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Démission de Kader Arif: l'entretien avec Hollande a été très tendu

Kader Arif, a démissionné du gouvernement, il est cité dans une enquête pour favoritisme.

Kader Arif, a démissionné du gouvernement, il est cité dans une enquête pour favoritisme. - Thomas Samson - AFP

La liste des ministres limogés ou démissionnaires depuis le début du quinquennat de François Hollande s'est encore allongée vendredi avec le départ du secrétaire d'État aux Anciens combattants Kader Arif, soupçonné de favoritisme dans un dossier d'attribution de marchés publics.

Kader Arif a présenté sa démission à François Hollande qui l'a acceptée, a annoncé l'Elysée ce vendredi. Kader Arif était le Secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire. Sa démission intervient alors que son nom est cité dans une enquête préliminaire menée par le parquet financier. 

Selon un communiqué de l'Elysée, François Hollande "a remercié" Kader Arif pour son "action accomplie au service du monde combattant depuis plus de deux ans".

Mais d'après une source bien informée, l'entretien avec le chef de l'Etat s'est "très mal passé". Kader Arif aurait reproché au président de "protéger ses amis", en évoquant le secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, englué dans des déclarations contradictoires mettant en cause l'ancien Premier ministre François Fillon. Dans un communiqué, Kader Arif dit avoir démissionné "par respect pour la fonction ministérielle". Il est remplacé par Jean-Marc Todeschini, sénateur de la Moselle.

Perquisition au ministère

L'enquête dans laquelle son nom est cité a été ouverte à Toulouse en septembre. Elle
a pour but de vérifier si deux sociétés successives d'organisation de spectacles, dirigées notamment par son frère puis par ses neveux, ont pu bénéficier de favoritisme pour remporter deux marchés pluriannuels. Spécialisées dans la sonorisation et l'éclairage d'événements publics, ces sociétés auraient engrangé depuis 2008 plusieurs millions d'euros de contrat avec la Région.

Une perquisition a été menée le 6 novembre dernier la sous-direction des achats du ministère de la Défense. L'enquête avait été déclenchée par un signalement d'élus de l'opposition de droite du Conseil régional. Ils dénonçaient "des anomalies dans les relations contractuelles existant entre la Région et certaines sociétés".

Le président socialiste de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, avait démenti vigoureusement ces mises en cause par l'opposition de droite. Figure importante du PS en Midi-Pyrénées, Kader Arif avait dénoncé à l'automne des "amalgames et des insinuations". 

En ouvrant l'enquête en septembre, le parquet appelait à la prudence: "On est dans une dénonciation circonstanciée de certains faits. J'ai le devoir de vérifier ce qu'il en est", avait souligné Michel Valet le procureur de la République.

Ministre discret, fidèle d'Hollande

L'ancien ministre est membre du gouvernement depuis l'arrivée de François Hollande à l'Elysée dont il est un de ses fidèles. Kader Arif a accompagné le chef de l'Etat tout au long de sa conquête du pouvoir, de son départ de la tête du PS en 2008, jusqu'à l'Elysée en 2012. Entré au Parti socialiste en 1986, il a grimpé tous les échelons à Toulouse pour devenir un poids lourd politique de la région. Il a dirigé la fédération socialiste de la Haute-Garonne, une des plus grosses de France, de 1999 à fin 2008. Secrétaire national aux fédérations, il est numéro 3 du PS en 2005. Kader Arif avait fait partie des rares socialistes à plaider en faveur d'une candidature de Lionel Jospin à l'élection présidentielle de 2007. 

Ministre discret, il est décrit comme travailleur, souriant et accessible. Il s'était toutefois fait remarquer début 2013 en annonçant de façon prématurée la libération de sept otages enlevés au Cameroun lors d'une séance à l'Assemblée nationale.

Né en 1959 à Alger, fils de harki ouvriers, il est arrivé tout petit dans la région toulousaine, avec ses parents restés fidèles à la France au moment de l'indépendance de l'Algérie. 

C. B avec AFP