"La droite redonne envie de se battre": Retailleau et Wauquiez, la bataille pour le leadership chez LR

Laurent Wauquiez, à gauche, et Bruno Retailleau, à droite, à Matignon, à Paris, le 19 septembre 2024 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Portés par leur participation au gouvernement après 12 ans sans ministère, requinqués par leurs victoires symboliques ce week-end lors d'élections locales, l'une sur LFI et l'autre sur son rival Gabriel Attal, Les Républicains ont le moral.
De quoi bien amorcer le bureau politique du parti, prévu mercredi 5 février. Depuis le ralliement d'Éric Ciotti au Rassemblement national après les élections européennes et avant les législatives, le parti fonctionne en direction collégiale.
"On va tout changer"
Lors de ce bureau politique, les LR vont choisir un nouveau nom pour le mouvement, une nouvelle stratégie. "On va tout changer. Changer notre organisation, notre nom, le programme que nous portons", a promis Laurent Wauquiez la semaine dernière lors d'une réunion publique à Maison-Alfort (Val-de-Marne).
Le bureau politique doit également permettre de fixer la date du congrès du parti, qui se tiendra probablement en avril. C'est à l'issue de ce congrès que les militants de droite vont désigner un nouveau chef.
Retailleau poussé par ses proches
Pour l'heure, la candidature de Laurent Wauquiez, qui ne cache pas ses ambitions élyséennes, pour récupérer la tête des LR ne fait aucun doute. Bruno Retailleau, pourtant porté par sa hausse dans les sondages depuis qu'il s'est installé au ministère de l'Intérieur, hésite malgré les appels de ses proches.
"Bruno Retailleau est très hésitant à aller au congrès, même si son entourage ne l'est pas. En même temps, Laurent Wauquiez tient son groupe à l'Assemblée et ce n'est pas facile. Les deux ont beaucoup de qualités. On peut être heureux que la droite redonne envie de se battre", se félicite auprès de BFMTV.com un ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui ne veut pas choisir entre les deux hommes.
Le ministre de l'Intérieur, très actif à son poste, veut s'investir entièrement dans sa fonction à Beauvau, et craint de ne pas avoir le temps de s'occuper du parti. Et ce, même si un précédent historique existe: entre 2005 et 2007, Nicolas Sarkozy avait occupé à la fois le poste de ministre de l'Intérieur et président de l'UMP.
"Retailleau est un homme politique très nouveau pour les Français qui ne le connaissaient pas. C'est une grande chance pour la droite de l'avoir. Et on ne peut pas se payer le luxe de luttes intestines", analyse la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, une proche du ministre.
"Bruno Retailleau, lui, ne trahit pas. Il était où Wauquiez pendant la réforme des retraites?", fustige un député LR, qui n'a pas apprécié le silence du président d'Auvergne-Rhône-Alpes pendant les débats sur la réforme des retraites.
"Wauquiez a des défauts, mais il est depuis des années dans le paysage"
Mais l'hésitation du ministre commence aussi à lasser certains membres des LR. "On se cherche un chef et c'est toujours un moment inconfortable. Mais il faut maintenant que Bruno Retailleau dise qu'il a envie d'y aller", tance le sénateur LR Alain Millon.
Et d'autres ne manquent pas d'égratigner le ministre et s'interrogent sur un "effet nouveauté" qui pourrait s'estomper. "Laurent Wauquiez a des défauts, mais il est depuis des années dans le paysage. Il y a un effet nouveauté pour Retailleau qui ne va pas durer. Wauquiez a toujours dit qu'il voulait s'engager pour son pays. On ne va quand même pas lui reprocher de s'accrocher", pointe un député proche du patron du groupe à l'Assemblée.
"Retailleau a le ministère du verbe. Quand il aura des résultats, on verra. Pour l'instant, il se bouge mais je ne suis pas sûr que qui que ce soit voit la différence en termes d'immigration", cingle un autre député LR.
À travers le bureau politique, puis le congrès, la présidentielle est en ligne de mire. Avec l'idée, pour Laurent Wauquiez, de s'imposer sans primaire s'il gagne la tête du parti. La décision sur le mode de désignation du candidat à l'Élysée ne serait toutefois pas tranchée lors du bureau politique de mercredi. Une façon d'éviter une nouvelle "guerre des chefs" qui pénaliserait encore la droite, comme l'affirme Laurent Wauquiez.