Jours fériés supprimés, "année blanche"... Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget 2026

Le slogan de la conférence de presse, "le moment de vérité", donnait le ton. Entouré de cinq de ses ministres, François Bayrou a présenté ce mardi 15 juillet, à grand renfort de graphiques, les grandes orientations du budget 2026, visant 40 milliards d'euros d'économies, en plus d'augmenter le budget des armées. Un exercice d'équilibriste, pour ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024. Voici ce qu'il faut en retenir.
• Le surendettement, une "malédiction" qui "n'a pas d'issue"
En préambule de sa prise de parole, le Premier ministre a présenté une courbe du déficit en France, où cela fait "cinquante années que les dépenses dépassent chaque année les recettes". Actuellement, d'après le chef du gouvernement, la dette s'accroît dans le pays de "5.000 euros par seconde" pour s'établir actuellement à "plus de 3.300 milliards d'euros".
"Si vous êtes obligés d'emprunter non pas pour investir pour une maison ou pour un équipement mais pour payer les dépenses de tous les jours et que tous les mois votre mensualité augmente. Vous vous asphyxiez et ça s'appelle le surendettement. Et puis un jour on est rattrapés, on ne peut plus payer ce que l'on doit", a-t-il affirmé, décrivant le surendettement comme une "malédiction" qui "n'a pas d'issue".
• "Accentuer l'effort" sur le budget de l'armée
"La guerre est revenue et nous ne pouvons pas laisser notre continent désarmé", a estimé François Bayrou, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de 3,5 milliards d'euros en 2026 et de 3 milliards en 2027 pour le budget des armées.
"Nous aurions tous préféré des temps paisibles, mais ce sont les nôtres", a-t-il martelé, confirmant les annonces du président.
• Un plan "stop à la dette" sur cinq ans
Pour arrêter "l'augmentation de la dette sur 4 ans", le Premier ministre a lancé "un plan pluriannuel de retour à l'équilibre de la dette sur 5 ans. Ce plan a pour objectif de ramener le déficit à 5,4% en 2025, 4,6% en 2026, 4,1% en 2027, 3,4% en 2028 pour enfin atteindre 2,8% en 2029, soit "le seuil à partir duquel, dans un pays comme le nôtre, la dette n'augmente plus".
"Tout le monde devra participer à l'effort", a prévenu François Bayrou, assurant que le plan sera "supportable pour tous".
• Un gel budgétaire en 2026
C'était l'une des pistes envisagées: François Bayrou a confirmé un gel budgétaire, "une année blanche", pour repartir en 2026 sur des enveloppes similaires à 2025 pour les budgets de différents ministères, hors budget de la défense et charge de la dette.
"L'État se fixe comme première règle de ne pas dépenser davantage à l'euro près en 2026 qu'en 2025", a-t-il expliqué, prévoyant 43,8 milliards d'euros d'économie en 2026.
"Aucun département ministériel ne sera exempté. Tous les ministères seront solidaires de cet effort collectif", a-t-il déclaré, annonçant "3.000 postes" en moins dans la fonction publique en 2026, par le "non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite". Des "agences improductives" vont également être supprimées, avec "1.000 à 1.500 emplois supprimés".
"Les prestations sociales n'augmenteront plus", ainsi que les retraites. "La règle, c'est pas plus mais pas moins", a promis le Premier ministre. "Les barèmes de l'impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée seront eux aussi maintenus à leur niveau de cette année", a–t-il ajouté. Toutes ces mesures permettront d'économiser 7 milliards d'euros, selon le chef du gouvernement.
• Un effort de "5 milliards" d'euros d'économie sur la santé
"La santé ne peut pas être seulement un marché", a déclaré le Premier ministre, qui a également annoncé un "effort" sur les dépenses de la Sécurité sociale, qui augmentera de 10 milliards d'euros en 2026. François Bayrou souhaite les ramener à 5 milliards, dénonçant certaines "pratiques" médicales répétitives ou la consommation excessive de certains médicaments.
Dès 2026, les médicaments "sans lien avec l'affection déclarée" ne seront plus forcément remboursés "à 100%". Les arrêts maladie sont également dans le viseur du gouvernement, avec "50% d'arrêt de plus de 18 mois injustifiés". Il a aussi annoncé le doublement des plafonds des franchises médicales sur les médicaments.
• Plus de 5 milliards d'euros d'économies demandées aux collectivités
L'État va demander 5,3 milliards d'euros d'économies aux collectivités en 2026. Le dispositif de ponction des recettes fiscales des collectivités, qui s'élève à 1 milliard d'euros en 2025, sera "reconduit" pour le budget 2026, a annoncé le Premier ministre. Ces 5,3 milliards d'économies, "c'est 13% de l'effort global", a de son côté précisé François Rebsamen, ministre de l'Aménagement du territoire.
• La contribution pour les hauts revenus reconduite
La contribution pour les hauts revenus instaurée l'an dernier va être reconduite, avec une nouvelle "contribution de solidarité", définie avec "les missions compétentes des deux Assemblées".
"Cette contribution devra faire participer à l'effort national les plus hauts revenus", a déclaré François Bayrou.
Autre source d'augmentation de la dette: la fraude "sociale et fiscale". François Bayrou a donc annoncé un projet de loi à l'automne pour lutter contre "tous les types de fraude". Le Premier ministre veut également remplacer abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités pour frais professionnels par un "forfait annuel" qui pemettrait d'épargner les petites et moyennes retraites.
• Une "proposition" de supprimer deux jours fériés
Dans le deuxième volet de son plan, "en avant la production", François Bayrou a proposé de supprimer deux jours fériés pour que "toute la nation" travaille plus. Il a lancé l'idée - qui reste pour l'instant une "proposition" - "du lundi de Pâques et du 8-Mai". Ce qui permettra, selon lui, de rapporter "plusieurs milliards" d'euros à l'État.
Si cette proposition était appliquée, la France n'aurait plus que neuf jours fériés dans l'année, soit le plus petit nombre de l'UE, à égalité avec le Danemark, l'Irlande et les Pays-Bas.
Toujours sur le travail, François Bayrou a annoncé le lancement de deux négociations avec les partenaires sociaux sur "l'assurance chômage" et le "droit du travail", laissant entrevoir un nouveau durcissement des règles. Sur l'assurance chômage, il a souligné que "beaucoup d'analyses indiquent qu'elle porte une responsabilité dans son organisation actuelle". Quant au droit du travail, il veut "améliorer les conditions de travail pour tous, faciliter les recrutements (et) augmenter les offres de travail lorsque c'est possible".
Le Premier ministre a dit vouloir "lever les obstacles qui tiennent pour beaucoup les Français éloignés du travail". Il a aussi évoqué une "allocation sociale unifiée pour une solidarité plus lisible et qui donne toujours la priorité au travail".