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Algérie

"On cherche à le réduire au silence": la fille de Boualem Sansal appelle l'Algérie à "cesser de martyriser" son père et pointe l'inaction de la France

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L'écrivain franco-algérien, condamné à cinq ans de prison notamment pour "atteinte à l'unité nationale" est au cœur d'une grave brouille diplomatique entre Paris et Alger. Sa fille, Sabeha Sansal, appelle à une mobilisation internationale pour demander au régime algérien la libération de ce dernier.

Un nouvel appel à l'aide de sa famille. Sabeha Sansal, la fille de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal demande à "la France et ses partenaires" à cesser "de considérer cette affaire comme secondaire", et appelle à "une mobilisation internationale d’ampleur" pour son père, dans une interview accordée par Le Figaro publié ce mercredi 27 août.

Le 1er juillet, Boualem Sansal a été condamné en appel à cinq ans de prison notamment pour "atteinte à l'unité nationale", sur fond de brouille diplomatique entre Paris et Alger. Dans les colonnes du quotidien français, sa fille déclare qu'elle souhaite "contraindre le régime algérien à cesser de martyriser" son père et de le libérer "avant qu'il ne soit trop tard".

En avril, Sabeha et Nawel Sansal, les deux filles de l'écrivain, avaient envoyé une lettre ouverte à l'Élysée pour appeler à la libération de son père. Sans réponse d'Emmanuel Macron, Sabeha Sansal affirme ce mercredi que "quand un écrivain est baîllonné, c’est l’universel qui est atteint".

"La France lui doit protection"

"L’enjeu (de sa détention) dépasse largement le cas de Boualem Sansal: il concerne la liberté d’expression, la dignité humaine, le respect du droit international", affirme-t-elle au Figaro.

Depuis l'arrestation de son père, Sabeha Sansal n'a "eu aucun contact direct avec (s)on père". "Nous sommes volontairement maintenus dans l’ignorance, comme si l’on cherchait à couper mon père du reste du monde, à le réduire au silence", assure sa fille.

Elle pointe notamment l'inaction du gouvernement français, affirmant que la France "a trop longtemps donné l’impression de traiter ce dossier avec prudence", ajoutant que "la France lui doit protection".

"Le président de la République adresse un message sans ambiguïté: la liberté de Boualem Sansal n’est pas une variable d’ajustement diplomatique, c’est une exigence politique et morale", poursuit Sabeha Sansal.

Du côté des autorités algériennes, sa fille assure ne pas être en contact avec eux. "Le pouvoir a choisi la fermeture et l’opacité", déplore-t-elle.

"L'incarcérer, c’est violer vos propres textes"

Dans les colonnes du Figaro, Sabeha Sansal a également voulu transmettre un message envers le gouvernement algérien: "mon père n’a jamais exercé d’autre mission que celle de l’écrivain. Il n’a jamais manié d’autre arme que les mots, et ses mots sont protégés".

Pourquoi l'écrivain Boualem Sansal a-t-il été condamné à 5 ans de prison en appel?
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"L’incarcérer, c’est violer vos propres textes fondamentaux, c’est nier vos propres principes. Le monde entier voit cette contradiction, et le monde entier en jugera", a renchéri Sabeha Sansal.

L'affaire Sansal a ravivé les tensions entre Paris et Alger dès juillet 2024 par la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, un territoire débattu depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.

Au cours de cette crise diplomatique, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques ont été réalisées mais aussi des expulsions de diplomates aussi bien en France qu'en Algérie.

Ilyana Hamiti