Pour le ministre des Affaires étrangères, la Russie a décidé de faire des Européens "ses ennemis"

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot à Nice le 7 février 2025 - Valery HACHE
"Vladimir Poutine veut reconstituer un empire". Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé son "inquiétude" ce mercredi 19 février sur RTL face aux velléités expansionnistes du président russe.
"On voit le réveil des empires: un pays qui ne connaît plus les frontières, et qui dit 'je vais déplacer mon influence et ma puissance aussi loin que je pourrai'", a décrit le ministre. Il craint qu'après l'Ukraine, Moscou ne s'en prenne à la Pologne, aux pays Baltes...
"Aujourd'hui, c'est l'Ukraine qui est en quelque sorte notre première ligne pour repousser la menace. Si nous ne faisons rien, la ligne de front se rapprochera de plus en plus de nos frontières et nous serons, un jour ou l'autre, entraînés vers la guerre", a estimé Jean-Noël Barrot.
"La Russie a pris pour cible les pays européens depuis trois ans"
Si le locataire du quai d’Orsay a affirmé que la France et les Européens veulent "la paix", il a déploré que la Russie ait décidé de faire d'eux "des ennemis".
"L'agressivité de la Russie, elle ne se limite pas à l'invasion en Ukraine qui a commencé il y a trois ans, souvenez-vous des étoiles de David, des mains rouges, des câbles sous-marins qui ont été coupés en mer Baltique...", a-t-il listé. La Russie est en effet soupçonnée d'être derrière tous ces faits.
L'année dernière, des mains rouges avaient été taguées sur le Mémorial de la Shoah à Paris puis des étoiles de David avaient été peintes en bleu sur des murs de la ville. Moscou avait alors été accusée d'ingérence. Les sabotages des câbles d'énergie et de communication en mer Baltique sont aussi courants: l'Otan soupçonne la Russie d'orchestrer ces dommages.
"La Russie a pris pour cible les pays européens depuis trois ans", a rappelé le ministre des Affaires étrangères.
"C'est de notre sécurité qu'il en va"
Pour "éviter que la ligne de front" ne soit de "plus en plus près de la France", Jean-Noël Barrot a invité les Européens à être "fermes et à soutenir les Ukrainiens qui sont la sentinelle" du continent. Notamment en permettant à Kiev "de négocier une paix durable". Le ministre a pris pour contre-exemple les accords de Minsk actant la cessation des hostilités entre Moscou et Kiev en 2014, qui ne prévoyaient "pas de garanties, pas de mesures dissuasives qui empêchaient la Russie de reprendre les hostilités".
"Et c'est ce qu'elle a fait", a rappelé le ministre. "Il y a dix ans nous avons fait preuve de faiblesses".
"Tant que les Ukrainiens combattront, tant qu'ils n'auront pas pu trouver un accord de paix juste et durable, nous les soutiendrons. Pas seulement par charité, mais parce que c'est de notre sécurité qu'il en va", a-t-il assuré.
L'annonce par Donald Trump de l'ouverture de négociations entre Washington et Moscou pour une fin des hostilités en Ukraine a fait l'effet d'un coup de massue pour de nombreux dirigeants européens, inquiets de ne pas être associés aux discussions. En réaction, Emmanuel Macron a organisé une réunion à l'Élysée lundi avec sept pays européens et en a prévu une deuxième série ce mercredi en France avec "plusieurs États européens et non-européens".