en marche, Nadia Haï et le candidat Les Républicains, Jean-Michel Fourgous. Benoît Hamon a annoncé qu'il lancerait prochainement son mouvement pour "une gauche nouvelle, citoyenne, intellectuelle, sociale, écologiste et européenne".

La pilule est également amère pour l'ancien secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, qui a été battu dans la 3e circonscription de Meurthe-et-Moselle où il avait été élu en 2012. Avec 9,49% des suffrages, il arrive en troisième position derrière les candidats de La République en marche et de La France insoumise. 

Après avoir été éliminée dès le premier tour de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts, l'ancienne ministre du Logement Cécile Duflot, qui se présentait dans la 6e circonscription de Paris, a elle aussi perdu son mandat de députée en ne recueillant que 14,69% des voix. 

Ministre du Logement elle aussi, Emmanuelle Cosse a reconnu sur Facebook sa défaite. Candidate dans la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis, elle a appelé les électeurs à se mobiliser au second tour "pour défendre les valeurs de la gauche et de l'écologie", pour qu'elles ne soient pas "absentes de la représentation nationale".

Le député PS sortant de la 2e circonscription du Lot-et-Garonne, dernier ministre de l'Intérieur de François Hollande, Matthias Fekl a lui aussi subi une sévère défaite. Avec environ 17%, il a été désavoué et se place derrière le candidat de La République en marche, Alexandre Freschi, qui affrontera au deuxième tour la frontiste Hélène Laporte (20,38%).

Pascale Boistard, ex-secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées, ne dépassera pas non le premier tour du scrutin dans la 1e circonscription de la Somme où elle n'a enregistré que 7,06% des suffrages. En Seine-et-Marne, Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'État chargée de l'Aide aux victimes, connaît le même destin en ne recueillant que 8,31% des voix. 

Kader Arif, ancien secrétaire d'Etat aux anciens combattants, a été largement battu dans la 10e circonscription de Haute-Garonne avec 7,82% des voix, derrière les candidats FN, LR, La France insoumise et La République en marche. Quant à Ségolène Neuville, ancienne secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées, elle est arrivée troisième dans sa circonscription des Pyrénées-Orientales avec 15,7%, derrière LREM et le FN.

Secrétaire d'Etat à l'Industrie puis secrétaire d'Etat au Numérique et à l'Innovation, Christophe Sirugue était député sortant de la 5e circonscription de Saône-et-Loire. Il ne retrouvera pas non plus les bancs de l'Assemblée nationale, étant arrivé troisième avec 15,63% des suffrages derrière le candidat LREM (30,09%) et le candidat LR (19,66%).

Martine Pinville, ancienne secrétaire d'Etat au commerce, est également éliminée dès le premier tour dans la 1e circonscription de Charente où elle avait été élue dès le premier tour en 2012 avec 50,1% des voix. Même sort pour Clotilde Valter, ancienne secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat et à la Simplification, qui a totalisé 16% des voix dans la 3e circonscription du Calvados. Estelle Grelier, ancienne secrétaire d'Etat aux Collectivités territoriales, est également éliminée avec 16,99% des voix, dans la 9e circonscription de Seine-Maritime.

Enfin, l'ancien ministre délégué à la Ville, François Lamy, député sortant de la 6e circonscription de l'Essonne, se présentait dans la 1ère circonscription du Nord, à Lille. Avec 9,14 % des suffrages, il n'est pas parvenu à se qualifier pour le second tour, qui verra s'affronter Christophe Ittier (LREM) et Adrien Quatennens, candidat de La France insoumise.

En position délicate au second tour

Ils n'ont pas été éliminés mais vont devoir redoubler d'efforts pour convaincre les électeurs avant le second tour du 18 juin. Dans la 6e circonscription du Rhône, l'ancienne ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem s'est ainsi placée en deuxième position avec 16,54% des voix, derrière Bruno Bonnell, pour La République en marche (36,69%). "Rien n'est joué dans cette élection et je l'emporterai", a-t-elle assuré.

L'ancien Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas est également en position défavorable dans la 1ère circonscription du Finistère où il a recueilli 19,78% des suffrages, derrière la candidate La République en marche (38,21%).

Le combat sera difficile pour l'ancienne ministre du Travail. Myriam El Khomri est arrivée deuxième dans la 18e circonscription de Paris avec 20,23% des voix, derrière le candidat LR, Pierre-Yves Bournazel (31,76%). La République en Marche n'avait investi aucun candidat dans cette circonscription.

Pour Delphine Batho, ancienne ministre de l'Ecologie, l'écart avec son adversaire LREM est moins important dans la 2e circonscription des Deux-Sèvres. Elle a en effet recueilli 29,8% des voix, tandis que Christine Heintz a récolté 31,60% des suffrages.

En ballottage favorable

Quelques anciens ministres socialistes ont su tirer leur épingle du jeu et figurent en bonne posture pour remporter le scrutin dans leur circonscription. Avec 25,5% des voix contre 17,6% à son adversaire de La France Insoumise, l'ancien premier ministre Manuel Valls pourrait bien décrocher un quatrième mandat consécutif dans la 1e circonscription de l'Essonne. "Je suis nettement en tête", s'est-il félicité, estimant que "le choix est désormais clair".

Dans la 4e circonscription de la Sarthe, l'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll bénéficie également d'une confortable avance. L’ancien porte-parole du gouvernement a en effet obtenu 30,31% des voix, devant le candidat Les Républicains (22,15%). En 2012, Stéphane Le Foll avait été élu député de cette circonscription avec près de 60% des voix.

Ericka Bareigts, ancienne ministre de l’Outre-mer, et Barbara Pompili, ancienne secrétaire d’Etat à la biodiversité, ont enregistré d'excellents scores dans leur circonscription respective. Avec 44,01% des voix recueillies dans la 1ère circonscription de La Réunion, Ericka Bareigts devance largement son adversaire, le candidat Objectif Réunion qui a obtenu 21,79% des suffrages. Barbara Pompili est quant à elle arrivée largement en tête dans la 2e circonscription de la Somme, avec 40,7% des voix, loin devant le candidat de La France insoumise, qui a recueilli 16,10% des suffrages.

Un écart plus faible pour Marisol Touraine dans la 3e circonscription d'Indre-et-Loire. L’ancienne ministre de la Santé, avec 28,5% des voix, est arrivée avec une courte tête devant la candidate de l'UDI (20,02%). Idem pour l'ancienne ministre du Logement Sylvia Pinel. Candidate dans la 2e circonscription du Tarn-et-Garonne, elle a recueilli 26,93% des voix, devant le candidat FN (21,2%).

Sans candidat de La République en Marche face à elle, George Pau-Langevin est parvenue à se qualifier pour le second tour dans la 15e circonscription de Paris. Avec 24,13% des voix, l'ancienne ministre des Outre-mer a devancé son adversaire de La France insoumise (18,66%).

Le second tour sera beaucoup plus serré pour Annick Girardin, l'actuelle ministre de l'Outre-Mer et ancienne ministre de la Fonction publique. Elle est en effet arrivée ex æquo à Saint-Pierre-et-Miquelon avec Stéphane Lenormand du parti Archipel Demain, avec 41,59% des voix.

Mélanie Rostagnat