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Rassemblement national

"Risque de récidive caractérisé": comment le tribunal de Paris justifie la peine d'inéligibilité avec exécution provisoire contre Le Pen

Marine Le Pen alors qu'elle quitte la salle d'audience du Tribunal de Paris pendant la lecture du verdict de leur procès pour détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025.

Marine Le Pen alors qu'elle quitte la salle d'audience du Tribunal de Paris pendant la lecture du verdict de leur procès pour détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025. - ALAIN JOCARD / AFP

Marine Le Pen a été condamnée lundi 31 mars à une inéligibilité avec exécution provisoire pour cinq ans ainsi qu'à quatre ans de prison, dont deux ferme sous bracelet électronique. Une décision qui compromet sa candidature à la présidentielle de 2027, et que le Rassemblement national dénonce comme étant une sanction "politique".

154 pages de jugement. Marine Le Pen, triple candidate à l'élection présidentielle et cheffe de file de l'extrême droite, a été condamnée ce lundi 31 mars par le tribunal judiciaire de Paris à cinq ans d'inéligibilité provisoire, à quatre ans de prison dont deux ferme sous bracelet électronique et 100.000 euros d'amende dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

L'ancienne présidente du Rassemblement national n'a pas attendu le prononcé de la fin du jugement, quittant la salle d'audience au moment où la présidente, Bénédicte de Perthuis, a annoncé qu'elle ordonnerait l'inéligibilité immédiate.

"Pas de régime de faveur" pour les élus

Alors que, depuis la décision, le parti d'extrême droite dénonce une justice "politique" pour empêcher Marine Le Pen de se présenter à nouveau en 2027, le tribunal a justifié cette peine par un "risque de récidive" "objectivement caractérisé".

La 11e chambre du tribunal judiciaire de Paris a "pris en considération, outre le risque de récidive, le trouble majeur à l'ordre public, en l'espèce le fait que soit candidate à l'élection présidentielle une personne déjà condamnée en première instance notamment à une peine complémentaire d'inéligibilité, pour des faits de détournements de fonds publics et pourrait l'être par la suite définitivement", a justifié la présidente.

La justice a voulu également "veiller à ce que les élus, comme tous justiciables, ne bénéficient pas d'un régime de faveur, incompatible avec la confiance recherchée par les citoyens dans la vie politique".

Un procès en appel en 2026

Rapidement après l'annonce du jugement, l'avocat de Marine Le Pen a annoncé l'intention de sa cliente de "faire appel", ce qu'elle a confirmé, se disant "innocente". "Il faut que la justice se hâte", a-t-elle déclaré lundi dans la soirée.

"Imaginez que je sois relaxé (...) postérieurement à une élection présidentielle à laquelle je n'aurais pas pu me présenter", a-t-elle ajouté. Or, selon le tribunal, "le droit au recours n'étant pas un droit acquis à la lenteur de la justice, il apparaît nécessaire selon le tribunal, à titre conservation, d'assortir les peines d'inéligibilité prononcées de l'exécution provisoire".

Ce mardi 1er avril, le Rassemblement national a annoncé faire appel, tandis que la cour d'appel de Paris envisage un procès au plus tard début 2026, avec une décision rendue de longs mois avant l'élection présidentielle 2027, "à l'été 2026".

Vincent Vantighem avec Fanny Rocher