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Discours d'Emmanuel Macron, chanson de Julien Clerc... Les temps forts de la panthéonisation de Robert Badinter

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L'entrée du cercueil de Robert Badinter au Panthéon ce jeudi a été marquée par de nombreuses prises de parole, dont celle d'Emmanuel Macron qui a salué ses "combats qui traversent les siècles".

Le cercueil de Robert Badinter, dépourvu de la dépouille de l'ex-ministre de la Justice, a fait son entrée au Panthéon ce jeudi 9 octobre, date anniversaire de la loi abolissant la peine de mort. Une cérémonie de plus d'une heure à laquelle ont assisté plusieurs personnalités politiques, dont Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu, ainsi que sa veuve Élisabeth Badinter.

Un an et demi après sa mort, Robert Badinter est la septième personnalité à entrer au Panthéon, depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017, après le couple Manouchian, Joséphine Baker, Maurice Genevoix et le couple Veil.

• Emmanuel Macron salue son Premier ministre démissionnaire

Le président français, vers qui tous les regards sont tournés en pleine crise politique, est arrivé au côté de son épouse Brigitte Macron.

Le chef de l'État a salué le Premier ministre Sébastien Lecornu sur la place du Panthéon. Les deux hommes ont échangé un bref instant.

• Guillaume Gallienne lit un texte de Victor Hugo

La première prise de parole de cette cérémonie a été celle de l'acteur et scénariste Guillaume Gallienne. Ce dernier a lu un discours de Victor Hugo de 1848 sur la peine de mort.

"Qu'est-ce que la peine de mort? Le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine", a lu l'acteur.

"Vous ne l'abolirez pas peut-être aujourd'hui, mais n'en doutez pas vous l'abolirez. Ou vos successeurs l'aboliront demain", a poursuivi Guillaume Gallienne.

• Un discours de Robert Badinter interprété par Sandrine Bonnaire

L'actrice Sandrine Bonnaire a lu la déclaration de Robert Badinter lors du procès contre le négationniste Robert Faurisson. L'ancien garde des Sceaux avait qualifié ce dernier de "faussaire de l'histoire". Robert Faurisson avait alors attaqué Robert Badinter en diffamation, mais avait été débouté par la justice. La prise de parole de Sandrine Bonnaire a été applaudie par la foule réunie sur la rue Soufflot.

C'est ensuite l'acteur et metteur en scène Éric Ruf qui a lu un extrait de "L'Éxécution" de Robert Badinter, un livre paru en 1973. L'ouvrage est consacré au procès de Claude Buffet et Robert Bontems, tous les deux guillotinés. Un manifeste pour l'ancien ministre de la Justice sur son combat pour l'abolition de la peine de mort, qui interviendra un peu moins de 10 ans plus tard.

• Le travail de Robert Badinter rappelé par l'acteur Philippe Torreton

Le cercueil de Robert Badinter a remonté la rue menant au Panthéon, l'occasion de revenir sur les différentes étapes de la vie de l'ex-garde des Sceaux via un récit interprété par l'acteur Philippe Torreton. Ce dernier a rappelé les engagements de Robert Badinter dans le gouvernement de François Mitterand.

Son combat pour l'abolition de la peine de mort évidemment, mais aussi la fin des juridictions d'exception, la suppression du délit d'homosexualité ou encore l'inscription de la France dans la convention européenne des Droits de l'Homme.

L'ancien avocat et ministre de la Justice français, Robert Badinter, est intronisé au mausolée du Panthéon lors d'une cérémonie solennelle présidée par le président français le 9 octobre 2025.
L'ancien avocat et ministre de la Justice français, Robert Badinter, est intronisé au mausolée du Panthéon lors d'une cérémonie solennelle présidée par le président français le 9 octobre 2025. © STEPHANIE LECOCQ

• Julien Clerc interprète L'assassin assassiné

Sur le perron du Panthéon, le chanteur Julien Clerc a interprété "L'assassin assassiné", une chanson sur la peine de mort, sortie en 1980. "Protège sa mort des regards. Et puis ensuite, ça va très vite. Le temps que l'on vous décapite", a chanté l'artiste. Plusieurs avocats ont aussi pris la parole devant le monument parisien.

"À notre tour, nous prenons le relais pour défendre ce que vous avez incarné", a clamé Thibault Bailly, avocat et Premier secrétaire de la conférence du Barreau.

• L'entrée du cercueil dans le Panthéon

Après avoir remonté la rue Soufflot, le cercueil de Robert Badinter est entré dans le Panthéon sous les applaudissements de la foule. Dans le même temps, la chanteuse lyrique Catherine Trottman a interprété "Lascia ch'io pianga", de Georg Friedrich Haendel.

• Emmanuel Macron salue sa "voix forte"

"Les morts ici aussi nous écoutent". Voilà comment Emmanuel Macron a débuté sa prise de parole, saluant la "voix singulière et forte" de Robert Badinter, "porteuse des idéaux de la France et de la République".

"Robert Badinter entre au Panthéon avec les lumières et l’esprit de 1789 [...] avec les principes de l’État de droit, une certaine idée de l'homme inséparable de l’idéal républicain", a-il déclaré.

Le chef de l'État a évoqué ses "combats qui traversent les siècles", citant "l'abolition universelle de la peine de mort, la lutte contre le poison antisémite et la lutte pour la défense de l'État de droit". Emmanuel Macron a promis de continuer à "porter" son combat contre la peine de mort "jusqu'à l'abolition universelle".

Le président s'est attardé sur le combat de Robert Badinter contre l'antisémitisme, alors qu'"à nouveau la haine des Juifs tue". Une référence à l'augmentation du nombre d'actes antisémites en France depuis les attaques du 7-Octobre menées par le Hamas en Israël.

• Un "mapping" sur la façade du Panthéon sur les grandes étapes de sa vie

Au terme du discours d'Emmanuel Macron, un "mapping" a été projeté sur la façade du Panthéon, retraçant la vie de Robert Badinter. La place de sa grand-mère dans son éducation, la rafle de son père par la Gestapo à Lyon, sa carrière d'avocat, puis sa nomination au ministère de la Justice ont été évoquées à travers la voix de la comédienne Elissa Alloula.

"La vie est plus forte que la mort", des mots prononcés par Robert Badinter, ont conclu l'hommage à l'ex-garde des Sceaux.

L'historien et résistant Marc Bloch sera la prochaine personnalité à entrer au Panthéon en juin prochain, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944.

Matthieu Heyman