Enlèvement en France d'un opposant: un diplomate algérien visé par un mandat d'arrêt international

L'ambassade d'Algérie à Paris en juillet 2021 - Joël SAGET © 2019 AFP
Un mandat d'arrêt international a été délivré contre un ancien haut responsable de l'ambassade d'Algérie en France dans les investigations à Paris sur l'enlèvement et la séquestration d'un opposant algérien en 2024, Amir Boukhors, a indiqué une source judiciaire à BFMTV, confirmant les informations de l'AFP.
Le mandat d'arrêt visant un Algérien âgé de 37 ans a été émis le 25 juillet par un juge d'instruction pour arrestation, enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle, selon cette même source.
Une source judiciaire a confirmé à BFMTV l'émission de ce mandat d'arrêt "contre l'ancien premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie en France".
"J'ai vu la mort"
L'influenceur Amir Boukhors, dit Amir DZ, avait été enlevé le 29 avril 2024 en région parisienne puis relâché le 1er mai.
C'est "une avancée importante pour éviter autant que possible l'impunité des agents algériens impliqués dans les faits qui sont d'une évidente gravité", a réagi Éric Plouvier, avocat d'Amir Boukhors, sollicité par l'AFP.
L'homme n'est probablement plus en France et pourrait faire valoir une éventuelle immunité.
"Il serait périlleux de considérer que l'arrestation d'opposants politiques sur le territoire français entre dans le périmètre des fonctions d'un diplomate et une fois sa mission prétendument diplomatique terminée, l'agent du contre-espionnage algérien ne disposait plus que d'une immunité fonctionnelle" accordée aux agents d'État, a ajouté Me Plouvier.
L'avancée des investigations est "un soulagement", a réagi auprès de l'AFP Amir Boukhors. "J'ai vu la mort" pendant l'enlèvement qui a duré "27 heures", dans une forêt en Seine-et-Marne, a-t-il confié.
Opposant au régime
Installé en France depuis 2016, Amir Boukhors, 42 ans, compte un million d'abonnés sur TikTok. Opposant au régime du président algérien Abdelmadjid Tebboune, il a obtenu l'asile politique en France en 2023.
Alger a émis neuf mandats d'arrêt internationaux à son encontre notamment pour escroquerie ou infractions terroristes. La justice française a refusé son extradition en 2022.
"Dans l'hypothèse d'une future arrestation, il sera bien entendu très intéressant d'entendre les explications de l'intéressé et d'essayer de savoir de qui il a reçu les ordres pour mener cette opération spéciale", a commenté Me Plouvier, estimant "difficile aujourd'hui d'attendre, dans le contexte actuel, une coopération des autorités algériennes".
Cette procédure judiciaire a ravivé les tensions entre la France et l'Algérie, dont les relations ne cessent de se dégrader depuis l'été 2024.