Procès du RN: Marine Le Pen accuse le "système" d'avoir "sorti la bombe nucléaire" après sa condamnation

Des propos très véhéments. Au lendemain de sa condamnation pour détournement de fonds publics assortie d'une période d'inéligibilité immédiate de cinq ans, Marine Le Pen a choisi l'attaque pour se défendre. "Le système a sorti la bombe nucléaire", a lancé la présidente des députés RN lors d'une réunion de groupe à l'Assemblée nationale.
"S'il utilise une arme aussi puissante contre nous, c'est évidemment parce que nous sommes sur le point de gagner des élections", a encore affirmé l'ex candidate à la présidentielle, promettant de "ne pas se laisser faire".
Depuis l'annonce de la décision des juges dans la cadre du procès des assistants parlementaires du Parlement européen, Marine Le Pen a choisi de se défendre pied-à-pied. C'est que le jugement remet largement en cause la possibilité de sa candidature en 2027.
Concrètement, la peine d'inéligibilité immédiate de 5 ans signifie que l'ancienne patronne du parti à la flamme reste députée mais qu'elle ne pourra pas se présenter devant le suffrage universel pendant les 5 prochaines années. Impossible donc de candidater pour redevenir parlementaire en cas de nouvelle dissolution ou de se présenter à la présidentielle de 2027.
"Se battre pour arriver au pouvoir"
Si l'élue du Pas-de-Calais a déjà annoncé qu'elle ferait appel, rien ne garantit que la justice sera plus clémente en appel, compte tenu de la sévérité de la décision des juges. Il faut également ajouter à cette incertitude la question des délais habituels de la justice.
On peut imaginer que son second procès se tiendra dans un an, autour du printemps 2026. Mais il faut ajouter à ce délai le délibéré qui renvoie donc à un jugement difficilement imaginable avant l'automne 2026. On serait donc quelques mois seulement avant la présidentielle.
De quoi donc pousser le RN à mettre la pression sur le ministère de la justice en espérant un procès en appel très rapide. Le patron du mouvement Jordan Bardella a ainsi dénoncé lors de cette conférence de presse "la tyrannie des juges", parlant de "la négation de l'État de droit".
"Rien ne nous empêchera de nous battre pour arriver au pouvoir", a encore promis le député européen, appelant "à ne pas flancher".
"Pas un seul pays où les choses se déroulent ainsi"
"Ce jugement est une folie, le droit est tordu, l'élection présidentielle est l'objectif assumé de cette décision", a tancé à ses côtés Marine Le Pen.
"Vouloir forcer le bras des électeurs est une honte absolue, il n'y a pas un seul pays où les choses se déroulent ainsi", a insisté la présidente des députés RN.
Les peines d'inéligibilité avec application immédiate ne sont pourtant pas rares. L'ancien maire de Toulon Hubert Falco a ainsi été condamné en appel à une peine de 5 ans d'inéligibilité en mars dernier avec application immédiate dans une affaire de détournement de fonds publics. Même topo pour l'ancien chef de cabinet du maire de Strasbourg Joël Munsch condamné à 3 ans d'inéligibilité à la même époque.
Mais la stature de Marine Le Pen complique la donne, d'autant plus que pour la première fois, un sondage la créditait de 34 à 37% d'intentions de vote au premier tour de la présidentielle.
Le mouvement a déjà lancé une pétition pour "sauver la démocratie et soutenir Marine". Le président du mouvement Jordan Bardella a également annoncé "l'organisation ce week-end de distributions de tracts et mobilisations pacifiques".