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La "guerre des chefs" lancée? Avant le congrès LR, montée des tensions entre Retailleau et Wauquiez

Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau

Le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau - Ludovic MARIN / AFP

Alors que le délai pour adhérer à LR et désigner ensuite le nouveau patron du parti, à la mi-mai, expire ce jeudi, la tension monte à nouveau entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.

"Le parti a besoin de tout sauf d’une guerre des chefs", "je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti", "je ne me prêterai pas au jeu des petites phrases"...

Ces déclarations sont signées Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, tous deux candidats au congrès du parti Les Républicains, prévu à la mi-mai.

En se lançant dans cette course interne, au mois de février, le chef des députés LR et le ministre de l'Intérieur ont promis d'éviter les affrontements épiques de la droite à la Copé-Fillon ou Balladur-Chirac. Pas question de réveiller ces souvenirs pour un parti qui retrouvait tout juste des couleurs depuis son entrée au gouvernement et après avoir été au bord de la disparition lors de l'alliance entre son ex-président, Éric Ciotti, et le Rassemblement national aux élections législatives anticipées de l'été 2024.

Pour autant, Laurent Wauquiez avait prévenu son rival, lors d'un dîner, qu'il prendrait "la responsabilité d'allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice", en se déclarant candidat. On y est? Force est de constater que l'enjeu -le gagnant prendra forcément une option pour la prochaine élection présidentielle- a pris le pas sur les intentions de départ.

Il ne fallait pas attendre ce jeudi 17 avril pour s'en appercevoir. Mais cette journée, à l'issue de laquelle expire le délai pour adhérer au parti et participer au congrès, est un modèle du genre.

Tout commence par une interview de Bruno Retailleau sur RTL. À la fin de son intervention, le ministre de l'Intérieur est interrogé sur la proposition polémique de son rival d'"enfermer" les étrangers "dangereux" soumis à une obligation de quitter le territoire français dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Réponse: "Les Français ne le savent pas. Et je tiens à le dire parce que ma famille politique vient du gaullisme et j'y suis très attaché: Saint-Pierre-et-Miquelon est le premier territoire français à s’être rattaché à la France libre du général de Gaulle. Donc bravo! Vive Saint-Pierre-et-Miquelon."

Attaques sur la capacité de Retailleau à agir

Une réaction plus engagée que la précédente. Jusqu'ici, l'ex-patron des sénateurs LR s'était borné à juger cette proposition à "première vue déroutante", refusant de "polémiquer". En face, Laurent Wauquiez remet une pièce dans la machine sur son compte X.

"Et que vive la France débarrasée des criminels et des délinquants OQTF", écrit-il, défendant bec et ongles sa proposition et cherchant à démontrer son extrême fermeté. En opposition au patron de la place Beauvau, dont il pourfend depuis des semaines la capacité à agir dans ce gouvernement à la sauce LR-camp présidentiel.

Son interview, au micro de BFMTV-RMC, quelques minutes après celle du ministre de l'Intérieur, est là pour le rappeler. La crise algérienne, qui repart de plus belle? La "ligne de fermeté" de Bruno Retailleau "n'a pas été entendue". Et la multiplication des attaques contre des établissements pénitentiaires en France depuis dimanche 13 avril?

"En réalité, on est en train d'assister à une perte totale de contrôle de la situation de la sécurité et de l'ordre public dans notre pays. On ne parle pas de la Bolivie, on ne parle pas du Mexique, on parle de la France."

Bruno Retailleau appréciera. Laurent Wauquiez précise son propos. "Bruno Retailleau essaye de tenir un discours de fermeté", mais "je constate qu'on lui met beaucoup de bâtons dans les roues au niveau de François Bayrou et Emmanuel Macron". Une manière de vendre, comme il le fait depuis des semaines, la "parole libre" qu'il pourrait porter comme président du parti, au contraire, selon lui, de l'ex-chef des sénateurs LR.

Encore un mois avant l'élection

Le ton est donné et la journée promet d'être longue. Bruno Retailleau va enchaîner les réunions publiques en Gironde, en Dordogne et en Corrèze. Tandis que Laurent Wauquiez est attendu dans la Somme puis dans le Rhône.

En attendant, l'un et l'autre affichent leur optimisme. "Je pense que si l'élection avait lieu dans les jours prochains, je serais confiant. Mais cela a lieu dans un mois, donc je travaille, j’essaye de faire un maximum de meetings, de réunions publiques et ce que je vois, c’est qu’il y a une ferveur et que les salles sont pleines, donc c’est déjà un bon indice", a dit le premier sur RTL. Le second était moins prudent sur notre antenne: "Ce n'est pas que je pense que vais gagner. Je suis convaincu que je vais gagner".

Baptiste Farge