Comment François Fillon prépare l'opération "dernière chance"

François Fillon veut tenter de reprendre la main. Alors que la chute dans les sondages se poursuit et que des "plans B" sont évoqués ouvertement par des élus LR, le vainqueur de la primaire de la droite et du centre voit sa fenêtre de tir se rétrécir.
De fait, le candidat envisage désormais de changer de stratégie et peut-être même faire un plateau de télévision en ce début de semaine, selon une information de Paris Match. En attendant, son état-major s'est réuni à 18 heures, ce dimanche, au siège de campagne Porte de Versailles, pour finaliser sa nouvelle stratégie.
"Il ne renoncera pas"
"Fillon ne renoncera pas" mais "il va changer de stratégie, être plus offensif dans sa défense", a assuré un de ses proches à l'Agence France-Presse -AFP). "Je n'exclus pas qu'il reconnaisse ses erreurs", a glissé le même homme.
"La vraie force de Fillon, c'est qu'il n'y a pas de plan B. Sauf un plan Bérézina. Il a gagné sur une ligne idéologique claire: transformation économique radicale et conservatisme sociétal".
Pour un ancien ministre filloniste, qui ne voit pas non plus "un autre scénario de substitution s'imposer".
"Il peut s'en tirer, sauf nouvelle surprise"
François Fillon "reste un très bon candidat. Il y a beaucoup de positif dans la balance mais il faut qu'il soit à l'initiative car nos électeurs sont troublés à juste titre. Je pense qu'il peut s'en tirer, sauf nouvelle surprise", affirme cet élu francilien.
Les précédentes "surprises" étaient venues du Canard enchaîné. Le volatile a enquêté sur l'entourage de François Fillon et a découvert que sa femme, Penelope aurait été rémunéré à hauteur de 900.000 euros pour deux emplois qu'elle n'aurait pas assurés. L'un à l'Assemblée comme assistante parlementaire, l'autre comme salariée à La Revue des deux mondes.
Ses enfants, Claire et Charles auraient aussi profité des largesses de leur père quand il était sénateur pour toucher environ 84.000 euros. Le parquet national financier a ouvert une enquête à la suite des révélations. Depuis, le candidat, son épouse et plusieurs membres de son entourage ont été entendus.
"Notre parti ne peut plus faire campagne"
Sur le terrain, les élus ont passé le weekend à essuyer des critiques. Après l'appel lancé sur Facebook par le candidat, vendredi, "les élus tiennent mais pas le terrain. Notre parti ne peut plus faire campagne", raconte un cadre LR.
"Dans ma commune, j'ai fait arrêter la distribution des tracts" car "ça se passait très mal pour nos militants sur le terrain", assurait un député-maire de la région parisienne.
A ses yeux, "bien sûr qu'il y a un plan B. C'est Alain Juppé. Il faut que Fillon débranche. Sinon, c'est la cata. Il nous emmène dans la falaise. S'il va à la présidentielle, c'est foutu pour la droite".
"Les retours de terrain sont très mauvais. L'image de probité de François Fillon est ternie. Il a abusé du système, le coup de ses enfants ne passe pas".
Après les grands meetings de ses adversaires ce dimanche, le candidat LR souhaite 68% des Français ne souhaitent pas que François Fillon maintienne sa candidature à la présidentielle, contre 32% qui y sont favorables, selon un sondage Ifop pour Le JDD.