"Il faut revenir à la fermeté": Bruno Retailleau appelle à "changer de ton" vis à vis de l'Algérie

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres, le 12 juin 2025. - Thibaud MORITZ
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau s'en est pris ce vendredi 18 juillet aux autorités algériennes, leur reprochant notamment la délivrance de passeports à "des clandestins", et a affirmé son intention d'entraver la circulation des "membres de la nomenclatura" responsables de "dénigrement de la France".
"Le consulat algérien de Toulouse a délivré des centaines de passeports à des clandestins", accuse le ministre français dans un entretien au Figaro, en précisant qu'il allait donner instruction aux préfets "de ne pas reconnaître ces documents, distribués dans ces conditions-là", pour la délivrance de titres de séjour.
Bruno Retailleau "très favorable à la sortie des accords de 1968"
Soulignant l'importance de la "réciprocité" dans la relation bilatérale, il estime qu'"aujourd'hui, c'est l'Algérie qui refuse cette réciprocité en ne respectant pas l'accord de 1994" consacré notamment à la reprise des ressortissants algériens expulsés.
"Je vais aussi demander à mes services de préparer plusieurs mesures pour empêcher la venue, l'établissement ou la circulation en France des membres de la nomenclatura impliqués dans le dénigrement de la France", affirme le ministre.
Se disant "très favorable à la sortie des accords de 1968" sur l'immigration, qui confèrent un statut particulier aux Algériens, Bruno Retailleau juge que "s'ils ne sont pas dénoncés avant la fin de ce quinquennat, il faudra le faire après la prochaine présidentielle".
Il y a cependant "une mesure urgente" selon lui: "bloquer au niveau européen la négociation en cours sur l'accord d'association" avec l'Union européenne car "l'Algérie y gagne beaucoup plus que l'Europe, avec des tarifs douaniers préférentiels".
Interrogé sur une éventuelle démission liée au dossier algérien, Bruno Retailleau assure que "c'est ce que cherche à obtenir le pouvoir algérien" et "ce serait pour eux une victoire".
"Dans la question algérienne, il y a l'avenir de nos deux compatriotes" emprisonnés en Algérie, l'écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes, relève-t-il, estimant que "la diplomatie des bons sentiments a échoué".
"Je le dirai au président de la République, que je dois voir la semaine prochaine. Il faut changer de ton, assumer un rapport de force que le pouvoir algérien a lui-même choisi", assure-t-il.
"En privilégiant la stratégie diplomatique, chère à l’Élysée et au Quai d’Orsay, Emmanuel Macron a-t-il condamné la France à l’impuissance dans sa relation avec l’Algérie?", s'interroge le ministre de l'Intérieur, qui appelle à "revenir à la fermeté" et à "se recentrer sur la défense de nos intérêts".
Plus largement sur l'immigration, le ministre indique avoir "proposé au Premier ministre une augmentation de 160 millions d'euros de droit de timbre dans le domaine de l'asile et de l'immigration".