Ministres reconduits et petits nouveaux: qui pour intégrer le futur gouvernement de Sébastien Lecornu?

Sébastien Lecornu, le 17 juin 2025. - BERTRAND GUAY / AFP
La fumée blanche finira bien par sortir... un jour. Sébastien Lecornu a beau avoir largement pulvérisé le record de Michel Barnier pour nommer ses ministres, le dénouement approche. Son prédécesseur avait attendu 16 jours pour annoncer son équipe contre désormais 23 jours pour le nouveau locataire de Matignon.
"C'est très très long, c'est épuisant nerveusement", reconnaît un conseiller ministériel, impatient de savoir si le ministre pour lequel il travaille va finalement être reconduit une fois les derniers arbitrages rendus.
Un gouvernement très probablement ce week-end
L'horloge tourne. Le Premier ministre doit prononcer en début de semaine prochaine sa déclaration de politique générale pour laquelle il a besoin d'avoir un casting gouvernemental à ses côtés sur les bancs de l'hémicycle.
Sébastien Lecornu doit également présenter le budget de la sécurité sociale et de l'État devant le Conseil des ministres avant le 7 octobre, jour où le chef du gouvernement le déposera à l'Assemblée. Bref, l'annonce de sa nouvelle équipe est imminente. Encore faut-il qu'Emmanuel Macron soit présent.
La Constitution précise en effet que c'est bien le président qui "nomme" les ministres "sur proposition du Premier ministre". La fenêtre de tir est étroite. Le chef de l'État est actuellement au Danemark pour un Conseil européen avant de passer quelques heures à Paris jeudi soir puis de se rendre au Luxembourg ce vendredi pour l'avènement au trône du Grand Duc. La fenêtre du week-end semble donc la plus probable.
Bruno Retailleau et Gérald Darmanin quasi assurés de rester
Une fois le calendrier posé, reste surtout à composer le gouvernement. Sauf énorme surprise, plusieurs poids-lourds sont assurés de rester, à commencer par Gérald Darmanin qui a publiquement indiqué son souhait de rester garde des Sceaux. Même chose pour le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Le locataire de la place Beauvau a beau avoir expliqué sur BFMTV que son maintien n'était pas "automatique", pas grand-monde ne croit à son départ.
"Vous le voyez partir maintenant et emmener avec lui hors du gouvernement ses collègues? Bien sûr que non. Il a plaidé pour le maintien de François Bayrou, ce n'est pas pour ne plus être ministre trois semaines plus tard", avance un député macroniste.
Son départ semble d'autant plus improbable que Sébastien Lecornu a bien besoin des 50 députés du groupe dirigé par Laurent Wauquiez pour espérer faire passer son budget à l'Assemblée nationale. Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a également toutes les chances de rester dans un contexte international particulièrement compliqué.
La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne pourrait également jouer les prolongations au sein d'un ministère qui a connu pas de moins 6 patrons en 3 ans. Sa collègue Rachida Dati à la Culture devrait également rester rue de Valois.
Autant dire que "les ruptures" promises par Sébastien Lecornu sur "le fond" et sur "la forme" lors de sa passation de pouvoir avec François Bayrou devraient sembler assez faibles.
Des petits nouveaux?
Reste cependant à trouver un successeur au nouveau Premier ministre qui a quitté les Armées pour Matignon. Dans les starting-blocks, on trouve Jean-Louis Thériot, très éphémère numéro deux à la Défense pendant quelques mois sous Michel Barnier et Catherine Vautrin, actuellement à la tête du portefeuille XXL de la Santé et des Solidarités.
Certains glissent également le nom du sénateur socialiste Rachid Temal qui a notamment eu l'occasion d'apprendre à travailler avec Sébastien Lecornu à la commission des Affaires étrangères de la chambre haute.
Il faut aussi trouver de nouvelles têtes de proue pour Bercy. C'est bien le budget concocté par le ministre de l'Économie Éric Lombard et sa collègue au Budget Amélie de Montchalin qui a provoqué la chute de François Bayrou début septembre.
"Si à la fin, on a un budget et un gouvernement qui tient..."
Parmi les noms qui reviennent sur la table, on trouve notamment celui de Roland Lescure. L'ex-ministre en charge de l'Industrie entre 2022 et 2024 retournera-t-il aux Finances? Il a en tout cas renoncé à postuler pour rester vice-président de l'Assemblée nationale cette semaine.
"Ça ne fait pas franchement rêver mais si à la fin, on a un budget et un gouvernement qui tient, ce sera déjà pas mal", reconnaît un élu Renaissance.
Au milieu de ce méli-mélo d'ambitions, il faut en plus parvenir à satisfaire un certain équilibre politique. Contenter les troupes d'Édouard Philippe, très peu nombreuses sous François Bayrou, donner des gages au Modem, ne pas se fâcher avec Renaissance... La recette s'annonce subtile, d'autant plus que certains députés frappent à la porte pour faire leur entrée au gouvernement et quitter pendant au moins quelques mois un hémicycle bouillonnant.
La pause pourrait cependant être de courte durée. Sans la bienveillance des socialistes qui le menacent pour l'instant de censure et une certaine ambiguïté du Rassemblement national, qui attend d'entendre sa déclaration de politique générale, Sébastien Lecornu n'a aucune chance de rester en poste au-delà de l'automne.