BFM Business
Economie et Social

"Nous consommons 2 fois plus d'antibiotiques qu'en Allemagne": Bayrou annonce le doublement à 100 euros des plafonds des franchises

François Bayrou lors d'une conférence de presse le 15 juillet 2025 à Paris

François Bayrou lors d'une conférence de presse le 15 juillet 2025 à Paris - Photo par THOMAS SAMSON / AFP

Pour redresser les finances publiques de l'Etat, et notamment résorber le trou de la Sécu, le Premier ministre François Bayrou tient à responsabiliser davantage les patients quant aux coût des soins. Il a annoncé le doublement des plafonds des franchises médicales sur les médicaments.

François Bayrou n'a visiblement pas peur de se mettre les associations de patients à dos. Dans son très attendu et redouté plan de redressement des finances publiques, présenté ce mardi 15 juillet, le Premier ministre a partagé sa volonté de "responsabiliser les patients" sur le coût de la santé.

"Nous consommons en France deux fois plus d'antibiotiques qu'en Allemagne", a signalé le locataire de Matignon, laissant entendre un mésusage des médicaments par les Français par rapport à leurs voisins européens.

Afin d'enrayer cette tendance a priori consumériste, le chef du gouvernement compte piocher davantage dans le portefeuille des patients et donc moins rembourser les médicaments.

"Chaque fois que nous achetons une boîte de médicaments nous en payons une partie et la somme totale que nous déboursons, additionnée, est plafonnée à 50 euros par an. Nous pousserons ce plafond à 100 euros, ce qui signifie pour ceux qui consomment le plus de médicaments une dépense de l'ordre de 8 euros par mois".

Ce montant maximal que les patients pourraient être amenés à payer à l'année sur les médicaments correspond en fait aux franchises médicales. Il s'agit des sommes qui sont discrètement déduites par l'Assurance maladie des remboursements, les traitements étant généralement délivrés par les pharmacies sans avance de frais sur présentation de la carte vitale. A ce jour, 1 euro est en effet déduit automatiquement de la prise en charge d'un médicament, dans la limite de 50 euros par an.

De cette manière, François Bayrou s'inspire des propositions du patronat. La semaine dernière en effet, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a suggéré de doubler les franchises médicales dans le but de "sortir du tout gratuit" et "pour éviter les actes de confort".

Les franchises sur les consultations médicales aussi visées

Reste à savoir néanmoins si le doublement du plafond des franchises médicales se limite aux seuls médicaments. Car des franchises médicales sont aussi déduites des remboursements de consultations paramédicales chez les kinés et infirmiers et des trajets en transports sanitaires. Celles-ci s'élèvent respectivement à 1 et 4 euros dans limite de plafonds journaliers fixés à 4 et 8 euros. A noter que c'est le cumul de chacune de ces franchises qui sont actuellement plafonnées à 50 euros par an, plafond qui pourrait donc être doublé à 100 euros.

De même, des participations forfaitaires sont aussi discrètement déduites par la Sécu, sur le même modèle que les franchises, des remboursements de consultations chez un médecin et des examens de radiologie ou analyses de biologie médicales. Elles sont facturées 2 euros par consultation et examen et sont plafonées à 8 euros par jour. Comme les franchises, ces participations forfaitaires sont actuellement plafonnées à 50 euros par an. La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin a par ailleurs précisé que leur plafond annuel sera également doublé à 100 euros. "La notion du gratuit, du 'j'y ai droit', c'est mortifère !", a-t-elle martelé.

Serrage de vis pour les ALD

Et ce n'est pas tout. Le Premier ministre compte aussi sévir en matière de consommation des médicaments par les patients atteints d'affection longue durée (ALD), ce statut qui permet une meilleure prise en charge des soins par l'Assurance maladie.

"20% des Français sont en ALD contre 5% de la population allemande et je ne crois pas davantage que tout à l’heure que les Français sont en plus mauvaise santé que les Allemands", a-t-il comparé.

Considérant que "la santé ne peut pas être tout simplement un marché sur lequel les consommateurs sont sans frein et sans limites", le locataire de Matignon a annoncé "une réforme en profondeur de la prise en charge des ALD". Dès 2026 notamment, le chef du gouvernement espère sortir de la prise en charge par la Sécu à 100% des tarifs servant de base de remboursement, les médicaments qui ne sont pas directement en lien avec l'affection pour laquelle les patients sont déclarés en ALD.

Caroline Robin