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Budget: François Hollande appelle François Bayrou à "chercher des compromis" pour "écarter le risque de la censure"

Le député socialiste et ancien président François Hollande à l'Assemblée nationale le 20 janvier 2025

Le député socialiste et ancien président François Hollande à l'Assemblée nationale le 20 janvier 2025 - Ludovic MARIN / AFP

S'il reconnaît que "la situation financière de notre pays est grave", l'ancien président critique largement les orientations budgétaires présentées par le Premier ministre, appelant ce dernier, dans un entretien au Monde, à "réviser profondément" sa copie pour "écarter le risque de la censure".

"Si le gouvernement veut écarter le risque de la censure, il doit réviser profondément ce budget". La mise en garde est signée François Hollande. L'ancien président de la République met la pression sur François Bayrou dans un entretien au Monde ce jeudi 17 juillet, au surlendemain des annonces budgétaires du Premier ministre, déjà largement vilipendées par les oppositions.

Face à la cure budgétaire de 43,8 milliards d'euros voulue par le gouvernement et certaines mesures très critiquées ("année blanche", suppression de jours fériés...), François Hollande appelle l'exécutif à "bouger et à chercher des compromis". Comment?

En consentant à "une augmentation de la fiscalité sur les hauts patrimoines, qu’il s’agisse du principe de la taxe Zucman ou du rétablissement d’un impôt modernisé sur la fortune", en revenant sur "certaines aides aux entreprises et notamment sur les exonérations de cotisations sociales", en protégeant "les revenus les plus faibles", ou encore en préservant "les aides aux collectivités locales", liste le député de Corrèze.

Pour l'instant, l'exécutif est loin du compte à ses yeux. François Hollande ne partage ni les explications de François Bayrou sur la situation des finances publiques, ni les solutions proposées.

Un plan "injuste et déséquilibré"

Ce dernier "a raison de dire que la situation financière de notre pays est grave. Elle peut même devenir désastreuse si rien n’est fait. Mais il a tort de prétendre qu’elle serait le fruit de l’inertie des gouvernements depuis quarante ans", considère-t-il, voyant là "le résultat de la politique menée depuis 2017" et la première élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République.

Par ailleurs, "le plan du Premier ministre est injuste et déséquilibré", selon l'ancien premier secrétaire du PS, qui explique:

"Injuste, parce que les sacrifices sont exclusivement adressés aux ménages, qu’il s’agisse des salariés, des assurés sociaux, des retraités, des familles, etc. Tous sont appelés à contribuer d’une façon ou d’une autre quand rien n’est demandé aux entreprises et aux hauts patrimoines."

Si François Hollande évoque le "risque de la censure", il déclare aussi: "Que je sache, la gauche n’est pas au pouvoir, les socialistes pas davantage. L’opposition ne peut pas se transformer en majorité, ou alors il faudrait une élection avant 2027, ce qui ne me paraît pas souhaitable."

"En tant que socialistes, notre rôle est d’infléchir significativement les orientations", du gouvernement estime-t-il.

Depuis la nomination de François Bayrou, François Hollande a refusé de joindre ses voix à la censure si le risque de renverser le gouvernement était réel. Lorsque le PS a présenté sa motion après l'échec du conclave sur les retraites, il avait rappelé au Parisien le 28 juin ne pas vouloir "ajouter de l'instabilité à l'immobilisme", étant "opposé à toute précipitation du calendrier électoral".

"Mais je comprends la démarche du groupe socialiste d'adresser un coup de semonce au gouvernement qui a manqué à son engagement de déposer un texte sur les retraites au lendemain du conclave. Donc, je voterai la motion de censure dès lors que le RN ne s'y associera pas", avait-il ajouté.

Baptiste Farge