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"Pas d'autre choix": Emmanuel Macron veut "adopter une approche de plus grande fermeté" vis-à-vis de l'Algérie

Le président Emmanuel Macron à l'Élysée le 4 juillet 2025

Le président Emmanuel Macron à l'Élysée le 4 juillet 2025 - Ludovic MARIN / AFP

Le chef de l'État, dans une lettre transmise à François Bayrou et que le Figaro révèle, demande au gouvernement de "prendre des décisions supplémentaires" à l'encontre du régime d'Alger.

"Il aurait pu en être autrement". Le président de la République, dans un entretien accordé au Figaro, estime que la France n'a "pas d'autre choix que d'adopter une approche de plus grande fermeté" vis-à-vis de l'Algérie.

Dans une lettre transmise au Premier ministre, François Bayrou, et que le Figaro a pu consulter, le chef de l'État charge l'exécutif de "prendre des décisions supplémentaires", invoquant le "sort réservé" à Boualem Sansal et Christophe Gleizes pour demander au gouvernement français "des décisions supplémentaires".

Une situation qui s'est envenimée

Cette déclaration intervient à l'issue de six mois de vives tensions entre les deux gouvernements. La situation s'est envenimée en raison d'une série d'événements et d'oppositions idéologiques.

Parmi les mesures évoquées dans une lettre à François Bayrou que Le Figaro s'est procurée, le chef de l'Etat appelle à suspendre "formellement" l'accord de 2013 avec Alger "concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques".

Pour justifier ce tour de vis, Emmanuel Macron mentionne en premier lieu les emprisonnements de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à 5 ans d'emprisonnement ferme notamment pour "atteinte à l'unité nationale", et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour "apologie du terrorisme".

Mais, il fait également référence au "non-respect par l'Algérie de ses obligations" en matière migratoire, ainsi que "la cessation de la coopération des 18 consulats algériens présents sur notre sol avec les services de l'État".

Suspendre "formellement" l'accord de 2013

Parmi les mesures demandées au gouvernement, le chef de l'État appelle à suspendre "formellement" l'accord de 2013 avec Alger "concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques".

Une décision qui acte une situation de fait: le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, avait annoncé le 14 mai "le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n'auraient pas actuellement de visa". La France réagissait alors à une décision "injustifiée et injustifiable" d'Alger d'expulser des fonctionnaires français, avait-t-il dit.

Emmanuel Macron demande également au gouvernement d'user "immédiatement" d'une disposition de la loi immigration de 2024, le "levier visa-réadmission (LVR)" qui "permet de refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques, tout comme les visas de long séjour à tous types de demandeurs".

"D'autres dossiers bilatéraux sensibles"

Le président demande en outre à son Premier ministre "d'instruire le ministre de l'Intérieur", Bruno Retailleau, tenant d'une ligne dure vis-à-vis d'Alger, "de trouver au plus vite les voies et moyens d'une coopération utile avec son homologue algérien". Il "souhaite également que, face à la délinquance des individus algériens en situation irrégulière, le ministre de l'Intérieur et ses services agissent sans repos et sans répit".

"Dans le même esprit, lorsque vous estimerez que les conditions sont réunies s'agissant de notre dispositif diplomatique, vous pourrez autoriser les trois consuls algériens déjà présents sur notre territoire à exercer leur mandat, en exigeant toutefois une reprise de la coopération migratoire". "Seule cette reprise nous permettra d'admettre cinq autres consuls en attente d'autorisation", écrit encore le président français.

"La réponse des autorités algériennes à nos exigences en matière de coopération migratoire et consulaire déterminera la suite de nos démarches", poursuit Emmanuel Macron, ajoutant que "dès lors que le dialogue aura été rétabli, il nous faudra également traiter d'autres dossiers bilatéraux sensibles", citant "la dette hospitalière", "les menées de certains services de l'État algérien sur le territoire national, mais également les questions mémorielles en suspens".

HG avec AFP