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"Je propose que deux jours fériés soit supprimés": la fin du "lundi de Pâques" et du "8-mai" rapporterait entre 3,5 et 4 milliards d'euros par jour

François Bayrou lors d'une conférence de presse le 15 juillet 2025 à Paris

François Bayrou lors d'une conférence de presse le 15 juillet 2025 à Paris - Photo par THOMAS SAMSON / AFP

Dans le cadre de la présentation de ce plan d'économies, le Premier ministre François Bayrou propose de supprimer deux jours fériés, citant "par exemple" le "lundi de Pâques" et le "8-Mai".

Le Premier ministre François Bayrou propose de supprimer deux jours fériés, citant "par exemple" le "lundi de Pâques" et le "8-Mai".

"Il faut travailler plus, que toute la nation travaille plus pour produire et que la situation de la France s'en améliore, a déclaré le Premier ministre. Je propose que deux jours fériés soit supprimés dans l'année: je propose le lundi de Pâques et le 8  Mai. Je suis prêt à en accepter d'autres."

Pour François Bayrou, l'objectif est de "réconcilier notre pays avec le travail, avec l'épanouissement au travail."

"Il est devenu insupportable de voir toutes les entreprises artisanales, les commerces, les secteurs industriels mettre la clé sous la porte car ils ne trouvent plus les salariés motivés dont ils ont besoin, a-t-il commenté. Ce désanchetement est un ennemi public."

Avec onze jours fériés listés dans le Code du travail, dont le 1er janvier, le lundi de Pâques, le 1er mai, le 8 mai, le 14 juillet ou encore le 25 décembre, la France est bien lotie mais n'est pourtant pas la mieux disante, loin de là. La Slovaquie, avec 15 jours fériés, la devance, de même qu'une dizaine de pays européens, comme Malte, l'Espagne ou la Bulgarie par exemple.

Avec la suppression de deux jours fériés, comme le souhaite François Bayrou, la France n'en aurait plus que neuf, soit le plus petit nombre en Europe avec le Danemark, l'Irlande et les Pays-Bas.

"Ça va rapporter par jour 3,5 ou 4 milliards d'euros, explique Cristian de Boissieu, professeur émérite d'économie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Je suis méfiant par rapport à cette démarche. Le Premier ministre n'a pas cité le lundi de Pentecôte [...] mais on ne sait pas qui travaille, qui ne travaille pas et du coup ça rapporte beaucoup moins que prévu."

"Ce débat sur les jours fériés dans une perspective de long terme ça me parait moins important que l'âge de la retraite", estime l'économiste.

La France avait déjà tenté cette voie de "suppression d'un jour férié" avec la création d'une journée de solidarité après la crise sanitaire de la canicule de 2003.

Si aujourd'hui cette journée de solidarité n'existe plus, elle s'est transformée en contribution de solidarité pour l’autonomie (CSA). Cette CSA se matérialise par une participation des employeurs à hauteur de 0,3% de leur masse salariale.

Selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), cette journée de solidarité rapportait en 2018 environ 3 milliards d’euros par an pour un total de 36 milliards d’euros depuis sa mise en place en 2004.

Matthieu Heyman