Suspension de la réforme des retraites: Bruno Retailleau dénonce un "coût exorbitant" face à un pouvoir "prêt à tout pour se maintenir"

Bruno Retailleau (Photo d'illustration) - Photo par CARINE SCHMITT / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
La suspension de la réforme des retraites ne passe pas pour Bruno Retailleau. Alors que le patron du groupe parlementaire Droite Républicaine, Laurent Wauquiez, estime que "personne" dans son groupe "ne peut voter la censure" face au risque de "dissolution", son président, lui, dénonce "le coût exorbitant" qu’entraînerait cette suspension, dans un communiqué.
"Une génération n’a pas le droit d’en amoindrir une autre", rappelle-t-il en citant Balzac. "C’est pourtant ce que fait le gouvernement: pour durer quelques mois, pour glaner quelques voix, l’avenir est sacrifié", poursuit l’ancien ministre de l’Intérieur, expliquant avoir quitté le gouvernement pour cette même politique qu’il juge irresponsable.
"Un avenir sacrifié pour quelques voix"
Selon Bruno Retailleau, la suspension des retraites confirmée par le Premier ministre lors de son discours de politique générale aura de lourdes conséquences. "Les milliards qui manqueront pour sauver notre régime de répartition" risquent, selon lui, de fragiliser durablement le système.
L'ancien ministre accuse Emmanuel Macron de vouloir "continuer à tout piloter", tout en ignorant les propositions de la droite. Aucune des "exigences" formulées par son camp n’a été retenue par Sébastien Lecornu dans les 31 milliards de mesures envisagées pour limiter le déficit, déplore-t-il.
"Ni sur le maintien de la réforme des retraites, ni sur le plafonnement des aides sociales à 70% du SMIC pour lutter contre l’assistanat, ni sur les impôts...", énumère Bruno Retailleau.
"14 milliards sont des prélèvements supplémentaires sur les ménages et les entreprises, soit près de la moitié de l’effort!", dénonce Bruno Retailleau, accusant un gouvernement qui, selon lui, "verse à gauche".
"Nous lutterons pied à pied pour combattre de tels renoncements"
Un scénario d’autant plus mal vécu que cette suspension des retraites apparaît, pour Bruno Retailleau, comme une concession faite au Parti socialiste afin d’éviter une motion de censure contre le gouvernement Lecornu II. Une décision qui laisserait, selon lui, "le loisir à la gauche d’imposer ses choix".
L'ancien ministre met également en garde contre un déséquilibre politique: le Rassemblement national, rappelle-t-il, "n’a pas voté la réforme des retraites et s’est abstenu sur la taxe Zucman", une mesure que la gauche entend désormais "introduire par voie d’amendement".
"Et ce n’est que le début", prévient-il. "N’en doutons pas une seule seconde: ce que la gauche a exigé sur les retraites, elle l’exigera sur tout le reste, y compris pour déconstruire la politique de fermeté que j’ai impulsée sur la lutte contre l’immigration ou l’entrisme islamiste."
Et de conclure sans renoncer: "À l’Assemblée nationale comme au Sénat, nous lutterons pied à pied pour combattre de tels renoncements et défendre nos propositions."