Voter Le Pen ou Macron au second tour? Les électeurs de Zemmour hésitent

Malgré l'appel de l'ancien candidat à soutenir Marine Le Pen le 24 avril prochain, les sympathisants de Reconquête pourraient bien finalement accorder leurs suffrages au président sortant.

Et si c'était les électeurs d'Éric Zemmour qui détenaient en partie la clef du second tour en se retrouvant en mesure d'arbitrer le match entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron?

Si les projections des intentions de vote montrent que les sympathisants de Reconquête! devraient suivre la consigne de vote de l'ancien éditorialiste qui a appelé à soutenir le RN, certains dans les rangs du parti envisagent plutôt un vote blanc voire même un vote en faveur du président sortant.

"Je sais que certains de mes électeurs ne voteront pas pour Le Pen"

"Je ne peux pas rester les bras croisés face aux maux qui guettent notre pays. J’ai bien des désaccords avec Marine Le Pen, je les ai abordés durant cette campagne. Mais il y a face à elle un homme qui a fait entrer deux millions d’immigrés (...). C’est la raison pour laquelle j’appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen", a martelé l'ex-candidat dimanche soir, sonné par sa sèche défaite (7% des voix).

78% des personnes qui ont voté pour lui au second tour seraient d'ailleurs prêtes à accorder leur voix au RN d'après un sondage Ipsos-Sopra-Steria pour France info et Le Parisien. 9% voteraient en faveur d'Emmanuel Macron et 13% s'abstiendraient ou voteraient nul ou blanc. Cette étude d'opinion laisse pourtant songeur dans l'entourage de l'ancien candidat. Éric Zemmour lui-même a laissé la porte ouverte à d'autres choix de ses électeurs.

"Je sais que certains de mes électeurs ne voudront pas voter pour elle, je ne les juge pas", a d'ailleurs avancé l'ancien journaliste du Figaro le soir du premier tour.

"Des gens qui, peut-être, voteront Macron"

De quoi donner du grain à moudre à ses lieutenants.

"Il a donné des consignes de vote mais je ne sais pas si elles seront suivies. Je ne suis pas certain que l'électorat votera en bloc pour Marine Le Pen. J'ai vu dans des salles pendant des mois des gens qui ne voteront pas pour elle, qui peut-être resteront chez eux, peut-être voteront Macron", a jugé Olivier Ubéda, le responsable des meetings de la campagne sur BFMTV lundi.

Même son de cloche du côté de Philippe Izraelewicz, coordinateur du mouvement pour l'Île-de-France .

"Quand on voit le mépris qu'a accordé Marine Le Pen à nos électeurs pendant la campagne de premier tour, ce qui est le jeu d'une certaine façon, mais surtout lundi et mardi, après notre défaite... Ça ne donne vraiment pas envie de voter pour elle", confie-t-il à BFMTV.com

Des électorats qui ont des points communs

Il faut dire que ces derniers jours, la candidate du RN n'a pas vraiment arrondi les angles avec l'ancien polémiste, avec qui elle a croisé le fer depuis des mois.

"J"ai exprimé tout au long de la campagne les divergences que nous pouvons avoir. Il n'en a pas le souhait (de rentrer dans mon gouvernement), je n'en ai pas le souhait non plus", a d'ailleurs expliqué la candidate sur France Inter mardi.

De son côté, le maire RN de Perpignan Louis Aliot a formellement exclu la tenue d'un meeting commun entre sa candidate et le leader de Reconquête! d'ici le second tour.

"Je pense que ça serait inutile", a-t-il jugé sur BFMTV le même jour.

La sociologie de l'électorat d'Emmanuel Macron et d'Éric Zemmour présente également des points communs. Ils séduisent tous deux davantage un électorat relativement âgé alors que Marine Le Pen fait, elle, le plein de voix chez les 18-49 ans. Reconquête! séduit également un électorat relativement plus aisé que celui de Marine Le Pen.

Le président-candidat est crédité de 53,5% d'intentions de vote au second tour contre 46,5% pour Marine Le Pen selon notre dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois