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Après six mois à l'Intérieur, Retailleau reconnaît ses "limites" mais veut se battre "contre l'impossibilisme"

Bruno Retailleau à Paris le 10 avril 2025

Bruno Retailleau à Paris le 10 avril 2025 - ALAIN JOCARD / AFP

Le ministre de l'Intérieur a tenté de défendre ses premiers mois place Beauvau lors d'une conférence de presse ce 10 avril. En pleine compétition avec Laurent Wauquiez pour devenir le patron de la droite, Bruno Retailleau a promis de "se battre" et "de ne pas renoncer à ses convictions". Pour l'instant, les réalisations concrètes se font attendre.

Un bilan d'étape qui envoie de nombreux messages. Six mois après son arrivée au ministère de l'Intérieur, Bruno Retailleau est longuement revenu sur son action place Beauvau ce jeudi.

"Je connais toutes les limites à mon poste parce que nous n'avons pas de majorité parlementaire", a expliqué l'ancien président des sénateurs LR, tout en assurant se "battre chaque jour comme l'impossibilisme".

Pas de loi immigration ni de dénonciation des accords avec l'Algérie

Alors que le ministre de l'Intérieur a fait de la lutte contre l'immigration irrégulière son cheval de bataille, les résultats se font attendre.

Sans grande loi immigration qu'il appelait pourtant de ses vœux il y a encore quelques mois, Bruno Retailleau ne peut mettre en avant sur ce dossier que le durcissement des règles de régularisation des personnes sans-papiers, symbolisée par la fin de la circulaire de Manuel Valls mise en place depuis 2012.

Quant à son bras de fer avec l'Algérie engagé depuis des semaines, allant jusqu'à brandir sa démission si Alger ne reprenait pas ses ressortissants expulsés, il a tourné court.

Emmanuel Macron a ainsi entamé ces derniers jours une phase de rapprochement avec son homologue algérien. Le ministre de l'Intérieur réclame pourtant depuis des mois la dénonciation des accords de 1968 qui facilitent la délivrance de visas pour les ressortissants algériens, quitte à rompre tout lien économique et diplomatique avec Alger.

"Ne pas renoncer à ses convictions"

Autant de points qui donnent des arguments à son concurrent Laurent Wauquiez qui brigue, tout comme lui, la présidence des Républicains. Le président des députés LR a attaqué à plusieurs reprises Bruno Retailleau sur son bilan, regrettant par exemple qu'il n'ait pas "les moyens" "d'avoir des résultats".

"On ne changera pas les choses avec la politique de la rustine", a d'ailleurs reconnu Bruno Retailleau, promettant cependant "de ne pas renoncer à ses convictions et de se battre pour que les choses avancent".

À son actif, le ministre de l'Intérieur peut ainsi se targuer du vote bientôt définitif de la proposition de loi de lutte contre les narcotrafics, lancé quand il était au Sénat. Une belle victoire pour celui qui avait estimé que la France, confrontée à l'explosion du trafic de drogue ces dernières années, était en "voie de mexicanisation".

Une circulaire sur la naturalisation qui se fait attendre

L'ancien sénateur compte également s'appuyer sur une proposition de loi de la chambre haute pour faire avancer ses dossiers. Les élus du Palais du Luxembourg ont très largement voté en mars dernier la possibilité d'allonger la durée maximale de présence des personnes en situation irrégulière dans les centres de rétention administrative.

Avec ce texte, elle pourrait passer de 90 jours actuellement à 180 jours voire 2010 jours dans certains cas. Mais le sujet, très sensible pour la macronie, n'a pour l'instant pas de piste d'atterrisage à l'Assemblée.

Lors de la présentation de son bilan, Bruno Retailleau a rappelé à nouveau sa volonté de publier une nouvelle circulaire pour durcir les conditions de naturalisation, déjà annoncée depuis plusieurs mois. Il n'a cependant pas présenté de calendrier.

Suffisant pour convaincre? Du côté de la police, l'heure est au doute. Il faut dire que le ministre n'a pas réussi à obtenir une rallonge budgétaire pour son portefeuille en janvier dernier.

Marie-Pierre Bourgeois