BFMTV
Gouvernement

"Du sang a coulé": la réunion "houleuse" entre Bayrou et ses ministres sur le port du voile dans le sport

François Bayrou et Bruno Retailleau à Paris le 14 décembre 2024

François Bayrou et Bruno Retailleau à Paris le 14 décembre 2024 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

François Bayrou avait convoqué cinq de ses ministres à Matignon ce mardi après leurs dissensions affichées sur le port du voile dans les compétitions sportives. Selon un participant, Bruno Retailleau "a failli quitter la réunion parce que le Premier ministre lui a demandé de se taire".

Une petite réunion de recadrage à Matignon... Qui a failli très mal se terminer. Ce mardi 18 mars, le Premier ministre, François Bayrou a convoqué plusieurs membres du gouvernement à Matignon. Le président du Modem était très en colère contre certains ministres qui s'écharpent depuis plusieurs jours, par médias interposés, sur le sujet du port du voile dans des compétitions sportives.

"Ça l'a piqué, il n'a pas du tout apprécié. On peut avoir des avis différents, mais on ne s'attaque pas entre collègues", juge son entourage. François Bayrou a donc demandé à cinq ministres de le rejoindre. Et très vite, "ça tourne à l'affrontement", raconte un conseiller ministériel.

D'un côté, Élisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale avec sa collègue des sports Marie Barsacq. De l'autre, la ministre chargée de l'égalité femmes-hommes Aurore Bergé, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice Gérald Darmanin.

Ces derniers sont les partisans d'une ligne plus dure, favorables à la proposition de loi qui vient de la droite au Sénat et qui interdit le voile dans les compétitions sportives. Et quand la ministre des Sports met en garde contre le risque d'amalgames, le garde des Sceaux accuse sa collègue de naïveté.

"Retailleau a failli quitter la réunion"

Le Premier ministre voulait mettre un terme cette polémique et ces prises de bec sur la place publique. Mais selon nos informations, la réunion convoquée à Matignon a été "houleuse" et pourrait laisser des traces. "Du sang a coulé", confie un conseiller. Juste avant la réunion de Matignon, Gérald Darmanin avait mis sa "participation" dans l'équipe Bayrou dans la balance. "On ne peut pas rester dans un gouvernement qui cède sur ces questions-là", avait-il dit au Parisien.

Et "dès le début, Retailleau a failli quitter la réunion parce que le Premier ministre lui a demandé de se taire et il n'a pas aimé", affirme l'un des participants, toujours stupéfait. Les échanges sont vifs, François Bayrou parvient à retenir son ministre qui s'était levé. Élisabeth Borne s'agace.

François Bayrou finit par trancher la position du gouvernement, il suit le clan composé d'Aurore Bergé, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, qui veut supprimer le voile dans les compétitions sportives, et prévient: "s'il y en a un qui n'est pas à l'aise, il peut démissionner et sa démission sera acceptée".

Un équilibre précaire 

C'est la première fois qu'une telle tension est ressentie au gouvernement. "La polyphonie, c'est mieux que la cacophonie, au bout d'un moment on doit être en harmonie", estime Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, qui espère que ce genre d'épisode ne se reproduira pas. Mais certains de ses collègues y croient peu, car "la campagne (pour la présidence de LR, à laquelle Bruno Retailleau est candidat, NDLR) nous pollue et d'autres sont déjà dans la présidentielle".

Pour ce ministre, "il y a un jeu de la courte échelle pour tenter d'exister, Retailleau a menacé de démissionner sur l'Algérie, Darmanin le fait sur le voile... Ils feraient mieux de rester concentrés sur leurs sujets". Reste à savoir combien de temps cet équilibre précaire subsistera.

Hugo Capelli avec le service politique de BFMTV