Le fils de Gisèle Pelicot demande à François Bayrou de s'emparer de la lutte contre la soumission chimique

Au lendemain du verdict du procès des viols de Mazan, une demande très symbolique. David Pélicot, le fils de Gisèle Pelicot en appelle au chef de l'État et au nouveau Premier ministre pour lancer un plan de lutte contre la soumission chimique.
"Je le demande à Emmanuel Macron et François Bayrou. Nous comptons sur eux pour qu'ils puissent continuer le chantier pour lutter contre ce fléau", a-t-il expliqué sur BFMTV.
Un phénomène longtemps passé sous les radars
Le 25 novembre dernier, Michel Barnier avait annoncé un plan contre les violences faites aux femmes qui contenait notamment un volet contre la soumission chimique. Ce phénomène désigne l'administration de substances psychoactives comme des somnifères ou du GHB à l'insu d'une personne ou sous la menace, à des fins criminelles comme des viols.
Avec cette annonce, le Premier ministre d'alors mettait ses pas dans ceux de l'association M'endors pas, cofondée par la fille de Gisèle Pelicot et la députée Sandrine Josso, victime d'une tentative d'agression sexuelle par le sénateur Joël Guerriau sous soumission chimique.
Le procès, alors en cours, des viols de Mazan, faisait la lumière sur les viols dont avait été victime Gisèle Pelicot. Droguée pendant des années à son insu, son mari Dominique Pélicot l'avait livrée à des dizaines d'hommes recrutés sur Internet.
En dépit de très nombreux rendez-vous médicaux pendant ces années, liés à des problèmes neurologiques et gynécologiques, aucun médecin n'avait alors envisagé qu'elle puisse être violée à son insu.
Kits de dépistage et campagne de prévention
Pour répondre à la vague d'indignation qu'a soulevé cette affaire en France mais aussi à l'international, Michel Barnier avait annoncé l'expérimentation de kits pour dépister une soumission chimique remboursés par la Sécurité sociale dans plusieurs départements.
La mesure avait été demandée par le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) le 24 octobre dernier. Il avait appelé les pouvoirs publics à rendre "accessibles et remboursables" les tests permettant de détecter une soumission chimique, y compris sans dépôt de plainte, pour améliorer la prise en charge des potentielles victimes.
Salima Saa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, espérait également lancer "une campagne de prévention qui visait à faire connaître le phénomène de soumission chimique" avec une plateforme téléphonique qui permettait d'indiquer aux victimes potentielles de savoir "dans quel laboratoire, faire tester vos cheveux, vos prises de sang, votre urine".
"Le combat" de Gisèle Pelicot "nous oblige tous"
En attendant, François Bayrou, qui peine à constituer son gouvernement, ne s'est guère étalé sur le sujet. Interpellé mardi à l'Assemblée nationale, tout juste a-t-il concédé que "le combat" de Gisèle Pelicot "nous oblige tous et doit être poursuivi".
La question de la lutte contre la soumission chimique sera-t-elle évoquée de son discours de politique générale prévu le 14 janvier? Impossible de le dire.
Après quatre mois de débats, le procès des viols de Mazan s'est conclu ce jeudi par la peine maximale pour Dominique Pelicot, soit 20 ans de réclusion. Les 50 coaccusés ont, eux, été condamnés à des peines plus basses que celles réclamées par l'accusation.
3919
Le 3919 est le numéro d'écoute et d'orientation pour les femmes victimes de violences. Le numéro est gratuit, anonyme et accessible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Il permet d'orienter les femmes qui le contactent vers les associations et structures adaptées pour bénéficier d'un accompagnement.