"Une forme de mépris absolu": Faure fustige l'annonce du gouvernement Bayrou pendant la journée de deuil à Mayotte

Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a jugé sur BFMTV-RMC "scandaleuse" la nomination du nouveau gouvernement Bayrou, lundi 23 décembre, le jour du deuil national à Mayotte. Selon le socialiste, cette annonce pouvait attendre la rentrée et ne souffrait d'aucun impératif.
"Hier, c'était un jour de deuil national et ce que chacun a pu constater, c'est que même cette journée de deuil n'était pas respectée. Pour quel autre département français aurait-on accepté de ne pas aller jusqu'au bout de la journée et de saturer les antennes dès le soir sur la nomination d'un nouveau gouvernement? C'est scandaleux", a confié, agacé, Olivier Faure sur le plateau de BFMTV.
"Imaginez que ce soit, je ne sais pas, un département d'Île-de-France, un département breton, un département de quelques régions que ce soit qui aurait connu une telle tragédie dont on ne sait même pas quel est le nombre de morts au moment où l'on se parle et que ce moment-là ne soit pas respecté. Il y a une forme de mépris", a-t-il conclu.
Le "scénario de l'indécence"
La députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa avait interpellé lundi Emmanuel Macron et François Bayrou sur le risque d'"indécence et de mépris" de l'annonce d'un nouveau gouvernement un jour de deuil national.
L'élue s'était exprimée à ce sujet au micro de France Inter lundi matin évoquant "l'obsession générale de la classe politique à Paris" davantage axée sur le remaniement ministériel que sur la catastrophe vécue par les Mahorais.
"Je trouve que c'est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre", a-t-elle martelé au micro du 6/9. "On s'en fout de Mayotte, c'est grave."
Un bilan humain encore incertain
Depuis le passage du cyclone Chido sur l'archipel de Mayotte le 14 décembre dernier, la situation sanitaire et humanitaire sur place est des plus préoccupantes. Il est toujours impossible d'établir un bilan humain définitif, faute d'accès à certaines zones. Plusieurs villages sont, en effet, totalement coupés du monde.
Ce lundi 23 décembre, la Légion étrangère, présente dans l'archipel, a été mobilisée afin d'apporter de l'eau potable aux sinistrés particulièrement agacés par un "manque de communication" du gouvernement à ce sujet. Sur le terrain, les militaires doivent ainsi faire face à une vague de colère qui ne faiblit pas.
En déplacement à Mayotte jeudi 19 et vendredi 20 décembre derniers, Emmanuel Macron s'était lui-même confronté à l'émotion des Mahorais. Dans plusieurs séquences vidéos partagées sur les réseaux sociaux, le président de la République tente, tant bien que mal, de rassurer la population locale.
Le Premier ministre François Bayrou a estimé lundi soir que le nombre de morts après le passage du cyclone Chido à Mayotte se chiffrerait en "dizaines" et non "milliers" et serait très inférieur aux "chiffres alarmistes" avancés.
Une déclaration qui a "surpris" et "choqué" Olivier Faure. Les chiffres officiels font actuellement état d'un bilan provisoire de 35 morts et environ 2.500 blessés. Mais le préfet de Mayotte avait estimé le 15 décembre, peu après le passage du cyclone, que la catastrophe avait fait "certainement plusieurs centaines" de morts à Mayotte, "peut-être" même "quelques milliers.