Les Républicains: Bruno Retailleau annonce sa candidature à la présidence du parti

Laurent Wauquiez l'avait mis en garde contre une potentielle "guerre des chefs", mais cela n'a pas démotivé Bruno Retailleau: le ministre de l'Intérieur, fort d'une montée en puissance depuis son arrivée place Beauvau, annonce sa candidature à la présidence du parti Les Républicains dans un courrier aux militants dévoilé par Le Figaro ce mercredi 12 février et que BFMTV a pu consulter.
"Aujourd’hui, alors que le pays se trouve dans une situation grave, la droite est de nouveau écoutée. Et c’est pourquoi demain, elle peut gagner. J’en suis profondément convaincu. Mais nous devons d’abord, et sans tarder, donner une incarnation à notre mouvement, pour lui donner un nouvel élan. C’est pourquoi j’ai décidé de me porter candidat à la présidence des Républicains", écrit Bruno Retailleau.
En résumé, l'ex-patron des sénateurs LR se rejouit des succès récents de la droite lors de municipales ou législatives partielles, de même que ses "mesures de fermeté" défendues à l'Intérieur qui "rencontrent un écho grandissant dans le pays", selon lui, tout en insistant sur l'importance d'"agir vite, parce qu'une nouvelle dissolution est possible". "Cessons de repousser à demain ce qui aurait déjà dû être fait hier", enjoint-il.
Vers "une guerre des chefs"?
Laurent Wauquiez - qui espère lui aussi prendre la tête du parti, avec la présidentielle de 2027 en ligne de mire - avait choisi de temporiser face à l'éventualité d'une candidature de Bruno Retailleau. Ainsi, les modalités du prochain congrès n'ont pas été annoncées à l'issue d'un bureau politique mercredi 5 février durant lequel le patron des députés LR a présenté les conclusions de sa "mission refondation" du parti, très affaibli par plusieurs bérézinas électorales successives. Ces questions devraient être tranchées lors de la prochaine réunion, qui interviendra lundi, selon l'AFP.
Jusqu'ici, l'ex-patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes jouait l'unité. La hausse de popularité de Bruno Retailleau? "C'est une excellente nouvelle", assurait-il sur BFMTV-RMC mardi 4 février. Le ton était tout autre le soir même lors d'un dîner avec l'intéressé. "Il y avait un accord entre nous, à toi d'incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique. Si tu romps cet accord, tu porteras la responsabilité d'allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice", avertissait Laurent Wauquiez.
Las. Le très droitier Bruno Retailleau, ancien cadre du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, est bien dans la course. Son mantra: "parler vrai et agir vite". Ses "convictions": "Je crois à l’ordre qui protège, et non au laxisme qui tue; je crois à l’effort qui élève, et non à l’assistanat qui rabaisse; je crois à la liberté qui grandit, et non à la technocratie qui infantilise ; je crois à la fierté française qui fédère, et non à la repentance qui divise", développe-t-il.
"Je ne participerai pas à des débats publics"
Quant au risque pour la droite qu'une "guerre des chefs" vienne assombrir les couleurs à peine retrouvées, Bruno Retailleau dit "comprendre cette crainte". "Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans notre parti. Je ne me prêterai pas au jeu des petites phrases. Je n’en prononcerai aucune contre mes concurrents, et je ne laisserai pas les médias tenter de m’y contraindre", promet le Vendéen, soucieux de ne pas porter la responsabilité de la division. Et d'indiquer en ce sens qu'il ne "participer(a) pas à des débats publics avec les autres candidats".
De la bonne volonté ou une opération tactique? Un sondage publié par Le Point la semaine dernière place le ministre en haut de l'affiche. Dans cette étude - réalisée fin janvier par l'institut OpinionWay à la demande de Force républicaine, mouvement lancé par l'ancien candidat à la présidentielle François Fillon et repris par Bruno Retailleau - il est plébiscité par 24% des interrogés, devant Xavier Bertrand (21%), Valérie Pécresse (15%) et Laurent Wauquiez (15%). Dès lors, aurait-il intérêt à prendre des coups dans un débat?
Cette élection est bien différente pour lui par rapport au Congrès de décembre 2022 où il s'avançait comme un outsider. Il avait finalement perdu contre Éric Ciotti (53,7%) au second tour avec 46,3% des voix, avant que ce dernier choisisse de faire alliance avec l'extrême droite aux législatives de 2024, se mettant ainsi son parti à dos. Bruno Retailleau réussira-t-il à s'imposer cette fois-ci?