"C'est malheureusement à craindre": la grâce présidentielle de Boualem Sansal mal engagée en Algérie

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Paris, le 29 octobre 2014 - FRANCOIS GUILLOT © 2019 AFP
L'inquiétude continue de monter pour les proches de Boualem Sansal. Après la condamnation en appel de l'auteur franco-algérien à cinq de prison ferme mardi 1er juillet, ses soutiens s'en remettaient à une éventuelle grâce du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
À la veille du 5 juillet, fête nationale célébrant l'indépendance de l'Algérie, le dirigeant a grâcié quelques 6.500 détenus, indique un communiqué de la présidence algérienne publiée sur Facebook.
Toutefois, il est précisé que cette liste exclut tout personne condamnée pour "atteintes et complots contre l’autorité de l’État, l’intégrité et l’unité du territoire national", soit le chef d'accusation retenu contre Boualem Sansal.
La condamnation pas définitive avant mercredi
Selon les informations de BFMTV, la condamnation de l'écrivain ne sera définitive qu'après mercredi prochain, délai limite pour lui pour former un éventuel pourvoi en cassation. Il est donc possible qu'Alger attende l'expiration du délai de mercredi pour prendre une éventuelle décision de grâce.
Peu optimiste, le comité français de soutien de Boualem Sansal indique à BFMTV qu'il est "malheureusement à craindre" que l'auteur ne figure pas parmi les détenus grâciés.
Boualem Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
L'affaire Sansal a envenimé les tensions entre Paris et Alger, relancées en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.
Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d'autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.