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Gouvernement

"Un scénario de l'indécence": une députée de Mayotte demande à Bayrou de ne pas nommer son gouvernement le jour du deuil national

La députée de Mayotte Estelle Youssouffa à l'Assemblée nationale le 16 février 2024

La députée de Mayotte Estelle Youssouffa à l'Assemblée nationale le 16 février 2024 - Ludovic MARIN / AFP

La députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa met en garde contre un "scénario de l'indécence et du mépris" si le gouvernement est dévoilé ce lundi 23 décembre, journée de deuil national.

Le "scénario de l'indécence et du mépris". Ce lundi 23 décembre, la députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa, a interpellé Emmanuel Macron et son Premier ministre François Bayrou et les met en garde contre ce qu'elle nomme un "scénario de l'indécence et du mépris pour les Mahorais(es) toujours en détresse absolue", si "le deuil national pour Mayotte" se transforme en "journée d'annonce du nouveau gouvernement."

L'élue répondait sur le réseau social au report de l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale formée par François Bayrou et qui pourrait donc être dévoilée ce lundi.

"On s'en fout de Mayotte, c'est grave"

En cette journée de deuil national, en solidarité avec l'archipel dévasté par le cyclone, les drapeaux sont en berge et une minute de silence doit être observée à la mi-journée, notamment dans les services publics.

"L'obsession générale de la classe politique à Paris, c'est le remaniement. Et on voit même le Premier ministre qui semble envisager de faire un remaniement un jour de deuil national", dénonce Estelle Youssouffa ce lundi au micro de France Inter. "Je trouve que c'est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre", ajoute la députée, qui tranche: "on s'en fout de Mayotte, c'est grave."

Une "opération de communication" de Retailleau

Depuis le passage meurtrier du cyclone Chido, qui a fait, selon un dernier bilan toujours provisoire, au moins 35 morts et près de 2.500 blessés, la députée Liot de Mayotte Estelle Youssouffa n'a de cesse de dénoncer la situation dans le département ultra-marin ravagé.

"Monsieur Retailleau a fait son opération de communication à Mayotte, a laissé les parlementaires derrière lui, il a amené des journalistes et il est reparti", a également dénoncé l'élue centriste sur France Inter ce lundi, accusant le ministre de l'Intérieur démissionnaire de "proclamer des informations qui sont fausses".

"Il n'y a pas d'eau à Mayotte", martèle Estelle Youssouffa, dénonçant "les membres du gouvernement qui font de la com', comme si de rien n'était", "dans cette île qui est dans une grande détresse humanitaire, qui est un désert sanitaire." Dès le lendemain du passage du cyclone Chido, la députée appelait l'exécutif à déclarer l'état d'urgence pour "protéger personnes et biens".

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Inquiétude autour de la reconstruction des bidonvilles

Pour l'élue Liot, l'urgence, aujourd'hui, est aussi de ne pas "laisser se reconstruire les bidonvilles", qui sont "des cimetières à ciel ouvert" et un danger pour la population survivante.

"On est face à des charniers à ciel ouvert. Il n'y a pas de sauveteurs. Personne n'est venu récupérer les corps ensevelis", avait déjà interpellé jeudi dernier lors de la visite présidentielle la députée (Liot) Estelle Youssouffa.

Un sujet sur lequel elle avait par ailleurs déjà épinglé Jean-Luc Mélenchon, qui dénonçait un "pouvoir méprisant et incapable, occupé par son nombril, (qui) n'a rien prévu ni organisé". Estelle Youssouffa rétorquait alors: "Comme si un cyclone n'est pas suffisant, Mayotte doit aussi subir l'hypocrisie de Jean-Luc Mélenchon et LFI qui s'étaient opposés à la destruction des bidonvilles qui sont aujourd'hui des cimetières."

Lors de sa visite à Mayotte, où un couvre-feu nocturne reste en vigueur, Emmanuel Macron avait promis une loi spéciale pour "rebâtir Mayotte" et "mettre fin" aux bidonvilles, ce qui pourrait prendre deux ans selon le nouveau Premier ministre François Bayrou.

Lucie Valais Journaliste BFMTV