La rentrée politique percutée par la chute probable de François Bayrou

François Bayrou à Paris le 28 août 2025 - ADNAN FARZAT / NurPhoto / NurPhoto via AFP
"Cette année, ça va être encore assez sympa. L'année prochaine, ça risque d'être un peu plus sanglant". Voilà comment un ponte de la macronie résumait fin juin ces rendez-vous de la fin du mois d'août où, chaque année, l'ensemble de la classe politique reprend le chemin du travail.
Oui mais voilà, François Bayrou a changé la donne en annonçant l'organisation d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre. Le centriste n'a guère de chances de se maintenir à son poste alors que le Rassemblement national tout comme l'ensemble de la gauche ont annoncé voter contre.
Tous à Châlons
De quoi pousser les uns et les autres à placer leurs billes pour entrer à Matignon, se préparer en vue d'une éventuelle dissolution ou accélérer leur entrée dans la course à la présidentielle.
Premiers travaux grandeur nature à la foire de Châlons, au lendemain de son inauguration par François Bayrou. Dans ce grand rendez-vous qui mêle dégustations de champagne, démonstration d'engins agricoles et exposition de bovins, les allées vont voir défiler ce samedi et ce dimanche le président du RN Jordan Bardella, dans les starting-blocks pour Matignon en cas de dissolution ainsi que Michel Barnier. L'ancien Premier ministre est décidé à jouer un rôle en 2027 et en campagne pour devenir député de Paris fin septembre.
Pendant ce temps, Édouard Philippe, qui a officialisé sa candidature pour la présidentielle l'été dernier, sera dans le Val-de-Marne à Saint-Maur pour sa rentrée politique. L'occasion pour lui de rappeler qu'il soutient toujours François Bayrou tout en jugeant de nouvelles élections législatives "assez inéluctables" en cas de situation politique bloquée.
Seule figure de droite à être entrée dans le grand bain de la campagne, l'ex-Premier ministre ne devrait pas manquer de distribuer les bons et les mauvais points à Emmanuel Macron tout comme à Bruno Retailleau qui dirige son ancienne famille politique.
La gauche s'échauffe
À gauche, les esprits planchent tout autant à Blois pour les universités d'été du PS qui ont commencé ce vendredi. Le président des députés socialistes Boris Vallaud et son homologue au Sénat Patrick Kanner vont dévoiler leurs propositions de contre-budget pour 2026 ce samedi. "Nous sommes la solution" à la crise politique, a lancé dès l'ouverture de ce rendez-vous Olivier Faure qui se verrait bien entrer à Matignon.
À quelques dizaines de kilomètres de là, d'autres figures de la gauche plaideront pour une candidature commune à la présidentielle. À Châteaudun, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle en 2017 Benoît Hamon partagera l'estrade avec François Ruffin et Clémentine Autain qui ont tous les deux déjà laissé entendre qu'ils étaient prêts à se lancer dans la course à l'Élysée. L'ancienne candidate du Nouveau Front populaire pour Matignon Lucie Castets sera également présente.
Le signe de la main de Laurent Wauquiez
Plutôt discret ces derniers temps, le président des députés LR Laurent Wauquiez organisera de son côté sa traditionnelle randonnée vers le Mont Mézenc en Haute-Loire. Il faudra probablement guetter quelques piques au président des LR, Bruno Retailleau, qui l'avait largement emporté contre lui lors de la compétition interne au printemps dernier.
Il faut dire que le ministre de l'Intérieur n'a pas pris de gants en décidant sans même consulter les députés d'accorder leur confiance à François Bayrou. De quoi passablement les agacer et offrir ainsi l'occasion à Laurent Wauquiez de rappeler qu'il reste encore le patron de la droite à l'Assemblée nationale.
Quant aux macronistes, contraints de soutenir le Premier ministre dans sa démarche, ils se retrouveront d'abord ce samedi à Paris autour de Territoires de progrès, ce mouvement qui représente l'aile gauche du PS. Autour de la table, on entendra notamment les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Élisabeth Borne.
Frites à Tourcoing
Le lendemain, rendez-vous à Tourcoing pour la rentée politique du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui hésite entre une candidature à la présidentielle ou un soutien à Édouard Philippe. L'an dernier, le garde des Sceaux avait profité de l'occasion pour lancer son mouvement Populaires et égrener des propositions en vue de 2027 autour de saucisses, de frites et de bières fraîches.
Dernier détour possible dans l'Hexagone dimanche: le Vaucluse. Éric Zemmour, qui a pris du champ et se fait plus rare dans les médias, prononcera un discours pour conclure son université d'Orange dans la foulée de sa compagne la députée européenne Sarah Knafo.