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Gouvernement

Retraites, budget, 49.3… Ce qu'il faut retenir de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu

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Le Premier ministre s'est adressé aux députés ce mardi 14 octobre, notamment pour présenter son projet de budget pour 2026. Deux motions de censure avaient déjà été déposées avant même cette prise de parole. Face à ces menaces, Sébastien Lecornu a annoncé une suspension de la réforme des retraites.

Plus d'un mois après son arrivée à Matignon, marquée par une démission et une renomination, Sébastien Lecornu est entré dans l'arène. Dans la tradition républicaine, il a prononcé ce mardi 14 octobre devant les députés sa déclaration de politique générale.

Dès le début de sa prise de parole, Sébastien Lecornu a ciblé "certains (qui) veulent que la situation tourne à la crise de régime", assurant qu'"elle n'aura pas lieu" et appelant à "prendre des mesures d'urgence".

"Plus qu'une crise, je crois que nous changeons de monde", a affirmé le Premier ministre, parlant même d'"une révolution, de même ampleur que la révolution industrielle, (qui) remet tout en cause". "Nous vivons une époque de crises", a-t-il déclaré, estimant que "ceux qui ne changent pas, qui s'agrippent aux vieilles postures, disparaîtront".

• La réforme des retraites suspendue "jusqu'à l'élection présidentielle"

"La réponse est oui". Sébastien Lecornu l'a assuré: le gouvernement est prêt à un nouveau débat sur l'avenir de notre système de retraites. "Je ressens ce que la dernière réforme (de 2023, NDLR), pourtant nécessaire, a provoqué", a-t-il souligné.

"Une réforme sociale aussi nécessaire soit-elle ne peut tenir que si elle est comprise et équitable", s'est-il justifié, annonçant alors la suspension de cette réforme des retraites "jusqu'à l'élection présidentielle". Cela concerne à la fois la question des 64 ans mais aussi l'allongement du nombre des trimestres.

"Aucun relèvement de l'âge n'interviendra à partir de maintenant jusqu'à janvier 2028, comme l'avait précisément demandé la CFDT. En complément, la durée d'assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu'à janvier 2028", a-t-il détaillé.

Selon le Premier ministre, cette suspension coûtera "400 millions d'euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027". Depuis la tribune de l'Assemblée nationale, Sébastien Lecornu a proposé d'organiser dans les prochaines semaines une "conférence" sur les retraites et le travail en accord avec les partenaires sociaux.

• Un budget avec "une maîtrise des comptes publics" et une "contribution" des plus riches

"Je ne serai pas le premier ministre d’un dérapage des comptes publics", a martelé Sébastien Lecornu face aux députés. Il a ainsi détaillé une partie de son projet de budget pour 2026. Celui-ci contient "une maîtrise des comptes publics qui réduira le déficit".

"Comme je l’ai déjà annoncé, dans tous les cas de figure, à la fin de la discussion budgétaire, ce déficit devra être à moins de 5% du PIB", a déclaré le Premier ministre, reconnaissant notamment des "anomalies" dans la fiscalité des très grandes fortunes.

Sébastien Lecornu a notamment mentionné une "contribution exceptionnelle des grandes fortunes" ou "des baisses d’impôts pour les petites et moyennes entreprises".

En outre, il a annoncé qu'il porterait lui-même les débats budgétaires. Ce sont traditionnellement les ministres de l'Économie et des Comptes publics qui défendent les projets de loi budgétaires. "La loi se fera ici, pas à Bercy", a lancé l'ancien ministre des Armées.

• Un "gouvernement de mission" qui entend "partager le pouvoir avec le Parlement"

Sébastien Lecornu dit avoir accepté "la mission" donnée par Emmanuel Macron pour tenter de sortir le pays de la crise politique actuelle. "J'ai proposé un gouvernement de mission, d'objectifs", a souligné le Premier ministre.

"Ce gouvernement incarne le renouvellement avec l’entrée d’experts parmi les plus compétents de notre pays", a-t-il dit. L'exécutif compte pourtant de nombreuses figures déjà là sous François Bayrou à l'instar d'Aurore Bergé, Gérald Darmanin ou Maud Bregeon.

Ce gouvernement "ne marchera qu'avec l'Assemblée nationale et le Sénat", a-t-il assuré, confirmant avoir renoncé à utiliser l'article 49.3 de la Constitution. Selon Sébastien Lecornu, il s'agit là de "la garantie pour l’Assemblée nationale que le débat, notamment budgétaire, mais pas seulement dans tous les domaines, vivra, ira jusqu’au bout, jusqu’au vote".

"Et sans 49.3, sans majorité absolue, le Parlement aura le dernier mot. C’est sa responsabilité et nous devons lui faire confiance", a souligné Sébastien Lecornu, déclarant que "chaque vote sera un acte".

• Sébastien Lecornu appelle à un "nouvel acte de décentralisation"

Le Premier ministre promet un "nouvel acte de la décentralisation" par un projet de loi déposé au mois de décembre, avec comme objectif "d'améliorer le fonctionnement de tous nos services publics".

"Je proposerai un principe simple, celui de l'identification d'un seul responsable par politique publique. Il s'agira soit d’un ministre, soit d’un préfet, soit d’un élu", a-t-il détaillé.

Ce texte permettra notamment d'évoquer le cas de la Corse, des Antilles et de la Guyane. Il a également proposé de transcrire les accords de Bougival, concernant la situation politique de la Nouvelle-Calédonie, dans la Constitution "avant la fin de l’année", "afin que les Calédoniens puissent être consultés au printemps". Le projet de loi constitutionnelle a été présenté ce mardi matin en Conseil des ministres. L'accord de Bougival, signé le 12 juillet, prévoit entre autres la création d'un "État de la Nouvelle-Calédonie" inscrit dans la Constitution française.

Salomé Robles