La rentrée du Parti socialiste chamboulée par le coup de poker de François Bayrou

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, et plusieurs responsables socialistes le 31 août 2024 lors des universités d'été du PS - GUILLAUME SOUVANT / AFP
Au départ, les universités d'été du Parti socialiste, qui ont débuté ce jeudi et se terminent samedi 30 août, devaient se concentrer autour des prochaines élections municipales, la "refondation du projet socialiste", ou encore "la mobilisation face au budget brutal et injuste proposé par François Bayrou".
Seulement, le Premier ministre a bousculé les plans du PS, en annonçant ce lundi 25 août à la surprise générale qu'il solliciterait un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre prochain. En conséquence, le parti a modifié sa programmation pour "évoquer l'actualité et répondre à la période inédite qui s'ouvre à nous".
"Proposer un chemin pour sortir la France de l'instabilité"
Le premier secrétaire Olivier Faure ne s'exprimera non pas samedi matin, comme prévu initialement, mais vendredi après-midi. Le lendemain, la journée sera principalement consacrée à la présentation de propositions budgétaires.
"Nous voulons proposer un chemin pour sortir la France de l’instabilité dans laquelle les décisions successives d’Emmanuel Macron l’ont située et annoncer des mesures d’envergure que nous proposerons à nos partenaires politiques afin de sortir de l’impasse", a détaillé le PS.
Le coup de poker de François Bayrou étant vraisemblablement voué à l'échec - l'ensemble des oppositions, dont le PS, ont annoncé qu'elles voteraient contre la confiance - les socialistes préparent la suite.
"La logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche"
Dans un communiqué commun avec Les Écologistes, Génération.s et les anciens insoumis "purgés" aux législatives de 2024, les membres du PS se sont dit "prêts" ce lundi.
Prêts à quoi? À "travailler pour donner un bon budget au pays", a d'abord répondu le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud dans Libération. Avant de se montrer plus explicite, tout en restant prudent:
"Nous nous tenons prêts à toutes les hypothèses, mais aucune n’est entre nos mains… La logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche, mais Emmanuel Macron nous a montré à quel point il est imprévisible."
Gouverner, mais avec qui? Plus d'un an après être arrivé en tête aux dernières élections législatives, l'alliance du Nouveau Front Populaire (PS, LFI, Les Écologistes, PCF) a bien vécu. Un euphémisme, tant les tensions se sont exacerbées entre insoumis et socialistes depuis que ces derniers ont choisi de ne pas censurer François Bayrou sur son budget début 2025.
À Libération qui lui a demandé si le PS serait prêt à gouverner avec LFI, Boris Vallaud a notamment répondu: "Vous me parlez de La France insoumise qui a fait scander 'tout le monde déteste le PS' [lors de ses universités d’été]?"
Une union est-elle encore possible?
La preuve que le chemin de l'union semble bien difficile à emprunter, même si les défenseurs du rassemblement rappelleront toujours les divisions qui précédaient les alliances aux législatives de 2022 et 2024.
Toujours est-il que la gauche n'a pas vraiment le luxe de la division: les quatre groupes du NFP représentent 192 députés, un total très loin de la majorité absolue.
En 2024, LFI avait proposé de ne pas participer au gouvernement, tout en le soutenant si la candidate de la gauche (Lucie Castets, NDLR) était nommée à Matignon pour éviter la censure promise par ses adversaires.
Mais le mouvement de Jean-Luc Mélenchon serait-il prêt à faire de même aujourd'hui? Sur la base de quel projet? Et avec quelles alliances à l'Assemblée nationale pour éviter une chute du gouvernement?
Les interrogations sont nombreuses, d'autant plus que LFI pousse davantage pour une présidentielle anticipée que pour la nomination d'un gouvernement de gauche.
Que faire en cas de dissolution?
Par ailleurs, la question de l'union se pose aussi pour un autre scénario: celui d'une dissolution de l'Assemblée nationale. Une option qu'Emmanuel Macron dit ne pas envisager, même s'il se garde bien de l'écarter définitivement.
Là aussi les socialistes ont donné le ton: dans une telle situation, un accord programmatique avec LFI ne "paraît pas concevable", selon Boris Vallaud, qui reconnaît toutefois que la question se posera "circonscription par circonscription" pour faire barrage à l'extrême droite.
En face, LFI n'est pas davantage conciliante. La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a assuré mardi dans un entretien à Mediapart que les insoumis proposeront "des candidatures uniques avec toutes celles et ceux qui ont voulu censurer la politique de Macron et qui sont restés fidèles au programme du Nouveau Front populaire."
Quoi qu'il arrive le PS se prépare: "S’il y a une dissolution, nous voulons être prêts au PS. Nous y travaillons", a prévenu Boris Vallaud.