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Gouvernement: rivalité régionale, "haine" du RN... Pourquoi le cas Xavier Bertrand crispe Marine Le Pen

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Xavier Bertrand entretient une longue histoire d'animosité avec le Rassemblement national, avec qui il ferraille dans son fief des Hauts-de-France. Alors que François Bayrou compose son gouvernement, le parti d'extrême droite fait pression pour que l'élu LR ne s'empare pas d'un ministère trop important.

C'est l'un des points de blocage qui a empêché François Bayrou de dévoiler son équipe gouvernementale ce dimanche 22 décembre. Le Premier ministre réfléchit au portefeuille qu'il pourrait attribuer à Xavier Bertrand, mais redoute la réaction du Rassemblement national si cet ardent adversaire du parti d'extrême droite se voyait attribuer un poste de premier plan.

En cas d'arrivée du patron LR des Hauts-de-France au poste de garde des Sceaux, "la pression pour une censure sera difficile à contenir", a mis en garde l'entourage de Marine Le Pen auprès de BFMTV.

Plus tôt dans la journée, sur notre antenne, le vice-président du RN Sébastien Chenu a affirmé que l'arrivée du président de la région Hauts-de-France au gouvernement constituerait un "bras d'honneur" fait au Rassemblement national.

"Une hostilité, voire de la haine"

Et pour cause, il y a, entre Xavier Bertrand, et le Rassemblement national un long passif de détestation mutuelle.

"Le RN jamais", "ce sont des bons à rien", "la seule compétence du RN c'est de savoir capter la colère des Français", "menteurs", "charlots"... Envers le parti d'extrême droite, Xavier Bertrand n'est pas en reste et multiplie les critiques, dénonçant notamment ses "rétropédalages permanents".

"Je ne vous cache pas que j'ai toutes les réserves, humainement, sur Xavier Bertrand, mais au-delà de ma satisfaction personnelle, c'est politiquement intéressant, parce que Xavier Bertrand est le seul des candidats qui a toujours exprimé une hostilité, voire de la haine, à l'égard du Rassemblement national, et de moi-même d’ailleurs", affirmait en 2021 Marine Le Pen, lors de la défaite de Xavier Bertrand au congrès des Républicains.

Comme le rappelle Le Figaro, dès 2012, tout juste éliminée du premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen avait inscrit Xavier Bertrand sur une "liste noire" où étaient répertoriés les noms de personnalités PS ou UMP qui ont eu à l'égard des "électeurs FN un comportement particulièrement méprisant, haineux, insultant et antidémocratique" et qu'elle avait appelé à faire battre aux législatives.

Mais le contentieux entre les deux protagonistes s'ancre surtout à partir de 2015, lorsque Xavier Bertrand remporte la région des Hauts-de-France face à Marine Le Pen, à la faveur d'un "front républicain" et d'un retrait du candidat de gauche. Au soir du premier tour pourtant, Marine Le Pen était en tête avec plus de 40% des voix contre 25% pour son concurrent.

"Briser les mâchoires" du RN

Durant son mandat, Xavier Bertrand se revendique alors d'une droite "sociale", cherchant à empêcher les électeurs, notamment de classe populaire, de voter pour ses rivaux du Rassemblement national. De son côté, les élus d'extrême droite reprochent régulièrement à Xavier Bertrand sa, disent-ils, proximité avec Emmanuel Macron et la macronie en général.

Selon Le Figaro, cette opposition a donné lieu à des séances électriques entre la majorité et la seule opposition au Conseil régional des Hauts-de-France.

Aux élections régionales de 2021, Xavier Bertrand est reconduit à la tête de la région. Cette fois, il devance très largement le Rassemblement national, représenté par Sébastien Chenu alors que Marine Le Pen était concentrée sur la course à l'Élysée. Le soir des résultats du second tour, Xavier Bertrand se félicite alors d'avoir "brisé les mâchoires" du Rassemblement national. Une expression qui ne passe pas.

'"On ne peut pas parler comme une racaille de banlieue, ou alors après il ne faut pas se plaindre des violences que subissent les élus", avait commenté quelques jours plus tard Marine Le Pen.

Veto du RN

En septembre dernier, quand Xavier Bertrand était pressenti pour Matignon, le RN, fort de ses 126 députés, avait déjà mis son veto et menacé de renverser un gouvernement dirigé par son opposant historique.

Depuis, Xavier Bertrand n'a pas modéré ses attaques contre le parti d'extrême droite. Le président LR des Hauts-de-France a encore récemment critiqué le "grand numéro d'hypocrisie" joué selon lui par le RN quand ce dernier a dénoncé une "atteinte à la démocratie" après la peine d'inéligibilité requise contre Marine Le Pen au procès des assistants des eurodéputés.

"La démocratie, c'est aussi le respect de la justice", a-t-il insisté, rappelant qu'en 2004, au moment du procès d'Alain Juppé dans le dossier des emplois fictifs du RPR, où le potentiel candidat à la présidentielle avait été touché par une peine d'inéligibilité, Marine Le Pen avait estimé qu'"il y en a marre de ces élus qui détournent de l'argent".

François Blanchard et Salomé Roblès