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Élysée

Accord de Paris: les relations entre Macron et Trump virent au duel diplomatique

Depuis la très commentée poignée de main lors du sommet de l'Otan le 25 mai dernier, le président américain et son homologue français se livrent un duel à distance qui tourne à la foire d'empoigne. Un constat particulièrement criant jeudi, après l'annonce du retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat.

Entre Donald Trump et Emmanuel Macron, c’est un nouveau duel à distance qui s’engage. Depuis leur première rencontre, les échanges entre les deux hommes font couler beaucoup d’encre. Il faut dire que mise à part une volonté affichée et partagée de peser sur la scène internationale, les points communs se font rares entre le président français et son homologue. Au point que leurs relations semblent s’être quelque peu tendues ces derniers jours, et notamment depuis l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat.

Tout avait pourtant bien commencé. Réunis à Bruxelles pour le sommet de l’Otan il y a deux semaines, Emmanuel Macron et Donald Trump semblaient partis sur de bonnes bases. "Vous avez mené une campagne incroyable et remporté une formidable victoire. (…) Le monde entier en a parlé. (…) Vous étiez mon candidat", avait lancé le président américain à son homologue.

Lequel s’était dit "très heureux de pouvoir, ensemble, changer beaucoup de choses". De son côté, l’Élysée faisait savoir que "le courant (était) bien passé entre les deux hommes".

Mais à peine les politesses d’usage échangées que les divergences entre les deux chefs d’État laissaient présager de laborieuses discussions. Très vite, Emmanuel Macron et Donald Trump ont fait savoir leurs désaccords, en particulier sur le dossier iranien et sur le climat avec les accords de Paris:

"Je lui ai rappelé l’importance de ces accords pour nous et l’importance de ces engagements pour la communauté internationale. Mon souhait, c’est qu’il n’y ait aucune décision précipitée sur ce sujet de la part des États-Unis d’Amérique", avait déclaré le locataire de l’Élysée.

Les prémices d’une scission irréversible?

Une histoire de poignées de main

Outre les désaccords de fond, Emmanuel Macron et Donald Trump se sont rapidement livrés, en public, à une bataille sur la forme. Largement commentée en France comme à l’étranger, la vigoureuse première poignée de main entre les deux chefs d’État a été comparée à un véritable combat de boxe. Les yeux dans les yeux, mâchoires crispées, les présidents américain et français se sont jaugés, échangeant une poignée de main ferme devant un parterre de journalistes médusés. La scène est longue… et se prolonge même quand Emmanuel Macron exerce une nouvelle pression sur la main de son homologue, pourtant décidé à lâcher prise. Résultat, à l’étranger, le Français est déclaré vainqueur de ce premier combat "riche en adrénaline", comme le décrivait CNN. Le président français marque un point précieux en termes d’image sur la scène internationale.

La deuxième manche a été lancée dans l’après-midi. En retard, Emmanuel Macron fait face aux 27 autres leaders des pays membres de l’Otan. Donald Trump ne veut pas en rester là. Le président américain tend immédiatement la main à son homologue mais ce dernier salue d’abord Angela Merkel, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, et Charles Michel, Premier ministre belge, avant de se tourner vers le locataire de la Maison-Blanche.

La deuxième poignée de main est encore plus musclée. Donald Trump tire vigoureusement la main d’Emmanuel Macron vers lui. Le Français contient le geste en retenant le bras de l’ancien homme d’affaires. Match nul.

Les États-Unis se retirent de l'accord de Paris

Lors des sommets de l’Otan et du G7, Emmanuel Macron espérait avoir réussi à convaincre Donald Trump de rester dans les accords de Paris sur le climat. En vain. Jeudi, le président américain a annoncé face caméra que les États-Unis quittaient ces accords signés par Barack Obama en décembre 2015. Lors de son intervention, le milliardaire a eu sa revanche, lançant: "J’ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris", a-t-il asséné. Pour les autres pays signataires, et particulièrement pour la France qui a encadré la signature de ces accords lors de la COP21, ce retrait est un véritable coup dur.

Qu’à cela ne tienne. Peu après 23 heures, Emmanuel Macron a pris la parole en direct de l’Élysée.

"J’ai souhaité m’exprimer devant vous après la déclaration de Donald Trump car l’heure est grave. Je prends note de sa décision de se désengager de l'accord de Paris. Je respecte cette décision souveraine mais la regrette. Je considère qu’il commet là une erreur pour les intérêts de son peuple et une faute pour l'avenir. J’ai eu l’occasion de lui en faire part".

Le président français a également pris la parole en anglais: "Make our planet great again" ("Rendez sa grandeur à la planète"), a-t-il notamment déclaré, détournant dans le même temps le célèbre slogan de Donald Trump. Lequel s’est empressé de répondre, sur son compte Twitter cette fois, en postant le slogan original ("Make America great again") en lettres capitales.

Donald Trump vexé?

Pourtant, l’ancien magnat de l’immobilier était prêt à écouter sa fille Ivanka et à changer d’avis sur les accords de Paris, à en croire le Washington Post. Mais c’est finalement ses conseillers politiques, à l’instar de Steeve Bannon, qui ont obtenu gain de cause. Un revirement qui pourrait être lié à cette poignée de main tant commentée.

En effet, le Donald Trump n’aurait pas supporté que le jeune président français lui tienne tête. Aussi, le chef de l’État américain aurait été "déconcerté" et "irrité" par la déclaration de son homologue qui avait affirmé dans le JDD que cette poignée de main "n’avait rien d’innocent". Désormais, les ambitions d’Emmanuel Macron son claires: prendre le leadership du combat contre le réchauffement climatique et donner tort à Donald Trump, qui apparaît lui-même de plus en plus isolé à l’international.

Paul Louis