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"Mentir au public, manipuler le débat, cibler les minorités...": excédés par les frasques d'Elon Musk, un nombre sans précédent de "cerveaux" quittent Tesla

Elon Musk à la cérémonie d'inauguration au cours de la cérémonie d'investiture de Donald Trump à Washington, DC, le 20 janvier 2025.

Elon Musk à la cérémonie d'inauguration au cours de la cérémonie d'investiture de Donald Trump à Washington, DC, le 20 janvier 2025. - Chip Somodevilla

Des cadres importants de l'empire créé par Elon Musk ont récemment démissionné, lassés par les prises de position politiques du milliardaire et son "obsession" pour ChatGPT.

Tesla fait face à une fuite des cerveaux. Plusieurs cadres importants ont quitté l'entreprise ces derniers mois, comme Daniel Ho, qui supervisait les nouveaux véhicules, ou Vineet Mehta, grand spécialiste des batteries, remarque le Financial Times. Certains employés pointent la responsabilité d'Elon Musk. "La seule constante dans l'univers d'Elon, c'est la rapidité à laquelle il épuise ses adjoints", glisse l'un de ses conseillers au quotidien financier.

"Le comportement d'Elon nuit au moral, au maintien et au recrutement" des employés, soupire un autre, sous couvert d'anonymat.

Si le rythme de travail a toujours été intense dans le groupe, ces salariés rapportent une dégradation ces derniers mois, notamment en raison de l'engagement politique de son patron. Rares sont ceux qui s'expriment publiquement, même si un cadre s'en est récemment ému sur Linkedin, après sa démission.

"Je pense qu’Elon a gravement porté préjudice à la mission de Tesla (et à la santé des institutions démocratiques de plusieurs pays). Il ne s’agit pas seulement de politique: il s’agit de mentir au public, de manipuler le débat public, de cibler les minorités et de soutenir les climatosceptiques et les forces politiques proches de l’industrie pétrolière et gazière", regrette Giorgio Balestrieri, ancien ingénieur algorithmique chez Tesla.

"Obsession" pour ChatGPT

Les employés interrogés par le Financial Times se plaignent également de l'obsession d'Elon Musk pour OpenAI, son concurrent dans l'intelligence artificielle. "Elon est en colère à cause de ChatGPT et passe chaque instant à essayer de mettre Sam (Altman, ndlr) hors service", grince un cadre démissionnaire.

Après avoir cofondé OpenAI ensemble, les deux milliardaires sont devenus rivaux, alors que Musk a lancé xAI (Grok), où ses pressions pour rendre l'algorithme "moins woke" ne font pas non plus l'unanimité.

Tesla, le vaisseau amiral du groupe, a été déplumé pour renforcer les activités dans l'IA et la robotique. 14.000 postes ont été supprimés en avril dernier. Elon Musk a également renoncé à produire un modèle à prix abordable -25.000 dollars- pour se concentrer sur les robots taxis.

La "Model 2" était pourtant jugée nécessaire par certains analystes pour augmenter la production du constructeur automobile et atteindre l'objectif de 20 millions de Tesla livrées d'ici 2030. L'arrivée, en fin d'année, d'une version plus abordable de la "Model Y", a toutefois été promise.

Certains observateurs estiment également que les prises de position d'Elon Musk pèsent sur les ventes de Tesla et sur leur valeur à la revente. "C'est un super produit mais l'image de marque a pris un gros coup à cause d'Elon Musk. À cause de ses frasques, on va subir une décote plus importante", a indiqué à BFM Business un propriétaire peinant à vendre son automobile sur le marché de l'occasion fin juin.

Malgré tout, Tesla vient d'enregistrer au troisième trimestre des livraisons en hausse de 7% sur un an, à un niveau nettement supérieur aux attentes, le signe d'un redressement après trois trimestres consécutifs de repli.

Cette performance peut être nuancée par la disparition, fin septembre, du crédit d'impôt fédéral de 7.500 dollars l'achat d'une voiture électrique aux États-Unis. Dans ce contexte, le patrimoine net du patron de Tesla et Space X a brièvement dépassé les 500 milliards de dollars, ce mercredi 1er octobre, selon le classement du magazine Forbes.

Pierre Lann