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Mobilisation de syndicats, de gilets jaunes, et transports toujours perturbés pour ce 24e jour de grève

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 28 décembre 2019

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 28 décembre 2019 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Pour cette 24e journée de grève contre la réforme des retraites, les syndicats avaient appelé à la mobilisation dans les rues de Paris, mais aussi dans plusieurs villes de province.

Nouveau week-end difficile pour les usagers du train et des transports parisiens, en plein chassé-croisé de vacanciers: la France vit ce samedi son 24e jour de grève, marqué par des manifestations locales à l'appel des syndicats les plus mobilisés contre la réforme des retraites.

A l'approche du réveillon du Nouvel an, la contestation sociale contre le projet de système "universel" par points voulu par Emmanuel Macron se dirige vers un nouveau record. Désormais plus long que celui de 1995 dans les transports (22 jours), le conflit pourrait dépasser les 28 jours atteints en 1986-1987 à la SNCF, également sans trêve de Noël. D'autant que la reprise des concertations entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales n'est prévue que pour le 7 janvier.

Plusieurs manifestations organisées en France

En attendant, plusieurs syndicats ont appelé à des rassemblements samedi, auxquelles devaient se joindre des gilets jaunes. A Paris, la manifestation interprofessionnelle organisée par les unions régionales CGT, FO, Solidaires et FSU, s'est élancée de la gare du Nord à 13 heures, tandis qu'environ 300 gilets jaunes, dont Jérôme Rodrigues, une figure du mouvement, sont partis de la place de la Bourse peu avant 12h30, avant de rejoindre la manifestation des syndicats.

Des incidents ont éclaté en milieu d'après-midi aux environs de Beaubourg lorsque des manifestants ont tenté de sortir de l'itinéraire prévu et validé par la préfecture de police de Paris. D'après des sources concordantes à BFMTV, Jérôme Rodrigues a d'ailleurs été blessé à l'oeil alors qu'il tentait de négocier pour sortir du tracé prévu. Le cortège est ensuite reparti sans incidents et arrive bientôt à la fin du parcours à Châtelet.

La CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, appelait aussi à manifester dans de nombreuses villes en région, comme Rennes, Le Mans, Nancy ou Saint-Etienne.

20% de trains en plus ce week-end

Pour les voyageurs, la situation dans les transports restait compliquée, avec en moyenne 6 TGV sur 10 et 1 Transilien sur 5 en circulation jusqu'à dimanche soir, et encore six lignes de métro fermées ce samedi à Paris.

La SNCF prévoit la circulation de trois TER sur dix samedi, 4 TER sur dix dimanche, et une moyenne sur le week-end de trois Intercités sur dix.

"Aujourd'hui, il y a du mieux, avec 20% de trains en plus", a affirmé samedi la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, à l'issue d'une visite au Centre national des opérations ferroviaires de la SNCF, près de la gare de l'Est.

"Ce que l'on peut dire aujourd'hui c'est qu'il y a 800.000 places offertes ce week-end et à ce stade 500.000 voyageurs. Ca veut dire qu'il y a des places dans les trains pour ceux qui ont besoin de se déplacer ce week-end", a-t-elle ajouté.

Le gouvernement "aux abonnés absents"

Malgré les appels d'Emmanuel Macron, mais aussi du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui soutient le principe d'un système universel de retraite même s'il s'oppose à l'instauration d'un âge pivot (tout comme la CFTC et l'Unsa), aucune trêve n'est intervenue pour les fêtes de fin d'année. L'Unsa ferroviaire a invité à "une pause pour les vacances", sans être toujours suivie par sa base.

"Ce qu'il y avait à obtenir sur les régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP, on l'a obtenu, le sujet n'est pas là. Le sujet maintenant c'est d'obtenir des garanties pour l'ensemble des salariés", a estimé un responsable de ce syndicat, Thierry Marty, samedi sur BFMTV. Il a prévenu que les cheminots seraient "capables, si les négociations de début janvier se passent mal, de se remobiliser plus fort qu'ils ne le sont aujourd'hui".

Après des jours de silence, la prise de parole du président de la République le 31 décembre, pour ses voeux aux Français, est très attendue.

"Pendant qu'il y en a un qui est au fort de Brégançon (...), ici il y a des salariés qui font le choix de poursuivre leur mouvement de grève", a taclé samedi le secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, depuis un dépôt de bus à Asnières (Hauts-de-Seine).

La "situation de blocage" est "provoquée par ce gouvernement", qui est "aux abonnés absents", a-t-il dénoncé.

Mélanie Rostagnat avec AFP