BFMTV
Les Républicains

Présidence de LR: Bruno Retailleau prendra "ses responsabilités" mais assure que "rien n'est décidé"

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à la sortie de l'Élysée le 22 janvier 2025

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à la sortie de l'Élysée le 22 janvier 2025 - Ludovic MARIN / AFP

Tout est dans la nuance avec le ministre de l'Intérieur qui, s'il s'abstient de se déclarer candidat, ne s'écarte pas pour autant, assurant qu'il "jouer(a) un rôle".

Ne pas se déclarer, tout en restant dans la course: un grand classique des aspirants aux différentes fonctions politiques. Au sujet de la présidence des Républicains, Bruno Retailleau prend bien le soin de laisser vivre l'hypothèse d'une candidature. En dépit de l'avertissement de son potentiel concurrent Laurent Wauquiez qui l'enjoint à rester dans le rang.

Cet exercice d'équilibriste se traduit dans une interview donnée sur LCI ce jeudi 6 février: "Rien n'est décidé. Je jouerai un rôle", déclare-t-il. Ou encore: "Cette décision, je ne l'ai pas prise. Croyez-moi, je prendrai mes responsabilités et j'aurai du cœur à l'ouvrage pour que l'on puisse reconstituer cette droite républicaine, française, moderne, qui s'est affaiblie d'année en année."

Un discours de futur candidat? Son choix est-il, en réalité, déjà fait? L'intéressé en restera là. "Torturez-moi, je n'irai pas au-delà de ce que je vous ai déjà dit", s'amuse-t-il. Quand est-il réellement? "Bruno Retailleau est très hésitant à aller au congrès, même si son entourage ne l'est pas", confiait un ancien ministre de Nicolas Sarkozy en début de semaine.

Battu par Éric Ciotti lors du congrès LR de décembre 2022 (53,7% contre 46,3% au second tour) - avant que ce dernier ne fasse alliance avec l'extrême droite aux législatives deux ans plus tard dans une mise en scène digne des meilleures séries Netflix - le patron de la Place Beauvau dispose cette fois-ci d'autres atouts.

Montée en puissance

L'ex-chef des sénateurs LR s'est glissé dans un costume qui le plonge davantage dans la lumière. Il a gagné en notoriété depuis son entrée dans le gouvernement Barnier, suivie de son maintien dans celui de François Bayrou. Cette montée en puissance se traduit concrètement: un sondage publié par Le Point ce mercredi, le place en haut de l'affiche pour la présidence du parti.

Dans cette étude - réalisée fin janvier par l'institut OpinionWay à la demande de Force républicaine, mouvement lancé par l'ancien candidat à la présidentielle François Fillon et repris par Bruno Retailleau - le Vendéen est plébiscité par 24% des interrogés, devant Xavier Bertrand (21%), Valérie Pécresse (15%) et Laurent Wauquiez (15%).

Actuellement patron des députés LR, ce dernier temporise publiquement et joue l'unité. La nouvelle notoriété de Bruno Retailleau? "Une excellente nouvelle", assurait-il sur BFMTV-RMC ce mardi.

Mais, le soir même il mettait en garde le ministre lors d'un dîner place Beauvau: "Il y avait un accord entre nous, à toi d'incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique. Si tu romps cet accord, tu porteras la responsabilité d'allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice."

Le lendemain, Laurent Wauquiez présentait lors d'un bureau politique les conclusions de sa "mission refondation" de LR, dont la marque est largement abîmée par des bérézinas succesives sur le plan électoral. Parmi les "propositions d'évolution" du parti, des "référendums internes" pour les adhérents, qui valideront par ailleurs les investitures aux élections, ou la création d'un statut de "sympathisant". Ces derniers vont également se prononcer sur un changement de nom du mouvement.

Cependant, les décisions les plus importantes sont remises à plus tard. On ne connaît toujours pas les modalités pour désigner le futur patron du parti de droite, avant le congrès qui devrait probablement se tenir en avril. Laurent Wauquiez prend le temps et "aimerait s'imposer sans primaire", toujours selon l'ancien ministre cité plus haut. Bruno Retailleau lui en laissera-t-il les moyens?

Baptiste Farge