Présidence des Républicains: après des soutiens de dernière minute, Laurent Wauquiez y croit encore

Laurent Wauquiez à Biarritz le 18 avril 2025 - Gaizka IROZ / AFP
Presque des porte-bonheurs? À une semaine du vote des militants Les Républicains pour élire leur nouveau président, l'entrée dans la danse de l'ancien patron de la droite Christian Jacob et de l'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux pour soutenir Laurent Wauquiez redonne le sourire à ses proches.
"C'est une très bonne nouvelle. Ça montre que ceux qui le connaissent lui font confiance et se disent qu'il est la bonne personne pour le parti", sourit l'un de ses proches Nicolas Daragon, maire de Valence et ex... ministre délégué de Bruno Retailleau.
Rouleau compresseur sur le terrain
Le président des députés LR a bien besoin de forcer sa chance. Rares sont les figures de droite bien identifiées par les militants à le soutenir, là où le ministre de l'Intérieur peut se targuer d'une épaisse liste de soutiens, du président du Sénat Gérard Larcher au numéro 1 des Hauts-de-France Xavier Bertrand en passant par le maire de Cannes David Lisnard ou encore l'ex-Premier ministre François Fillon...
"Et alors? Nous, au moins, on est soutenu par des gens qui n'ont pas changé d'avis 30 fois et qui ne sont pas devenus macronistes", tance une députée proche de Laurent Wauquiez qui rappelle que ce ne sont "pas les pontes parisiens qui votent mais les militants".
De quoi pousser l'ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes à ne pas s'attarder sur le manque de soutiens de l'état-major du mouvement et à ratisser le terrain.
Il faut dire qu'avec 130 meetings au compteur dans quasiment tous les départements, souvent au rythme de deux jours par jour, Laurent Wauquiez n'a pas ménagé ses efforts. L'occasion aussi pour lui de roder ses arguments contre Bruno Retailleau.
"Avec Bruno, pas de candidat LR en 2027"
En plus de l'idée que le cumul de poste entre l'Intérieur et la présidence LR serait quasiment impossible faute de temps et un éventuel manque d'indépendance pour dire non à François Bayrou en cas de désaccord, Laurent Wauquiez estime avoir fait un carton ces derniers temps en évoquant Édouard Philippe.
Dans son viseur: l'éventualité que Bruno Retailleau, une fois élu à la tête de la droite, renonce à se présenter à la présidentielle au profit de l'ex-Premier d'Emmanuel Macron.
"Quand dans les meetings, on dit qu'avec Bruno, il n'y aura pas de candidat LR en 2027, je vous jure que ça fait réfléchir les gens", explique le maire de Valence Nicolas Daragon.
Pour se défendre Bruno Retailleau explique qu'il a certes de "l'estime" pour Édouard Philippe mais qu'il "croit au clivage gauche-droite", assurant vouloir "reconstruire la droite".
"C'est de la pure désinformation, on n'a jamais évoqué son retrait en cas de candidature à la présidentielle avec qui que ce soit", s'agace de son côté le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse, l'un des proches du ministre de l'Intérieur.
"Pas à l'abri d'une surprise"
Loin de compter seulement sur les mots entendus dans les meetings, qui s'arrêtent officiellement ce dimanche, l'équipe de Laurent Wauquiez compte multiplier les coups de fils toute la semaine auprès des adhérents et continuer d'organiser des réunions publiques avec des élus.
Suffisant pour gagner? À demi-mot, certains reconnaissent ne plus vraiment y croire. "On n'est pas à l'abri d'une surprise, j'en suis sûr, mais là, sur le papier, ça ne passe pas", regrette l'un de ses lieutenants.
Mais un précédent lui donne envie d'y croire: la compétition entre Jean-François Copé et François Fillon pour devenir président de l'UMP, l'ancien nom des LR.
Le fantôme de la guerre Copé-Fillon
Alors que l'ex-Premier ministre s'imaginait largement vainqueur, comme la majorité de son camp, il avait été estomaqué de voir que Jean-François Copé, qui avait bien plus misé sur les militants que les grands élus, revendiquait la victoire.
"On n'ira pas dans une guerre comme il y a eu avec les deux qui voulaient gagner mais ce qui est sûr, c'est que Fillon se voyait élu dans un fauteuil comme Retailleau et que ce n'est pas ça qui s'est passé", observe un député de droite.
Avec en toile de fond la question de l'après en cas de défaite de Laurent Wauquiez. Acceptera-t-il un poste de bras droit de Bruno Retailleau dans le mouvement si on lui propose? Sera-t-il tenté de monter sa propre écurie pour se préparer à la présidentielle?
"J'ai hâte qu'on passe à autre chose", reconnaît un soutien du ministre de l'Intérieur. Plus qu'une semaine...