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"Si Bayrou est renversé, c'est la logique du système parlementaire": une nouvelle dissolution est-elle possible?

Le président de la République Emmanuel Macron le 17 août 2025 au fort de Brégançon dans le Var

Le président de la République Emmanuel Macron le 17 août 2025 au fort de Brégançon dans le Var - Philippe Magoni / POOL / AFP

Si Emmanuel Macron a de nouveau le pouvoir constitutionnel de dissoudre l'Assemblée nationale, plus d'un an après l'avoir utilisé au soir des élections européennes, le président a dit récemment qu'il n'envisageait pas cette décision. La probable chute de François Bayrou sur un vote de confiance le 8 septembre prochain change-t-elle cette perspective?

Et si? Et si Emmanuel Macron décidait une nouvelle fois de dissoudre l'Assemblée nationale, plus d'un an après avoir pris de court la France en utilisant ce pouvoir constitutionnel au soir des élections européennes?

La question se pose ce mardi 26 août, au lendemain de la conférence de presse de François Bayrou sur le budget et la dette.

En annonçant à cette occasion qu'il solliciterait un vote de confiance le 8 septembre à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a, de fait, ouvert la porte à son départ et donc à de nouveaux soubresauts institutionnels pour un exécutif déjà largement fragilisé.

D'autant plus que les différentes oppositions, dont il ne peut se passer, faute de détenir une majorité absolue, lui promettent déjà un vote contre lors de ce scrutin. De là à imaginer une dissolution, réclamée l'extrême droite, il y a un pas loin d'être franchi - pour l'instant.

Emmanuel Macron "ne se privera pas a priori d'un pouvoir constitutionnel"

Mardi dernier, Emmanuel Macron a dit ne pas envisager ce scénario dans un entretien à Paris Match. Une position inchangée à ce stade. "Mais il ne se privera pas a priori d'un pouvoir constitutionnel", assure encore ce mardi l'entourage du président à BFMTV.

Certains dans son camp ne l'écartent pas totalement, y compris François Bayrou, qui s'est entretenu avec lui jeudi dernier.

"Le président ne la souhaite pas, mais en tout état de cause la dissolution reste une hypothèse", a-t-il indiqué aux représentants du socle commun ce mardi matin à Matignon. Invité par TF1, Gérald Darmanin, qui avait plaidé pour une telle décision en 2024, a également expliqué:

"La dissolution coûte cher à la France bien sûr, mais il ne faut pas écarter cette hypothèse."

Un scénario improbable?

"Si monsieur Bayrou est renversé, c’est une cause, une justification d’une dissolution, c’est la logique du système parlementaire. Mais encore faut-il que le président de la République ait envie de le faire", avance le constitutionnaliste Didier Maus. "Il n'a pas d'obligations (sur le plan constitutionnel, NDLR)."

Prendre une telle décision "semble être un peu compliqué", selon sa confrère Anne-Charlène Bezzina, elle aussi spécialiste du droit constitutionnel et invitée de BFMTV ce mardi matin.

"La dissolution (entraînerait) à nouveau une élection législative à quelques semaines des élections municipales (prévues en mars 2025). On se dit: quelle clarification va-t-on obtenir sans gouvernement, sans budget, sans Assemblée nationale?", a-t-elle déclaré.

Quelle Assemblée en cas de législatives anticipées?

Par ailleurs, rien ne dit qu'Emmanuel Macron a vraiment intérêt à dissoudre sur le plan politique, tant cela pourrait déboucher sur une nouvelle défaite de son camp et une Assemblée similaire à celle issue des législatives de 2024.

"On est dans des scénarios impossibles. Personne ne croit que La France Insoumise et ses amis obtiendraient une majorité. Par ailleurs, est-ce que le Rassemblement national serait suffisamment puissant pour devenir un parti vraiment dominant? Personne ne peut le dire non plus", souligne Didier Maus.

Un propos appuyé par un sondage Elabe pour BFMTV, réalisé en juin dernier. Celui-ci donnait les intentions de votes suivantes pour un premier tour d'élections législatives: 32,5% pour le Rassemblement national et son allié Éric Ciotti; 21% pour une gauche à nouveau unie; 15,5% pour le camp présidentiel et 10% pour le parti Les Républicains.

En 2024, l'extrême droite avait obtenu un score similaire au premier tour, avant d'échouer à obtenir une majorité absolue en raison d'un front républicain face à elle.

Baptiste Farge