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"Tiktok lui fournissait exclusivement des vidéos sur le suicide": ce père accuse la plateforme d'avoir poussé sa fille à se suicider

Arnaud Ducoin, dont la fille s'est suicidée en 2024, invité sur BFMTV ce jeudi 11 septembre 2025.

Arnaud Ducoin, dont la fille s'est suicidée en 2024, invité sur BFMTV ce jeudi 11 septembre 2025. - BFMTV

Le père de Pénélope, une jeune femme qui s'est suicidée en 2024, témoigne sur BFMTV pour alerter les autres parents sur "la dangerosité" de Tiktok. Selon lui, l'algorithme a entraîné sa fille dans "une spirale destructrice" en ne lui proposant que du contenu lié au suicide.

"Je suis là pour alerter les parents qui laissent les enfants passer des heures sur le réseau Tiktok, sans se douter de la dangerosité de cette plateforme." Arnaud Ducoin, père de la jeune Pénélope qui s'est suicidée le 29 février 2024, a pris la parole sur BFMTV pour mettre en garde les parents vis-à-vis de la plateforme. Selon lui, l'algorithme du réseau social a entraîné sa fille "dans une spirale destructrice".

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Il raconte que l'état psychologique de Pénélope s'est dégradé lors d'une année de césure aux États-Unis, alors qu'elle était, avant cela, "une enfant brillante, souriante et agréable". "Au bout d'un mois, on nous a appelés pour nous dire qu'elle se scarifiait. On l'a fait rapatrier et ça a été le début de la descente aux enfers." Malgré un accompagnement de professionnels de santé, "elle s'est enfermée dans sa douleur et s'est réfugiée sur Tiktok".

Des contenus proposés en lien avec le suicide

Sauf que les contenus qui lui étaient proposés sur Tiktok, à travers l'algorithme, étaient essentiellement liés au suicide. "Elle s'est suicidée dans sa chambre le 29 février 2024. Quelques jours après, on a eu accès à son ordinateur et à son compte Tiktok. C’est là qu’on a réellement pris conscience de l'environnement numérique dans lequel elle était. On a été sidérés", explique-t-il.

"Tiktok lui fournissait quasiment exclusivement des vidéos sur le suicide, la scarification ou d’autres contenus inappropriés, très noirs. Je pense qu’elle s’est réfugiée dans ce réseau social car c'était un peu comme un effet de communauté. Elle devait retrouver des jeunes dans des souffrances psychologiques comme elle et qui publiaient des vidéos qui prônaient le suicide", précise Arnaud Ducoin.

Parmi les vidéos qui lui étaient proposées, certaines étaient comme un mode d'emploi. "J'ai vu des vidéo sur la façon de réaliser un noeud coulant pour se pendre, d'autres sur la chronologie de la mort, au bout de combien de secondes vous perdez conscience", raconte ce père de famille.

"C'est une jungle"

S'il convient qu'il "faut vivre avec son temps" et qu'il peut y avoir des vidéos positives sur ce réseau social, il souhaite surtout "dénoncer l'algorithme" et alerter les autres parents.

"Avant que ce drame ne nous frappe, je n’avais pas conscience de ce qu’il se passait sur tiktok. C’est une jungle. Vous n’acccepteriez pas d'emmener vos enfants dans un parc si vous saviez qu’il y a un prédateur dedans. Alors n’acceptez pas de laisser vos enfants mineurs aller sur Tiktok, car c’est un prédateur", ajoute-t-il.

Un rapport sur les effets psychologiques des réseaux sociaux sur les mineurs, réalisé par une commission parlementaire, a justement été publié ce jeudi 11 septembre. Selon les députés, qui ont travaillé sur le sujet pendant plusieurs mois, il y a un "lien de corrélation clair" entre "la dégradation de la santé mentale" des jeunes et l'utilisation "intensive des réseaux sociaux".

Tiktok assigné en justice

"La plateforme favorise, par les mécanismes de viralisation des contenus problématiques, la diffusion d’idéologies politiques négatives et contraires aux droits humains", indique notamment le député du Calvados Arthur Delaporte, président de la commission.

11 familles françaises ont décidé d'assigner le réseau social Tiktok en justice, estimant que la plateforme a recommandé des vidéos mettant en avant le suicide, l'automutilation ou encore les troubles alimentaires à des mineurs, rapporte Franceinfo.

3114: le numéro national de prévention du suicide

Le 3114 est le numéro à contacter si vous êtes en détresse psychique ou si vous avez des idées suicidaires. Vous pouvez également le contacter si un de vos proches est dans ce cas. Il propose une écoute avec des professionnels de santé spécialement formés, et est disponible sept jours sur sept, 24 heures sur 24.

Astrid Bergère