Guerre en Ukraine: la France met en garde contre un "cessez-le-feu bâclé"

"Il n'est pas question de se faire avoir". La France a mis en garde ce jeudi 13 février contre un "cessez-le-feu bâclé" en Ukraine, alors que le président américain Donald Trump entend engager des négociations directement avec son homologue russe Vladimir Poutine - "une bascule historique" de l'avis des spécialistes.
"La question est: qu'est-ce que l'on met sur la table?", a jugé Sébastien Lecornu, le ministre français de la Défense, sur BFMTV, après que Washington a indiqué qu'il n'y aurait pas de troupes américaines déployées en Ukraine dans le cadre d'un éventuel accord de paix et que Kiev ne rejoindrait pas l'Otan.
Risque "d'une guerre plus importante"
Sébastien Lecornu s'est arrêté sur la question du "statut" de l'Ukraine. "Est-ce que l'on va faire quelque chose qui serait terrible, c'est-à-dire un statut totalement neutre?", a-t-il interrogé, estimant que "ce serait la proie facile pour la reprise des combats." Et de marteler "qu'un cessez-le-feu bâclé, c'est potentiellement le retour d'une guerre plus importante qui peut nous concerner à moyen et long terme."
Même ton pour le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. "Qui peut croire qu'après avoir héroïquement tenu tête 3 ans durant à leur agresseur avec le soutien de leurs alliés, les Ukrainiens puissent déposer les armes pour un accord bâclé qui ne garantisse pas durablement leur sécurité?", a-t-il écrit sur le réseau social X.
Cette ligne est directement défendue par Emmanuel Macron. Dans une interview au Financial Times parue ce vendredi 14 février, il fait passer un message à l'adresse de Donald Trump: "Une paix qui soit une capitulation, c'est une mauvaise nouvelle pour tout le monde".
"La seule question à ce stade, c'est: est-ce que de manière sincère, durable, soutenable, le président Poutine est prêt à un cessez le feu sur cette base-là?", a-t-il relevé. Tout en soulignant que "seule" l'Ukraine pouvait "négocier avec la Russie" ce qui relève de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Le président français a aussi insisté sur la nécessité pour les Européens d'être à la table des négociations sur une future architecture de sécurité du continent.
Une rupture dans la politique américaine
Mercredi, Donald Trump s'est entretenu par téléphone avec Vladimir Poutine pendant près de 90 minutes. Jamais un échange n'avait été aussi long entre Moscou et Washington depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Les deux hommes ont également convenu de se rencontrer en personne.
Une rupture avec la politique américaine entreprise jusqu'alors. Si Joe Biden mettait un point d'honneur à ne pas discuter de "l'Ukraine sans l'Ukraine", son successeur républicain a fait tout l'inverse en décidant d'un début "immédiat" des négociations avec Vladimir Poutine, seul. Ce n'est qu'après avoir pris cette décision avec le président russe que Donald Trump en a informé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.