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Marine Le Pen, Gabriel Attal, Marine Tondelier: vers un face-à-face des meetings dimanche

Gabriel Attal le 27 février 2024 à l'Assemblée nationale et Marine Le Pen le 30 janvier 2024 à l'Assemblée nationale

Gabriel Attal le 27 février 2024 à l'Assemblée nationale et Marine Le Pen le 30 janvier 2024 à l'Assemblée nationale - STEPHANE DE SAKUTIN /EMMANUEL DUNAND / AFP

Hasard du calendrier, le premier grand raout du parti Renaissance aura lieu ce dimanche 6 avril, en même temps que la mobilisation du RN pour défendre Marine Le Pen condamnée ce lundi. Gabriel Attal pourrait accuser l'ex-candidate à la présidentielle de chercher à mettre ses pas dans ceux de Donald Trump. Le parti à la flamme va expliquer, lui, se battre "pour la défense de la démocratie".

Comme un petit air de campagne présidentielle. Ce dimanche, le Rassemblement national et Renaissance s'affronteront par meeting interposé, entre d'un côté la place Vauban à Paris, à quelques encablures de l'Assemblée nationale et de l'autre, la cité du cinéma à Saint-Denis.

"On va montrer que les passe-droits, c'est de leur côté, eux qui n'ont de cesse de dénoncer la justice laxiste. Et nous allons montrer que le respect du droit, de la loi, c'est chez nous", résume avec gourmandise un cadre de Renaissance auprès de BFMTV.com.

Comparer Le Pen à Trump

Si le meeting de Gabriel Attal, désormais patron du parti présidentiel, était prévu depuis plusieurs semaines, l'ancien Premier ministre ne va pas s'en priver d'en faire une tribune contre Marine Le Pen, d'autant plus que ces deux figures parleront exactement à la même heure, autour de 15h30.

Le président des députés macronistes a déjà donné le ton à l'Assemblée, au lendemain de la condamnation de Marine Le Pen à 5 cinq ans de peine d'inéligibilité avec exécution immédiate.

Devant les journalistes, l'ancien locataire de Matignon a dénoncé "les attaques" du RN "contre nos institutions, nos magistrats, notre État de droit. "En démocratie, il y a une limite à ne pas franchir", a encore asséné Gabriel Attal, en regrettant "les outrances" de Jordan Bardella et Marine Le Pen.

L'ancien Premier ministre pourrait même aller sur le terrain de la comparaison avec Donald Trump et l'assaut du Capitole lancé par plus de 1.500 de ses partisans en janvier 2022 pour entrer par la force dans le Congrès américain.

Bayrou et Philippe en renfort

Pour appuyer les propos du trentenaire, François Bayrou montera aussi sur scène pour prendre la parole tout comme Édouard Philippe. Au risque de quelques couacs alors que le Premier ministre a joué sa propre partition sur la condamnation de Marine Le Pen.

Tout en appelant à soutenir les magistrats, le centriste a évoqué "des interrogations" sur la peine d'inéligibilité avec exécution immédiate qui s'applique à Marine Le Pen depuis sa condamnation lundi.

Son positionnement a choqué une partie de la macronie. Des députés Renaissance estime jugé que ce n'est pas son rôle de s'exprimer sur une décision de justice, encore moins quand lui-même doit encore affronter un procès en appel sur un dossier relativement proche de celui du RN et avec les mêmes risques de peine.

"La défense de la démocratie"

De l'autre côté de la Seine, nul doute que Marine Le Pen ne devrait pas se priver lors de sa prise de parole sur seine devant les Invalides de citer les doutes de François Bayrou. Conçu comme une démonstration de force, Jordan Bardella prendra la parole, tout comme Éric Ciotti et Louis Aliot. Le parti, qui a été largement soutenu par plusieurs dirigeants européens d'extrême droite comme l'Italienne Girogia Meloni ou le Hongrois Viktor Orban, espère parvenir à faire venir plusieurs de ses alliés européens.

Quant aux discours, le RN compte lever le pied sur les attaques contre le travail des juges, principal angle des cadres du mouvement jusqu'ici, pour aller sur le terrain de "l'injustice".

"On va expliquer qu'on ne se bat pas pour nous mais pour que les électeurs puissent choisir librement leur président en 2027. Ce qui se joue, c'est la défense de la démocratie et ça dépasse de loin le cadre d'une justice qui est politisée", avance un cadre du parti.

Marine Le Pen a déjà donné le ton dès mardi lors d'une conférence de presse, en accusant "le système" d'avoir "utilisé la bombe nucléaire" à son encontre.

Malaise à gauche

La gauche, elle, semble à la peine pour lancer la contre-offensive. La cheffe des Écologistes Marine Tondelier a assuré ce jeudi matin sur France info que la gauche préparait une mobilisation pour contrer la manifestation du RN.

"Il se passera quelque chose dimanche", a déclaré la responsable écologiste. "Nous sommes en train d'y travailler, nous sommes les maîtres des horloges de nos propres mobilisations", a-t-elle déclaré.

"Je ne veux pas que dimanche, sur toutes les chaînes de télé, la seule chose qu'on leur donne à voir, c'est la grande entreprise de victimisation de Le Pen", a expliqué la la patronne des Verts.

Meeting? Rassemblement statique? Manifestation? Marine Tondelier n'a pas précisé le dispositif envisagé. Elle a précisé "avec tous nos partenaires politiques", ainsi qu'avec des "personnes de la société civile avec lesquelles on a l'habitude de se mobiliser et d'autres avec lesquelles on avait jusque-là moins l"habitude de se mobiliser, mais qui sont tout aussi choquées".

La France insoumise a de son côté évoqué une initiative qui aurait lieu "peut-être même ce dimanche" par la voix de Jean-Luc Mélenchon. Mais le patron des insoumis a plutôt mis le cap les manifestations du 1er-mai présentées par ses soins comme "la réplique à l'offensive de l'extrême droite".

"On devrait pouvoir descendre dans la rue comme un seul homme"

Si la lutte contre le RN et son offensive politique contre la magistrature devrait largement faire consensus à gauche, le Nouveau front populaire (NFP) s'est divisé sur l'opportunité des peines d’inéligibilité avec application immédiate, sans attendre le jugement en appel, comme c'est le cas pour Marine Le Pen. L'ex candidate à la présidentielle peut bien sûr faire appel mais sa peine d’inéligibilité n'est pas suspendue en attendant le second jugement.

En mars dernier, Jean-Luc Mélenchon avait jugé sur France 3 que "dans un État de droit, tout le monde devrait avoir le droit de faire appel. Si on le refuse à Marine Le Pen, alors ce droit sera refusé à tout le monde, et ce serait une erreur".

"On peut avoir des discussions de fond sur ce sujet mais on devrait pouvoir descendre dans la rue comme un seul homme dans la rue pour lutter contre l'extrême droite. Je ne pense pas que ce sera le cas", regrette déjà un élu socialiste.

57% des personnes interrogées dans un sondage Elabe pour BFMTV jugent que la décision de justice qui vise Marine Le Pen est "normale" compte tenu de la gravité des faits reprochés.

Marie-Pierre Bourgeois