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"L'Assassin assassiné": l'histoire de la chanson que Julien Clerc va interpréter lors de la panthéonisation de Robert Badinter

Julien Clerc sur scène en avril 2017

Julien Clerc sur scène en avril 2017 - Guillaume Souvant - AFP

Julien Clerc interprète ce jeudi, lors de la panthéonisation de Robert Badinter, une chanson contre la peine de mort, qu'il a écrite en 1980, après avoir assisté à une plaidoirie marquante de l'avocat.

Robert Badinter, inlassable artisan de l'abolition de la peine de mort entre ce jeudi au Panthéon. Parmi les moments forts de cette cérémonie, Julien Clerc va interpréter une chanson intitulée L'assassin assassiné, qu'il a composée en 1980, un an avant l'abolition de la peine de mort en France, sur des paroles de Jean-Loup Dabadie.

L'histoire de cette chanson débute en 1978, sous la plume de Julien Clerc et de Jean-Loup Dabadie. C'est la ténacité du journaliste et romancier qui décide Julien Clerc à la sortir.

"Nous l’avons écrite ensemble en 1978 avec Jean-Loup Dabadie, évoque ainsi Julien Clerc dans la Tribune Dimanche. Pour être honnête, une fois la chanson terminée, je l’ai mise dans un tiroir. Le climat était très tendu à l’époque, et j’avais parfois ce réflexe de me dire: ' Mais de quoi tu te mêles?' Jean-Loup était triste que je ne la chante pas. Puis, peu après, en janvier 1979, il y a eu une émission qui lui était consacrée sur FR3. Il m’a dit: ' En tant qu’ami, viens chanter cette chanson.' Je ne pouvais pas refuser. J’y suis allé, et le standard de la chaîne a littéralement explosé sous les appels." L'assassin assassiné figure sur l'album Sans entracte, sorti en octobre 1980, un an avant l'abolition de la peine de mort.

"Un homme coupé en deux ne sert à rien"

Puis en mars 1980, Julien Clerc assiste à Toulouse au procès d'un homme, accusé du meurtre d'une jeune collègue de travail dans le Tarn.

"Il s’appelait Norbert Garceau et avait étranglé une jeune collègue sur le chemin du travail", raconte Julien Clerc au Parisien.

Robert Badinter, qui défend Norbert Garceau, aux côtés de l'avocat Georges Catala, livre une plaidoirie "impressionnante", selon le chanteur.

"Je me souviens d'une phrase qu'il (Robert Badinter) avait employée", évoquait en 2024, l'avocat Simon Cohen au micro de France Bleu Toulouse. "Il avait dit 'un homme coupé en deux ne sert à rien'. C'était tellement saisissant qu'il était inutile d'en dire davantage". L'avocat évite à son client la guillotine. L'homme est condamné à la perpétuité.

Julien Clerc partage le trajet du retour entre Toulouse et Paris avec Robert Badinter, sorti du tribunal par un escalier de service pour échapper à la vindicte populaire. Le chanteur et l'avocat prennent le train de nuit.

"Nous avons longuement parlé. (...) Badinter m’avait dit: 'Il faut abolir la peine de mort. La tension est trop forte, un jour il y aura un accident'", livre-t-il à La Tribune Dimanche.

"Votre chanson a fait bien plus que 20 conférences et 30 discours", lui écrira Robert Badinter. "C’est une chanson manifeste! Cela me touche beaucoup que l’Élysée me demande de la chanter", conclut Julien Clerc.

Magali Rangin