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Tensions entre la France et l'Algérie: Bruno Retailleau juge qu'Alger "nous agresse"

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Le ministre de l'Intérieur assure ce mercredi 19 mars ne "pas vouloir la guerre avec l'Algérie" après le camouflet infligé par le pays qui a refusé de reprendre une soixantaine de ses ressortissants en dépit d'une demande appuyée de la France. Bruno Retailleau appelle Alger à "ne pas baragouiner" sur le sujet.

Ne pas rester sonné par l'échec. Après la fin de non-recevoir opposée par l'Algérie à la liste d'Algériens expulsables fournie par la France en fin de semaine dernière, le ministre de l'Intérieur reprend son offensive.

"Nous ne sommes pas belliqueux, nous ne voulons pas la guerre avec l'Algérie. C'est l'Algérie qui nous agresse", a avancé le locataire de la place Beauvau ce mercredi sur Sud Radio.

Camouflet pour Bayrou et Retailleau

Dans un contexte de très fortes tensions avec Alger, Bruno Retailleau avait annoncé vendredi lui avoir communiqué une liste de soixantaine de noms de ressortissants algériens aux profils les plus "dangereux", lui demandant de les reprendre rapidement. La mesure avait été dévoilée par François Bayrou en personne fin février lors d'un conseil interministériel sur l'immigration.

Dans la foulée, le Premier ministre avait promis de "dénoncer" les accords de 1968 qui donnent un statut particulier aux Algériens, en matière de circulation, de séjour et d'emploi, si, dans un délai de six semaines, l'Algérie ne reprenait pas les ressortissants cités sur cette liste.

Le centriste mettait alors ses pas dans ceux de Bruno Retailleau qui n'a de cesse de réclamer la dénonciation de ces accords.

Mais l'argument n'a manifestement pas porté de l'autre côté de la Méditerranée. Lundi soir, le gouvernement algérien a fait savoir par un communiqué de presse qu'il refusait de reprendre les personnes indiquées sur la liste, dénonçant "les menaces et les velléités d'intimidation" de la France.

"Il faut que l'Algérie ne baragouine pas"

Les mots choisis par la diplomatie algérienne ont tout d'un camouflet pour Bruno Retailleau qui fait de ce bras de fer avec Alger l'une de ses motivations pour rester en poste à Beauvau. De quoi le pousser à continuer à mettre la pression.

"Il faut que l'Algérie ne baragouine pas quand on est convaincu, avec une pièce d'identité, un passeport, que le ressortissant est algérien. Elle doit le réadmettre", a exhorté le ministre sur Sud Radio.

L'ancien président des sénateurs LR a de nouveau plaidé pour "une riposte graduée", évoquant un "ensemble de mesures qui pourraient être reprises". Parmi celles-ci, on trouve notamment "la remise en cause des accords de 2007" qui permettent aux Algériens porteurs de passeports diplomatiques de ne pas avoir besoin de visa pour venir en France.

Le spectre d'une démission

Pour l'instant, François Bayrou temporise. Interpellé sur ce dossier ce mardi à l'Assemblée nationale, le Premier ministre n'a pas évoqué le dispositif souhaité par Bruno Retailleau.

"Je ne fais pas porter aux Algériens les décisions de leur gouvernement", a résumé le chef du gouvernement après avoir évoqué plus tôt dans la matinée devant des participants du bloc commun "sa fermeté" sur le dossier.

Suffisant pour convaincre Bruno Retailleau? Après avoir déjà évoqué dans les colonnes du Parisien samedi dernier une éventuelle démission, le ministre de l'Intérieur a persisté et signé.

"Si un jour il m'arrivait de tomber sur un obstacle qui pourrait mettre en cause la sécurité de nos compatriotes, alors je devrais m'interroger" sur ma présence au gouvernement, a insisté celui qui est également candidat pour la présidence des LR.

Marie-Pierre Bourgeois