Note Fitch dégradée: Bruno Retailleau dénonce des "décennies d'errance budgétaires", Éric Coquerel craint que la France aille "toujours plus loin dans la crise"

Une nouvelle note qui fait réagir. Des ministres démissionnaires, dont le ministre démissionnaire de l'Économie Éric Lombard, ainsi que des élus de partis d'opposition ont déploré la dégradation de la note de la dette française par l'agence Fitch, ce vendredi 12 septembre.
L'agence Fitch a abaissé vendredi soir la note de la France de AA- à A+, alors que l'Hexagone connaît une instabilité gouvernementale et présente des incertitudes sur les politiques budgétaires.
Le ministre de l'Économie démissionnaire dit avoir pris acte de la décision, qu'il juge "motivée par la situation de nos finances publiques et l'incertitude politique, malgré la solidité de l'économie française".
L'ancien Premier ministre François Bayrou, renversé lundi lors d'un vote de confiance sur la question des finances publiques, a également pointé dès vendredi soir une responsabilité collective.
"Note Fitch: un pays que ses 'élites' conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix", a simplement publié le président du MoDem également sur le réseau social X. François Bayrou avait multiplié ces dernières semaines les discours alarmistes sur l'état des finances publiques et sur les dangers que l'endettement fait peser selon lui sur l'avenir du pays.
Une sanction contre une "instabilité chronique"
Le président des Républicains (LR) et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau a lui dénoncé ce samedi sur X "des décennies d'errance budgétaire" et a rejeté les propositions du Parti socialiste (PS) pour réduire les déficits.
"La dégradation de la note de la France vient sanctionner non seulement l'instabilité chronique voulue par les ingénieurs du chaos mais aussi des décennies d'errance budgétaire et de politiques social-étatistes", a-t-il déclaré sur X.
"Il est plus que temps de redresser la barre. Ce que proposent les socialistes ne fera que tout aggraver", a ajouté Bruno Retailleau alors que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu espère un terrain d'entente avec le PS pour faire passer le budget 2026 à l'Assemblée nationale, où il n'a pas de majorité.
"Trouver un compromis"
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet appelle de son côté à "retrouver de la stabilité" et à "rétablir nos comptes publics".
"Nous y parviendrons collectivement, en commençant par trouver un compromis autour d'un budget crédible et juste", écrit-elle sur X.
"La dégradation de la note doit nous réunir pour, ensemble, réagir et corriger durablement la trajectoire budgétaire de la France", a également réagi sur X la ministre du Commerce démissionnaire Véronique Louwagie (LR).
"Catastrophe annoncée"
Côté oppositions, le maire LR de Cannes David Lisnard juge que cette dégradation est la "confirmation d’une réalité financière et budgétaire déjà anticipée par les marchés (et par François Bayrou, qui a préféré saborder son gouvernement avant que ne tombe le couperet)".
Le président LFI de la commission des Finances de l'Assemblée, Éric Coquerel, a estimé de son côté que "les seuls responsables de cette évaluation sont ceux qui ont dramatisé l'état des finances publiques pour le bénéfice unique de leur agenda politique", arguant que la "dette française reste sûre et recherchée".
"Si le prochain gouvernement choisit lui aussi de s'appuyer sur les marchés pour imposer l'austérité, il court à la catastrophe annoncée par lui-même et conduira le pays toujours plus loin dans la crise économique, sociale et écologique", a-t-il ajouté dans un communiqué.
L'agence américaine a invoqué pour justifier sa décision "la chute du gouvernement lors d'un vote de confiance" qui "illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure". Elle estime que "cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en oeuvre une consolidation budgétaire d'ampleur", jugeant improbable de ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2029 comme l'ambitionnait le gouvernement sortant.