Conseil des ministres, discours de politique générale... Ce qui attend François Bayrou et son gouvernement

François Bayrou à Matignon le 23 décembre 2024 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Un accouchement dans la douleur qui laisse maintenant place à la suite. Après avoir nommé son gouvernement, François Bayrou va pouvoir désormais se projeter sur 2025 avec l'espoir d'éviter la censure dans les prochains mois et parvenir à faire adopter un budget de l'État et de la sécurité sociale.
• Le conseil des ministres le 3 janvier
Le dernier conseil des ministres, dirigé par Michel Barnier, remonte au 11 décembre dernier. Plutôt discret sur la scène politique - à l'exception d'une visite houleuse à Mayotte - Emmanuel Macron devrait donner le ton de ses relations avec son nouveau Premier ministre à l'occasion du premier conseil des ministres de l'ère Bayrou le 3 janvier.
Le chef de l'État avait évoqué "une coexistence exigeante" lors de la nomination de Michel Barnier. Le président pourrait cette fois prendre une autre tonalité avec le centriste. Si les deux hommes sont proches, son arrivée à Matignon tout comme ses premiers pas au gouvernement ont heurté à plusieurs reprises Emmanuel Macron.
François Bayrou devrait également lors de son premier Conseil des ministres donner des consignes à ses troupes que ce soit en matière de déplacement ou d'expression publique. Plutôt flou jusqu'ici sur le fond de la politique qu'il souhaite mener, le Premier ministre pourrait également commencer à distiller ses intentions pour son passage à Matignon.
• Le discours de politique générale le 14 janvier
Après un premier grand oral devant les députés la semaine dernière qui n'a pas convaincu, François Bayrou va enfin dévoiler ce qu'il compte faire à la tête du gouvernement.
Le locataire de Matignon devrait donner précisement sa vision de la réduction des dépenses publiques pour parvenir à baisser le déficit. Ancien ministre de l'Éducation nationale et lui-même ancien professeur, beaucoup l'attendent sur la baisse du nombre d'enseignants prévus dans le budget 2025.
Il devrait également développer la question des politiques migratoires, l'un des engagements qu'il a pris auprès du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Il est peu probable qu'il reprenne à son compte une grande loi immigration mais devrait potentiellement plutôt annoncer la reprise de propositions de lois comme sur l'augmentation de la durée en centre de rétention pour les personnes sans-papiers ou encore le retour du délit de séjour irrégulier.
François Bayrou reprendra-t-il à son compte le projet de loi sur la fin de vie qui devait faire son retour à l'Assemblée fin janvier? La question est entière alors que le centriste est historiquement méfiant sur ce sujet.
François Bayrou est attendu au tournant sur un plan de lutte contre la soumission chimique, mis en lumière par le procès des viols de Mazan et de la victime Gisèle Pélicot. Il avait été promis par Michel Barnier.
• Une motion de censure autour du 16 janvier?
François Bayrou a déjà prévenu: il ne sollicitera pas de vote de confiance à l'issue de son discours de politique générale. Et pour cause: il risquerait fort d'être immédiatement renversé faute de majorité.
Mais en l'absence de ce vote de confiance, La France insoumise a déjà annoncé vouloir déposer une motion de censure dans la foulée qui a toutes les chances d'être examinée autour du 16 janvier. Sur le papier, elle n'a pour l'instant guère de chance d'être adoptée. Si l'ensemble de la gauche pourrait bien la voter, le choix du RN est pour l'instant suspendu.
En l'absence de nomination de Xavier Bertrand au gouvernement, avec qui les relations sont tendues, les troupes de Marine Le Pen pourraient vouloir donner une chance à François Bayrou pendant quelques mois.
• Le budget de l'État voté autour de mi-février?
C'est la mission principale de François Bayrou: parvenir à faire adopter des lois de finances pour 2025, au point mort depuis la chute de Michel Barnier début décembre. Le Premier ministre a affirmé espérer l'adoption d'un budget "à la mi-février", en reconnaissant n'être "pas sûr d'y arriver".
Les débats s'annoncent déjà très houleux avec la nécessité de parvenir à contenir le déficit autour" de 5% ou "un peu plus" en 2025 comme il l'a expliqué ce lundi soir sur BFMTV. Une vraie gageure dans un contexte d'explosion du déficit qui dépasse désormais les 6%.
Si la gauche va batailler ferme sur ce dossier - Bayrou a déjà exclu le retour de l'impôt sur la fortune, réclamée par tout le NFP - la droite et la macronie ne devraient pas être plus tendres.
Le chef du gouvernement ne semble en effet pas avoir renoncé aux hausses d'impôts ciblées figurant dans le projet de loi de finances pour 2025 préparé par le gouvernement Barnier qui avaient fait grincer des dents une partie de l'hémicycle.
Le calendrier est pour le moins serré: quoiqu'il arrive, la navette parlementaire chargée de l'examen du budget devrait s'achever d'ici au 24 février, date des vacances hivernales de l'Assemblée.
En l'absence de consensus d'une large partie de l'hémicycle et seulement "en cas de dernière extrémité", François Bayrou sera contraint d'utiliser le 49.3, cette cartouche institutionnelle qui permet de faire adopter un texte sans vote.
Le centriste se retrouverait alors dans une posture similaire à Michel Barnier avec le dépôt d'une motion de censure qui pourrait alors le faire tomber si le RN la soutenait.