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Sébastien Lecornu nommé Premier ministre: quand devrait être formé le nouveau gouvernement

Cérémonie de passation de pouvoir entre les Premiers ministres sortant et nouvellement nommé, François Bayrou et Sébastien Lecornu, à l'hôtel Matignon à Paris, le 10 septembre 2025.

Cérémonie de passation de pouvoir entre les Premiers ministres sortant et nouvellement nommé, François Bayrou et Sébastien Lecornu, à l'hôtel Matignon à Paris, le 10 septembre 2025. - MAGALI COHEN

Le nouveau Premier ministre ne peut pas se permettre de faire durer les échanges avec les partis politiques trop longtemps, car le projet de budget qu'il veut remanier doit être présenté rapidement au Conseil d'État. Les syndicats doivent également avoir un interlocuteur au ministère du Travail avant la mobilisation du 18 septembre.

Un homme pressé à Matignon. Nommé ce mardi 10 septembre au soir dans la foulée du renversement du gouvernement de François Bayrou, Sébastien Lecornu doit faire vite pour nommer son équipe ministérielle.

Et pour cause. Le budget de l'État et de la sécurité sociale, attendus pour l'automne, sont bornés dans le temps par la Constitution et ne peuvent pas être portés par des ministres démissionnaires comme c'est actuellement le cas.

Calendrier express

Le budget doit en effet être déposé au plus tard le 7 octobre à l'Assemblée nationale, après avoir été soumis pour avis au Haut conseil des finances publiques et au Conseil d'État, le tout après avoir été présenté en Conseil des ministres.

Le tout alors même que le nouveau Premier ministre a promis "des ruptures" sur "le fond", laissant entendre que la copie budgétaire proposée par François Bayrou avant le fiasco du vote de confiance allait être largement modifié.

Aller très vite, oui, mais tout en jouant avec doigté pour parvenir à élargir son socle à l'Assemblée nationale. En l'état actuel des forces au Palais-Bourbon et de la situation politique, rien ne permet pour l'instant à Sébastien Lecornu d'éviter la censure dans quelques semaines au moment de l'examen du budget.

"Dans un monde parfait, on arrive à arrimer quelques socialistes ou quelques ex-socialistes prêts à monter dans le bateau", veut croire un député macroniste auprès de BFMTV.

Faire venir des socialistes

Nouveau conclave sur les retraites, création d'une taxe portée par l'économiste Gabriel Zucman sur les patrimoines qui dépassent les 100 millions d'euros, fin des exonérations patronales sur les bas salaires... Le parti dirigé par Olivier Faure a déjà posé ses conditions pour ne pas censurer l'ancien ministre de la Défense.

Mais pour l'instant, les socialistes n'ont pas encore été reçus à Matignon, contrairement aux représentants du socle commun ce mercredi et ce jeudi.

"On nous dit qu'il veut négocier mais en attendant, ce sont bien les LR qu'il reçoit en premier", tance le député PS Philippe Brun.

À priori, l'ensemble de la gauche sera invitée en début de semaine prochaine à Matignon. Sur le papier, on imagine cependant mal des figures très identifiées des écologistes ou des socialistes franchir le Rubicon pour rejoindre Sébastien Lecornu.

D'autant plus que plusieurs visages du gouvernement ont déjà annoncé leur intention de rester en poste à l'instar du ministre de la Justice Gérald Darmanin. Le maintien de Rachida Dati à la Culture ou encore de Bruno Retailleau à l'Intérieur semble également très bien engagé.

Bref, le casting a tout d'un repoussoir pour des élus de gauche. Pour l'instant, seul le député européen et patron de Place publique Raphaël Glucksmann s'est dit ouvertement prêt à travailler avec les LR et la macronie en cas de pacte de non-censure.

L'horizon de la mobilisation syndicale du 18 septembre

Élargissement ou non du socle commun au gouvernement, Sébastien Lecornu pourrait bien avoir pour volonté de boucler sa nouvelle équipe d'ici le 18 septembre, date qu'ont choisi les syndicats pour leur première mobilisation depuis la rentrée.

Avec des ministres démissionnaires comme c'est actuellement le cas, impossible de faire recevoir par exemple les syndicats par l'actuelle ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet.

Quant au maintien de l'ordre, le locataire de la place Beauvau voit ses pouvoirs restreints. En cas d'échauffourées liées aux suites du mouvement du 10 septembre qui a réuni 197.000 manifestants dans l'Hexagone ce mercredi soir, la situation pourrait vite devenir inconfortable.

"Si je devais miser sur un moment, je pense qu'on sera fixé sur le nouveau gouvernement au maximum d'ici la fin de la semaine prochaine", tranche un conseiller ministériel. En décembre dernier, François Bayrou, lui aussi face à une situation politique aux allures de casse-tête, avait mis dix jours à nommer son équipe ministérielle.

Marie-Pierre Bourgeois