Algérie: l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal condamné à cinq ans de prison en appel

L'écrivain Boualem Sansal, à l'Académie française à Paris le 29 octobre 2015. - FRANCOIS GUILLOT / AFP
L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel ce mardi 1er juillet à cinq ans de prison, alors qu'il était accusé d'"atteinte à l'unité nationale", "outrage à corps constitué", "pratiques de nature à nuire à l'économie nationale" et "détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays".
La cour d'appel d'Alger a ainsi confirmé le verdict de première instance. "Vous avez huit jours pour introduire un pourvoi en Cassation", a déclaré en français la présidente à l'attention de Boualem Sansal, après avoir lu l'énoncé du verdict en arabe.
Interrogé par l'AFP, le nouvel avocat français de l'écrivain, Me Pierre Cornut-Gentille, arrivé ces derniers jours à Alger, n'a pas voulu se prononcer sur cette éventualité. "Je n'ai pas de déclarations à faire, je dois rendre visite à mon client pour discuter avec lui d'un éventuel pourvoi", a-t-il dit.
Le défenseur de Boualem Sansal, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer de la prostate, a expliqué l'avoir "rencontré hier (lundi), il va bien".
L'écrivain franco-algérien avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
"On peut imaginer que des mesures de grâce soient prises"
Le Premier ministre français François Bayrou a dit espérer "des mesures de grâce" de la part du président algérien Abdelmadjid Tebboune.
"La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu'il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises", a déclaré le chef du gouvernement français en marge d'un déplacement au ministère de l'Intérieur sur la canicule.
"Je sais que toutes les instances exécutives, depuis le président de la République jusqu'au gouvernement, agissent en ce sens de manière à ce que l'humanité triomphe", a ajouté François Bayrou.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui avait défendu une "riposte graduée" à l'égard de l'Algérie dans cette affaire, a affirmé aux côtés du Premier ministre qu'il ne voulait "gâcher aucune chance, d'ici notamment la fin de la semaine, pour que Boualem Sansal puisse être libéré".
L'écrivain fait l'objet d'une âpre lutte diplomatique entre l'Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024. Cette affaire a envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024 par la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.