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Boualem Sansal condamné: ses soutiens dénoncent une décision "politique" et espèrent une grâce présidentielle le 5 juillet

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pose à Paris le 4 septembre 2015

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pose à Paris le 4 septembre 2015 - Joël SAGET © 2019 AFP

Fatalistes après la condamnation en appel de Boualem Sansal, les soutiens de l'auteur s'en remettent à une éventuelle grâce présidentielle le 5 juillet, jour de fête nationale en Algérie.

Un dénouement judiciaire attendu. L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis plus de sept mois, a été condamné en appel à cinq ans de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale" ce mardi 1er juillet.

Boualem Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance, notamment pour avoir affirmé en octobre 2024 que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Arnaud Benedetti, directeur de la Revue politique et parlementaire et cofondateur d'un comité de soutien à l'écrivain, regrette auprès de BFMTV.com une décision "prévisible" de la part d'un tribunal "politique", alors que la parquet avait requis, comme en première instance, dix ans de prison.

Une grâce présidentielle le 5 juillet?

Les juges qui ont condamné Boualem Sansal "sont aux ordres d'un pouvoir qui se déshonore par ses prises d'otages d'hommes de lettre et maintenant de journalistes", dénonce également l'avocat Richard Malka, membre du comité de soutien, évoquant la condamnation du journaliste français Christophe Gleizes en début de semaine.

Les proches de l'écrivain attendent désormais avec anxiété la date du 5 juillet, à laquelle le dirigeant algérien Abdelmadjid Tebboune pourrait prononcer une grâce présidentielle.

"Il est de tradition que les présidents algériens procèdent à des grâces au moment de la fête nationale. C'est la seule raison qui nous fait un temps soit peu conserver une forme d'espoir dans une situation qui reste lourdement préoccupante", confie Arnaud Benedetti.

Le comité de soutien plaide pour une libération "immédiate et sans condition" de l'écrivain, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer de la prostate.

"Il ne faudrait pas qu'il soit obligé de rester sur le territoire algérien, nous voulons qu'il soit libre de ses mouvements", souligne Arnaud Benedetti.

Les demandes du gouvernement français restées lettre morte

Jusqu'à présent, les multiples demandes de libération ou d'une grâce du président algérien Abdelmajid Tebboune, "un geste d'humanité" réclamé par le président français Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte.

"Si sa libération n'intervient pas rapidement, alors le constat qui devrait être fait sera celui de notre naïveté et de notre faiblesse", pointe l'avocat Richard Malka auprès de BFMTV.com.

Interrogé pendant son procès en appel sur ses déclarations sur le Maroc tenues au média d'extrême droite Frontières, Boualem Sansal a répondu: "je ne fais pas que de la politique. Je m'exprime aussi sur l'histoire", invoquant le droit garanti par la Constitution "à la liberté d'expression".

L'affaire Sansal a envenimé les tensions entre Paris et Alger, relancées en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.

Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d'autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.

François Blanchard